éditos
Michel Leiris triple la mise

Son nom figure brille au fronton de la littérature à la première personne, et sur les étagères de nos bibliothèques, mais le lit-on encore et le fait-on toujours lire ? Trente ans après sa disparition, les éditions Gallimard remettent Michel Leiris triplement à l'honneur en publiant dans "Les Cahiers de la NRF" sa Correspondance (1923-1977) avec Marcel Jouhandeau, établie par D. Hollier et L. Yvert, mais aussi, dans la collection "Quarto", une nouvelle édition revue et augmentée de son immense Journal (1922-1989) par J. Jamin, et en réunissant sous coffret les quatre indispensables volumes de La Règle du jeu parus dans la collection "L'Imaginaire", où se cherche et se définit un art poétique et un code de savoir-vivre "fondus en un unique système" au sein duquel "l'usage littéraire de la parole n'est qu'un moyen d'affûter la conscience pour être plus — et mieux — vivant."
Irréductible Baudelaire

La collection GF-Flammarion offre une nouvelle édition des Paradis artificiels de Baudelaire, procurée par Aurélia Cervoni et Andrea Schellino. Objet hybride, cette petite philosophie des effets du haschich tient à la fois de la traduction, de l’essai, du conte et du poème, puisqu'elle traduit, en les éclairant d’une lueur tragique, les Confessions d’un mangeur d’opium anglais de Thomas De Quincey, publiées quarante ans plus tôt (1820), en offrant une méditation sur la volonté et l’imagination, et la puissance rédemptrice de l’art. La GF réimprime dans le même temps les essais esthétiques de Baudelaire: L'art romantique. Littérature et musique (éd. L.J. Austin) et Au-delà du romantisme. Écrits sur l’art (éd. C. Schopp). La collection "Champs" réédite pour sa part l'essai d'Antoine Compagnon, Irréductible Baudelaire, portrait d'un poète à la fois moderne et antimoderne.
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La livraison de janvier d'Acta fabula rend compte de son côté de plusieurs essais récents consacrés à Baudelaire : Baudelaire et la sacralité de la poésie de John E. Jackson (par D. Galand), et Baudelaire et la vérité poétique de Régine Foloppe (par E. Merlevede).
La visite au musée

Salle d’archéologie égyptienne transformée en scène de crime, épisodes romanesques dans un centre d’art contemporain, fantasmes de nuit passée au milieu de tableaux célèbres… nombre d'écrivains situent leurs intrigues au musée. Mais que nous en disent-ils vraiment ? Musée mausolée, élitiste, fruit de la colonisation, collections fétichisées ou expositions à la solde du marché de l’art ? Réunie par Serge Chaumier et Isabelle Roussel-Gillet sous le titre Le Goût du musée (Mercure de France), une anthologie nous introduit dans un musée des musées littéraires, sur les pas de Proust, Toussaint, Forest, Perec, Sarraute, et bien d'autres…
L'Atelier de théorie littéraire accueille un essai inédit d'Isabelle Roussel-Gillet qui vient donner une manière de postface à cette anthologie : "Le (dé)goût du musée ? Un florilège littéraire", par Isabelle Roussel-Gillet.
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Sous le titre "Muséographies. Le goût muséal des écrivains. Entretien avec Isabelle Roussel-Gillet", on pourra lire encore l'entretien accordé par la même auteure à David Martens sur le site litteraturesmodedemploi.org, qui offre aussi une série d'enquêtes sur l'expographie de la littérature, un espace studio, avec des captations de rencontres, où figurent notamment les vidéos d'une journée d'études tenue à Arras en octobre 2020 sur les "Lieux et hors-lieux du littéraire".
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Rappelons encore la récente parution du volume Délivrer le temps. Écrire le musée (XIXe-XXIe siècles), par les soins de Martine Créac'h, Juan Manuel Ibeas-Altamira et Lydia Vasquez, dont Fabula donnait à lire il y a peu l'introduction du volume…. Et plus haut dans le temps (2015), la livraison d'Interférences littéraires/Literaire interferenties intitulée "Ce que le musée fait à la littérature. Muséalisation et exposition du littéraire", sous la direction de Marie-Clémence Régnier.
Les bibliothèques invisibles

