Acta fabula
ISSN 2115-8037

2010
Avril 2010 (volume 11, numéro 4)
Anne Bourse

Nouvelles considérations intempestives sur Walter Benjamin

Antonia Birnbaum, Bonheur Justice Walter Benjamin. Le détour grec, Paris : Payot & Rivages, coll. « Critique de la politique », 2009, 236 p., EAN 9782228903943.

« Car je ne sais pas quel sens la philologie aurait aujourd’hui, si elle n’agissait pas d’une manière intempestive sur notre temps – c’est-à-dire contre le temps, et, par-là, sur le temps et, je l’espère, en faveur d’un temps à venir. »

Nietzsche, deuxième Considération intempestive.

1Parmi les nombreux ouvrages récemment parus en France sur l’œuvre de Walter Benjamin, celui d’Antonia Birnbaum, philosophe et enseignante à l’Université de Paris 8, est à la fois l’un des plus exigeants et l’un des plus réjouissants. Non parce qu’il opposerait à la mélancolie d’une partie de la critique une vision consolatrice de la pensée de Benjamin. Bien au contraire. L’enthousiasme suscité par la lecture de Bonheur Justice tient au fait qu’il s’agit d’un livre qui « tranche », au sens clinique et épistémologique que Michel Foucault accordait à ce terme : « Le savoir n’est pas fait pour consoler : il déçoit, il inquiète, incise, blesse. [Il] atteint quelques-uns des postulats fondamentaux où d’une manière confuse, se forment nos vérités transitoires et se recueillent certains de nos rêves sans âge2. »

2Par la rigueur de sa pensée, la précision de son style et la finesse de ses analyses, le livre d’Antonia Birnbaum vient en effet troubler certains ordonnancements de la réception benjaminienne, qui tend parfois à dissocier la dimension esthétique des enjeux politiques, le « matérialisme anthropologique »3 de l’espérance messianique qu’entremêle l’œuvre dense, protéiforme et fondamentalement inachevée de Benjamin (« prendre au sérieux l’inachèvement » : ce dernier aspect intéresse tout particulièrement Antonia Birnbaum). S’appuyant sur la comparaison d’articles écrits par Benjamin entre les années 1916 et 19254 et de textes généralement plus connus, composés au cours de la décennie suivante5, ainsi que sur la lecture minutieuse de textes de Hölderlin (« Remarques sur Antigone »6), de Rang (« Théâtre et agôn »7), de Wilamowitz (Qu’est-ce qu’une tragédie attique ?8) et de Rosenzweig (L’Étoile de la Rédemption9), l’auteur entreprend de redécouper l’espace de la critique en faisant surgir un « bloc d’intuition philosophique » plus ou moins ignoré jusqu’alors : la révolte du héros tragique, à laquelle Benjamin consacre pourtant le chapitre central de l’Origine du drame baroque allemand (1925). Mais c’est plus précisément en explorant les affinités établies par Benjamin entre la tragédie grecque et le concept de justice qu’A. Birnbaum entend « décentrer » l’interprétation traditionnelle de l’œuvre benjaminienne et créer ainsi une nouvelle constellation philosophique qui nous permette d’affronter les difficultés les plus contemporaines :

Le déchiffrement de la temporalité tragique invite à repenser le rapport entre bonheur et justice dans les luttes de la modernité, à envisager les révoltes historiques des opprimés sous un jour nouveau […]. Le héros antique transmet à ses pairs modernes […] la décision subjective de refuser le malheur, le conflit collectif sur ce qui de l’existence au monde compte ou ne compte pas, un réagencement sensible de l’existence commune10.

