Traduit de l'italien et préfacé par Jean-Christophe Weber
Le verbe ‘Avoir’ est au cœur de notre langage. Nous disons continuellement que les êtres humains ont des pensées, des désirs, des douleurs, des expériences, des biens ou encore qu’ils ont peur ou faim ou soif. Qu’entendons-nous par là ? Quelles implications se cachent derrière ces phrases si familières ? En suivant les aventures de l’avoir, Paolo Virno nous entraîne dans un voyage dense et suggestif à l’intérieur de la nature du langage, à travers laquelle transparaît celle de l’humain. Celui qui a quelque chose ne se confond jamais avec la chose qu’il a. Et si nous avons la chose c’est parce que nous ne sommes pas cette chose-là. L’animal parlant ne coïncide pas avec l’ensemble des facultés, dispositions et expériences qu’il a et qui pourtant le distingue des autres êtres vivants. Cet écart, ce détachement, cette distance entre ce que l’on a et ce que l’on est nous fait réfléchir sur nous-mêmes, sur ce que nous pensons et ce que nous faisons et dont nous avons conscience. Mais c’est aussi par là que nous sommes libres d’abandonner ce dans quoi nous ne nous reconnaissons plus, et de désirer ce que nous n’avons pas encore : un ami intime, une vie plus gratifiante, une communauté à laquelle on appartient.
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Paolo Virno enseigne la philosophie du langage à l’Université Rome 3. Il est l’auteur d’une œuvre rigoureuse où la philosophie du langage s’imbrique dans une pensée du monde et de l’animal parlant qui l’habite. Outre ses récents écrits sur la négation (Essai sur la négation, 2016) ou sur la régression à l’infini (Et ainsi de suite, 2014), un ensemble de ses textes écrits sur près de 40 années a été rassemblé sous le titre L’Usage de la vie et autres sujets d’inquiétude, aux Éditions de l’éclat en 2016.
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