Une page se tourne. Une semaine après la leçon de clôture qu'Antoine Compagnon a donnée au Collège de France, William Marx commence son deuxième cours le mardi 19 janvier sur ces bibliothèques invisibles qui hantent tout lecteur, ces livres perdus ou oubliés, ces œuvres fantasmées, ces mondes parallèles qui approfondissent et donnent tout leur relief aux bibliothèques bien visibles qui nous entourent. Le cours et le séminaire qui l'accompagnera chaque semaine jusqu'au mois d'avril 2021 seront ainsi l'occasion de s'intéresser à des littératures autres, à des livres qui se trouveraient dans d'autres bibliothèques, d'autres étagères et selon d'autres canons. Autant de possibles et de questions qui prolongeront le cours sur la bibliothèque des étoiles nouvelles, donné l'an dernier.
(Illustration ©Jean-François Rauzier)
La Grèce hors d'elle-même

Nicole Loraux n’a pas cessé de "trouver dans la Grèce (et en abondance) de quoi la faire sortir d’elle-même", en multipliant les pôles de comparaisons, tout comme les va-et-vient entre les champs disciplinaires les plus divers (philosophie, psychanalyse, ethnologie, philologie). Sous le titre de l'un de ses articles, La Grèce hors d'elle et autres textes, un recueil établi par M. Cohen-Halimi et préfacé par J.-M. Rey recueille cinquante-six articles écrits par Nicole Loraux entre 1973 et 2003, en donnant à méditer un parcours intellectuel, de l’analyse obstinée du discours que la cité athénienne a construit à son propre sujet, à l’éclairage du conflit (stasis) constitutif de la démocratie. Fabula vous invite à découvrir un extrait de l'ouvrage…
Des essais en archipel

Après le collectif Faire littérature. Usages et pratiques du littéraire (XIXe-XXIe siècles), dont on peut lire l'introduction dans l'Atelier de théorie littéraire et un compte rendu dans Acta fabula, la collection Archipel Essais éditée par l'Université de Lausanne fait paraître deux nouveaux titres : À chœur perdu. Les traces du chœur antique dans la tragédie française du XVIIe siècle de Josefa Terribilini, qui se propose de mettre au jour, à partir des récritures d’Antigone et d’Iphigénie par Jean de Rotrou et par Jean Racine, les traces du chœur antique dans la tragédie française du XVIIe siècle. Et Cohabiter la fiction. Lecture ordinaire, univers de croyances et interprétation des mondes littéraires d'Aurélien Maignant, qui montre qu'aucun discours porté sur une fiction ne peut s’empêcher de proposer une version alternative du monde raconté, version à laquelle il fait semblant de croire, en se situant discursivement dans une position comparable à celle des personnages — en cohabitant donc la fiction. L'Atelier de théorie littéraire accueille un extrait de chacun des ouvrages : "Le chœur est mort, vive le personnage" et "Lectures ordinaires et naïvetés savantes". Fabula vous invite aussi à découvrir les postfaces des deux volumes : "La tragédie désaccordée", par Lise Michel, et "Vivre au milieu des livres", par Marc Escola.
« Quindecim annos, grande mortalis aevi spatium »

Après quinze années passées au Collège de France à la chaire de "Littérature française moderne et contemporaine : histoire, critique et théorie", Antoine Compagnon a donné sa leçon de clôture mardi 12 janvier à 17h45, sous un intitulé emprunté à Tacite: "Quindecim annos, grande mortalis aevi spatium" — c'est un long intervalle que quinze ans dans la vie d'un mortel. Cette conférence, prononcée à huis clos mais diffusée en direct, reste accessible sur le site Internet du Collège de France. Les liens entre Fabula et Antoine Compagnon sont forts, anciens et nombreux ; il a su accompagner le développement du site à des moments importants. Nous lui en sommes reconnaissants. Lui qui prétendait "jouer la littérature à la hausse" dans sa leçon inaugurale, "La littérature pour quoi faire ?", n'a cessé de la servir. Et le fera encore.
Le visage de l'Amérique

Anthony Mangeon fait paraître un portrait de Martin Luther King (Cerf, 2020) qui s'éloigne des hagiographies habituelles. S’appuyant sur de nombreux textes encore inédits en France, il retrace l’itinéraire intellectuel, spirituel et politique du pasteur noir américain — un parcours où l’étudiant plagiaire cède la place à un orateur et un stratège politique hors pair ; où le mari infidèle s’efface derrière l’infatigable militant ; où l’interlocuteur privilégié des puissants dialogue passionnément avec les plus humbles et les plus démunis. Un portrait contrasté, "pour découvrir le vrai visage de Martin Luther King Jr., et peut-être le vrai visage de l’Amérique". C. Le Quellec Cottier en propose un compte rendu dans la livraison de janvier de notre revue des parutions Acta fabula : "Questionner un destin et son au-delà".
(Illustr.: Martin Luther King dans la marche de Selma, © Bruce Davidson/Magnum Photos).
Le Parfum des îles Borromées