3Afin d’assurer la pertinence de cet héroïsme de la justice pour notre présent, A. Birnbaum procède, dans une forme d’après-coup concerté, à un montage inédit de temporalité antique et de modernité11. À cet égard, Bonheur Justice témoigne non seulement d’une compréhension aiguë des problématiques benjaminiennes mais d’une remarquable fidélité à la méthode intempestive de Benjamin. Rappelons ce passage crucial de la Préface épistémo-critique où Benjamin, après avoir interrogé les conditions de possibilité d’une histoire de l’art, expose sa conception de l’origine (Ursprung)12. Historique plutôt que logique, symptômale plutôt qu’idéelle, discontinue et trouble plutôt qu’identifiable, celle-ci se distingue de la simple « genèse » (Entstehung). Elle n’est pas la source en amont d’où proviennent les « faits » mais un formidable « tourbillon dans le fleuve du devenir » (Ursprung steht im Fluss des Werdens als Strudel). Pour espérer en saisir quelque chose, le chercheur doit nécessairement soumettre sa réflexion à une « double optique » (Doppeleinsicht), c’est-à-dire à une dialectique sans synthèse, irrésolue et « inchoative » pour reprendre le terme d’A. Birnbaum. « Témoin de l’origine », cette dialectique infinie est aux yeux de Benjamin le seul moyen de « révèle[r], dans tout ce qui est essentiel, la détermination réciproque de l’unique et de la répétition », de la « pré- et de la post-histoire » (Vor- und Nachgeschichte), de la « restitution » d’un passé oublié (Wiederherstellung) et de « l’inachevé, toujours ouvert » (Unvollendetes, Unabgeschlossenes).

4Cette méthode de travail est explicitement revendiquée à la toute fin de Bonheur Justice. Dans une dernière secousse rétrospective, l’auteur nous révèle que le livre commence ici, au dixième chapitre : « en fait, ce livre est réellement écrit à l’envers13. » La vingtaine de pages qu’A. Birnbaum consacre à une relecture du célèbre article de 1933 Expérience et pauvreté fonctionne alors comme un modèle miniature du livre tout entier : pourquoi répéter « encore une fois » l’exercice du commentaire ? Comment écrire sur des textes aussi documentés que ceux de Benjamin ? Comment éviter de les noyer plus avant dans la masse d’interprétations qu’ils suscitent ? Comment arracher la vivante tradition benjaminienne au conformisme exégétique menaçant de la transformer en lave figée14 ?

5Face à une critique foisonnante et aux actuelles « figures du consensus » qui, selon A. Birnbaum, cherchent à réduire la pensée de Benjamin à une simple « théologie du temps »15, Bonheur Justice répond en adoptant la « nouvelle espèce de barbarie »16 défendue par Benjamin. Suite au constat de la catastrophe provoquée en Europe par la Première guerre mondiale, Benjamin préconisait non seulement d’en finir avec la plainte mais de convertir notre « pauvreté » de moyens en fondement de création et de connaissance, en faisant radicalement table rase des décombres (Trümmer) et des anciens modes de transmission de l’expérience (Erfahrung) :

Les [nouveaux barbares] doivent s’arranger comme ils peuvent, repartir sur un autre pied et avec peu de chose. Ceux-ci font tâche commune avec les hommes qui ont pris à tâche d’explorer des possibilités radicalement nouvelles, fondées sur le discernement et le renoncement. Dans leurs bâtiments, leurs tableaux et leurs récits, l’humanité s’apprête à survivre, s’il le faut, à la culture. Et surtout elle le fait en riant17.

6En réintroduisant dans l’urgence conflictuelle de notre présent la « césure excentrique », « surnuméraire » et « disjonctive » de la révolte tragique, A. Birnbaum fait de la reprise la modalité principale de son ouvrage. Inspiré de l’adage goethéen (« Tout se laisserait aisément arranger si on pouvait accomplir les choses deux fois18 »), ce geste philosophique associe le jeu et la « temporalité sauvage »19 de l’enfance à une pratique hétérochronique de la mémoire qui court-circuite tout mot d’ordre établi de même que tout sentiment de désolation :

Désormais, la tâche sera de nommer un tramage indifférent de la récollection où tout se mélange, où rien n’est encore joué, un pur commencement d’où la nostalgie est encore absente, et où tout doit s’essayer pour pouvoir se dire20.