Élaboré au sein de l'Université de Lausanne par R. Maher et J. Zufferey, le site Variance – destiné à l’édition, à la comparaison et au commentaire des œuvres éditées en plusieurs versions – accueille un nouveau titre dans son catalogue : Le Parfum des îles Borromées de René Boylesve, publié dans ses cinq versions par Élodie Dufour. L'examen de "génétique post-éditoriale" vient révéler comment, sous l’impulsion du critique Louis Ganderax, Boylesve a réécrit le texte imprimé durant dix longues années, au terme desquelles le roman, réduit de moitié, abandonne le style « fin-de-siècle » pour adopter une tenue toutes classique.
Nathalie reste à l'école

Nathalie Quintane est-elle jamais sortie de l'école ? Il lui fallait faire les comptes : ""34 ans… non… si je compte la fac, 5 ans de plus… et le secondaire, 7 ans… et l’école, 5 ans… et la maternelle : + 2… 53 ans que, élève, étudiante, enseignante, je suis dans l’Éducation nationale. De la disparition de l’estrade à l’arrivée du numérique, des concours aux cantines, des mutations insidieuses aux réformes à marche forcée, ce livre tente une traversée de l’institution — sans se retenir d’en rire, et en tâchant de ne pas trop en pleurer." Fabula vous invite à découvrir un extrait de Un hamster à l'école… (La Fabrique éd.), mais aussi à rester dans la classe de Nathalie pour décaper avec elle trois auteurs canoniques, Ultra-Proust. Une lecture de Proust, Baudelaire et Nerval (La Fabrique, 2018).
Littérature et caricature

Depuis une vingtaine d’années, les relations entre la littérature et les « imageries » du XIXe siècle, pour reprendre le terme de Philippe Hamon, ont été beaucoup étudiées. En choisissant comme objet les relations entre littérature et caricature, la journée d'études tenue à la Maison de la Recherche de Sorbonne Université en février 2020 se proposait d’étudier plus particulièrement la manière dont l’image caricaturale, avec la puissance de vérité et d’expressivité que lui reconnaissent les écrivains du XIXe siècle dès son apparition dans la presse, constitue pour la littérature un nouveau modèle de représentation du monde, à imiter ou à dépasser. Les Colloques en ligne de Fabula accueillent aujourd'hui les actes de cette journée, réunis par Amélie de Chaisemartin et Ségolène Le Men.
Des essais en archipel

Après le collectif Faire littérature. Usages et pratiques du littéraire (XIXe-XXIe siècles), dont on peut lire l'introduction dans l'Atelier de théorie littéraire et un compte rendu dans Acta fabula, la collection Archipel Essais éditée par l'Université de Lausanne fait paraître deux nouveaux titres : À chœur perdu. Les traces du chœur antique dans la tragédie française du XVIIe siècle de Josefa Terribilini, qui se propose de mettre au jour, à partir des récritures d’Antigone et d’Iphigénie par Jean de Rotrou et par Jean Racine, les traces du chœur antique dans la tragédie française du XVIIe siècle. Et Cohabiter la fiction. Lecture ordinaire, univers de croyances et interprétation des mondes littéraires d'Aurélien Maignant, qui montre qu'aucun discours porté sur une fiction ne peut s’empêcher de proposer une version alternative du monde raconté, version à laquelle il fait semblant de croire, en se situant discursivement dans une position comparable à celle des personnages — en cohabitant donc la fiction. L'Atelier de théorie littéraire accueille un extrait de chacun des ouvrages : "Le chœur est mort, vive le personnage" et "Lectures ordinaires et naïvetés savantes". Fabula vous invite aussi à découvrir les postfaces des deux volumes : "La tragédie désaccordée", par Lise Michel, et "Vivre au milieu des livres", par Marc Escola.
L'âge critique

Il y a eu la Nouvelle Vague. Mais avant elle, il y avait eu le tsunami critique qui l’annonçait et sur lequel elle a surfé. Rohmer, Rivette, Truffaut ont manié le stylo avant la caméra. Avec verve, vigueur et ce qu’on pourrait appeler une rigueur capricante, ils ont excellé dans les exercices d’admiration, comme dans l’art d’administrer des corrections rarement fraternelles. Escarmouches, coups d’éclat : l’assaut est mené tambour battant contre le cinéma de papa ; et c’est dans cette brèche que, devenus cinéastes, ils s’engouffreront. Il fallait être trois pour évoquer les trois mousquetaires de la nouvelle vague : à l'initiative de M. Cerisuelo, A. de Baecque et D. Zabunyan, la nouvelle livraison de la revue Critique nous redonne à lire les écrits de Rohmer, Rivette et Truffaut, sous le beau titre de L'âge critique.
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Sous le titre Autour de Critique 1946-1962, S. Patron fait paraître de son côté les actes de la première session du colloque "La revue Critique : passions, passages" qui s’est tenu au Centre culturel international de Cerisy-la-Salle et à l’IMEC du 14 au 21 juin 2019. Il concerne la première époque de Critique, revue générale des publications françaises et étrangères, fondée en 1946 par Georges Bataille.
Traduire / Celan

Que nous vivions aujourd’hui à l’âge de la traduction veut dire ceci : la traduction n'est pas la petite sœur de l’écriture, elle en est la jumelle, son miroir, peut-être même quelque chose comme son creusement. Le comprendre, c’est comprendre autrement la littérature, le poème et leurs enjeux théoriques, politiques et éthiques. C’est toute la force du récent livre de Tiphaine Samoyault (Traduction et violence, Seuil, 2020) de nous inviter à prendre la mesure de ce changement de paradigme. La récente livraison que la revue Po&sie consacre à la traduction, à l'initiative de M. Deguy, C. Mouchard et M. Rueff, et qui s'ouvre par un entretien avec T. Samoyault, mêle la théorie et la pratique au fil de trois sections : des textes théoriques qui comprennent des passages à la pratique, des traductions ou des retraductions accompagnées de notules théoriques, des traductions ou des retraductions sans commentaire. Qu’un numéro consacré à la traduction s’achève sur un hommage à Paul Celan ne tient pas aux seules circonstances (mort il y a cinquante ans, Celan aurait eu 100 ans en 2020) : Celan n’est pas un poète qui traduit, c’est un poète-traducteur.
La couleur des choses

Les couleurs existent-elles dans les choses ou n’ont-elles de réalité que dans notre regard ? Sont-elles matière ou idée ? Entretiennent-elles les unes avec les autres des rapports nécessaires ou sont-elles seulement connues de manière empirique ? Y a-t-il une logique de notre monde chromatique ? Dans De la couleur (Folio essais), Claude Romano retraverse certaines étapes décisives de la réflexion sur ces problèmes (de Descartes à Newton, de Goethe à Wittgenstein, de Schopenhauer à Merleau-Ponty), pour développer une conception réaliste qui replace le phénomène de la couleur dans le monde de la vie et le conçoit comme mettant en jeu notre rapport à l’être en totalité : perceptif, émotionnel et esthétique. Fabula vous invite à feuilleter l'ouvrage…
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En septembre dernier, le philosophe avait fait paraître un essai, déjà salué par Fabula : La Liberté intérieure. Une esquisse (Hermann), où il défendait une conception originale de l’autonomie, en étayant son propos par l’analyse d’un exemple littéraire, la décision finale de la Princesse de Clèves. On peut lire sur Fabula l'introduction de l'ouvrage, qui faisait suite à un précédent livre consacré à l'idée de "l'existence en vérité", à partir d'une réflexion sur ce moment de l'Odyssée où le plus ancien poème de la culture occidentale, met en scène la métamorphose qui change Ulysse en lui-même sous les yeux dessillés de ceux qui échouaient jusque-là à le reconnaître : Être soi-même. Une autre histoire de la philosophie (Folio essais). En amont encore, Claude Romano nous invitait à repenser à nouveaux frais la méthode phénoménologique en la mettant en dialogue avec d’autres courants de la philosophie contemporaine, et notamment la philosophie analytique, dans un livre plus technique : Les repères éblouissants. Renouveler la phénoménologie (PUF).
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Et si une œuvre philosophique majeure s'édifiait ainsi sous nos yeux ? C'est la question que posait l'une des dernières livraisons de la revue Critique, sous le titre "Claude Romano. Un phénoménologue au cœur du réel".
Les recettes du succès