7Lire Bonheur Justice impose alors de se soumettre à une double expérience : celle, immédiate et « barbare » du choc, que prolonge celle de l’intervalle temporel généré par le heurt. Rupture et passage, hiatus et transmission – on retrouve dans ce paradoxe toute l’esthétique benjaminienne de « l’image dialectique »21. Brillant exercice de « dialectique à l’arrêt », l’ouvrage d’A. Birnbaum fait constamment alterner la vivacité de l’éclat et le labeur « en-duré » de la relecture, la propagation « sans délai » de la révolte tragique jusqu’à nous et le nécessaire redoublement d’une lente traversée. La conclusion en martèle le précepte : « Qui veut connaître les discontinuités du temps doit renoncer au résultat. Quiconque a le résultat ne le possède pas, car il n’a pas le chemin22. »

8Il nous faut donc reparcourir Bonheur Justice depuis la « pointe »23 de son dernier chapitre afin que se nouent durablement les correspondances insolites entre l’Autrefois et le Maintenant. Tout comme A. Birnbaum s’accorde la liberté de « temporaliser son savoir »24 en dépliant dans ce livre « la trajectoire d’une intuition »25, il nous faut également prendre le temps de rejouer la « généalogie supplémentaire » qui nous associe à la rébellion héroïque. Parce qu’elle défait toute téléologie, parce qu’elle complexifie le rapport du contemporain avec le « pré-monde grec »26, cette répétition (au sens différentiel du terme) est fondamentale. « Ce qu’elle ouvre ne s’achève pas, mais est remis au temps27. » Elle seule permet que nous nous appropriions aujourd’hui l’émancipatrice « volonté de bonheur » du héros (Glückswille) et que nous brisions à notre tour le cercle immuable « de la peur et de la causalité »28.

9Mais qu’a-t-il précisément à nous dire, ce héros grec, et en quoi ses lointaines actions peuvent-elles nous concerner ? Par quels biais sa révolte solitaire contre l’ordre du droit et les puissances divines nous rapprocherait-elle de notre « pauvre et courte enfance » ? Comment sa mort, si emblématique soit-elle, peut-elle nous aider à « disloquer les coordonnées » de nos désastres modernes ?

10A. Birnbaum rappelle les différentes étapes ayant mené Benjamin à élaborer une nouvelle théorie de la tragédie antique, qui la distingue point par point du drame baroque :

On a voulu voir dans la tragédie, c’est-à-dire celle des Grecs, une forme ancienne du Trauerspiel, apparentée dans son essence à la forme moderne. La philosophie de la tragédie a par conséquent été élaborée comme théorie de l’ordre éthique du monde, sans aucune relation avec les contenus historiques réels, dans un système général des « sentiments » universels, qui était censé avoir un fondement logique dans les concepts de « faute » et d’« expiation »29.

11Ouvrant un second chantier au cœur du Trauerspiel, Benjamin présente la tragédie comme un univers clos où règnent le malheur, la violence mythique du droit et la vengeance aveugle des dieux, où le héros se trouve condamné à mort avant même d’avoir perpétré sa faute : « Il n’est à pas à proprement parler un héros, tout juste est-il un destin. Sa faute ne relève pas de ses actes, elle lui échoit : il expie sa vie30. » Mais là où la tradition idéaliste allemande (Solger, Schelling, Hegel, Volkelt) assimile le sacrifice tragique à une reconnaissance de la faute commise et à une réappropriation de liberté, Benjamin pointe le refus de la soumission et la contestation de l’arbitraire dont témoigne obstinément le héros. À la maîtrise de la mort qui lui permettrait de boucler téléologiquement son destin, Benjamin oppose l’inachèvement irréductible de son conflit avec les dieux. Benjamin s’appuie sur cette inépuisable déchirure du destin pour prendre à revers la dialectique hégélienne et mettre à l’épreuve toute la philosophie de l’histoire :

Tandis que le sauvetage baroque pose le problème d’un regard capable de déchiffrer la trame d’une délivrance dans le tissu du temps historique, la césure inexpressive pose le problème d’une déchirure du tissu destinal. Du temps du Trauerspiel au temps tragique, la réflexion se déplace d’un achèvement logé dans l’œuvre, image d’un temps où le monde est sauvé, vers un art qui ne peut « s’achever » qu’en brisant l’unité des œuvres, les morcelant en fragments de vérité qui opèrent dans le monde réel de l’histoire31.