Rien n’est plus mystérieux et objet de plus de convoitise qu’un best-seller. Certains livres sont conçus en fonction de recettes menant automatiquement au succès. D’autres, issus du même moule, passent complètement inaperçus – tandis que certains ouvrages réputés difficiles reçoivent parfois un accueil enthousiaste du public. Quel point commun peut-on trouver entre le Capital et Harry Potter, Le Petit Prince et Belle du Seigneur ? Existe-t-il un secret, une technique, permettant de transformer n’importe quel manuscrit en n° 1 des ventes ? Quelle part revient à l’auteur dans cette réussite ? à l’éditeur ? aux lecteurs ? Finalement, depuis le XIXe siècle, que nous disent les best-sellers ? Dans Best-sellers. L'industrie du succès (Armand Colin), O. Bessard-Banquy, S. Ducas et A. Gefen ont réuni une pléiade de spécialistes de la littérature et des métiers du livre pour se pencher sur ces livres exceptionnels, souvent traités avec mépris. Fabula donne à lire le texte de présentation du volume…
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Acta fabula propose par ailleurs le compte rendu par C. Cosker du récent livre de J. Meizoz, Faire l’auteur en régime néo-libéral. Rudiments de marketing littéraire (Slatkine): "Quand le nom d’auteur se fait marque", pendant que la revue COnTEXTES s'attache aux "Logiques de la commande (XXe-XXIe siècles)".
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Mais il y a eu des best-sellers en amont du XIXe. s.: "Les recettes du succès : stérétypes compositionnels et littérarité au XVIIe siècle" sont au centre d'une prochaine journée d'études, le 15 janvier prochain (Rouen en ligne).
Le XVIe siècle du XIXe (et celui du XVIIIe)

Et s'il avait fallu inventer le XVIe siècle ? La Renaissance a eu besoin de renaître, et ce sont sans doute les écrivains, artistes et historiens du XIXe siècle qui l'ont façonnée. Dans Le XIXe siècle, lecteur du XVIe siècle (Classiques Garnier), les spécialistes réunis par Jean-Charles Monferran et Hélène Védrine documentent cette relecture esthétique et politique du XVIe siècle. Fabula donne à lire l'introduction de l'ouvrage…
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Mais qu'en fut-il un peu avant ? Quel était donc le XVIe siècle de Montesquieu, Rousseau ou Diderot ? M. Méricam-Bourdet, C. Volpilhac-Auger font paraître de leur côté La Fabrique du XVIe siècle au temps des Lumières (Classiques Garnier encore), dont Laurent Angard propose un compte rendu dans la livraison de janvier d'Acta fabula.
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Sur le site de l’IReMus (Institut de recherche en Musicologie), on peut aussi lire le XVIe avec les oreilles du XIXe, en écoutant "Les premières romances françaises du XIXe siècle sur des poèmes du XVIe siècle".
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(Illustr.: Albert Robida, illustration pour Le Tiers Livre de Rabelais (1859), où Panurge, arborant les bésicles qui témoignent de son désir de savoir comme de son inquiétude, se voit transformé en un gentleman fin-de-siècle).
Dans l'Atelier

L'Atelier de théorie littéraire ouvre avec la nouvelle année de nouveaux chantiers : après s'être interrogé sur nos mémoires de lecteurs et les paradoxes de la relecture ("Peut-on trahier les livres que l'on a aimés ?"), Marc Escola s'arrête sur "L'heure luxueuse du loisir romanesque" en réunissant une anthologie de textes méditant la phrase attribuée par Breton à Valéry pour dénoncer l'arbitraire du romancier : "La marquise sortit à cinq heures". Dans un essai inédit en français, Alexandre Gefen revient sur 'Le tournant empiriques des études littéraires", et Alain Trouvé dialogue avec les thèses de François Rastier sur le témoignage : "Du témoignage littéraire au roman historique: régimes de fiction et relation littéraire". L'Atelier redonne à lire encore la préface elle-même historique donnée par René Démoris pour l'édition des Mémoires de Casanova dans la collection GF-Flammarion en 1977 : "L'invention de Casanova".
21 penseurs pour 2021

L'équipe de Philosophie magazine a sélectionné dans la presse internationales ce qui lui est apparu comme les meilleurs essais de l'année : sous le titre 21 penseurs pour 2021, on lira des leçons sur le coronavirus avec Hartmut Rosa et Peter Singer, aux mouvements antiracistes et contre les violences policières avec Eva Illouz et Nadia Yala Kisukidi, en passant Harry Potter et la "cancel culture". Ce best of des idées 2020 donne la voix aux grands penseurs comme Pankaj Mishra, Martha Nussbaum et Michael Walzer, mais aussi aux jeunes générations comme Paul Sebillotte ou Helen Lewis et à des intellectuels du monde entier comme Judith Butler, Jared Diamond et Amartya Sen…
Une page blanche pour 2021

L'équipe Fabula vous invite à glisser une page blanche entre les deux rouleaux, et à faire la preuve tout au long de l'année 2021 que le Corona n'a jamais empêché personne d'écrire.
(Illustr.: machine à écrire portable Corona, ca. 1921, Musée des arts et métiers, Paris)