12L’un des aspects les plus captivants de la théorie benjaminienne réside dans le mutisme de l’insurrection héroïque. Car le héros tragique est une figure immature par excellence : « noch stumm, noch unmüdig32. » S’il pressent confusément que « la justice ne saurait provenir du droit »33 et que la malédiction n’est pas inéluctable, il ne l’énonce pas, sinon sous la forme d’un cri barbare et « inexpressif », tel « un nouveau né qui crie dans les langes sales de l’époque »34. Il n’a pas de mots pour articuler son refus du malheur, « il n’a que son corps muet à mettre en travers du cycle du destin »35. À la violence des dieux, de la nature et des lois qui lui imposent de se fondre dans une communauté unifiée et « compacte », le sujet héroïque répond par une « violence pure » de distanciation et de différenciation :

Dans le pré-monde grec, les bornes fixées à la vie humaine étant celles de l’hostilité naturelle, cette dernière est la seule chose que les hommes aient en commun. La continuité de la communauté humaine et du monde naturel a pour corollaire une continuité opaque au sein de cette communauté. La violence dont résulte sa cohésion ne s’exerce pas à l’encontre des hommes, elle s’exerce contre leur individuation […]. Refusant d’être morceau de monde, [le héros] se soustrait à la peine en s’affirmant comme morceau isolé de vie. Le fautif se défie de l’ordre divin en coupant tous les ponts36.

13Anticipant sur un langage moral qu’il ne connaît pas encore, le héros « saute en dehors de la rangée des assassins », comme l’écrit Kafka dans son Journal le 27 janvier 1922. Par ce bond silencieux, il fend le temps « toujours semblable » de la vengeance et nous fait don d’un pouvoir inaliénable : celui de refuser l’injustice, quels que soient l’époque ou le lieu dans lesquels elle s’exerce.

14Si, à l’instar de la célèbre aura des œuvres d’art (« une trame singulière d’espace et temps ; l’unique apparition d’un lointain, si proche soit-il37 »), la révolte du héros tragique nous « regarde »38 de la façon la plus intime, c’est que celle-ci ne se situe pas dans un passé reculé dont il suffirait de remonter chronologiquement la piste pour bénéficier de ses enseignements. La théorie benjaminienne représente une exceptionnelle « réserve d’étonnement » parce que la tragédie grecque y occupe une temporalité hors de l’histoire. Opaque et cosmique, la tragédie constitue ce « stade préliminaire de la prophétie » (Vorstufe der Prophetie) dans lequel la révolte héroïque, nouvel « éclat d’avenir irrégulier »39, échappe alors aux catégories du sauvetage et de la rédemption (Erlösung) habituellement mises en exergue chez Benjamin.

15Antonia Birnbaum insiste sur le fait que cette rébellion « ne peut être mise au compte ni d’une conscience historique du temps ni d’une espérance messianique. »40 En effet, le silence du héros ne nous délivre d’aucune oppression, d’aucune catastrophe, pas plus qu’il ne requiert notre compassion. Extérieur à notre continuité historique, infans sans mémoire ni passé, le héros tragique nous offre plutôt une chance de « réveil ». Il ouvre un nouveau Spielraum (« marge de manœuvre » au sens courant et « espace de jeu » au sens benjaminien) où c’est à nous qu’il revient d’agir en redynamitant le continuum de l’histoire officielle : « Remémorer signifie réactualiser le souhait d’une vie autre, d’une vie émancipée du malheur. La remémoration prend effet dans un risque du présent, qui, mis au contact d’un inconnu du passé, tranche, court-circuite la continuité du malheur41. »

16C’est en introduisant cette nuance capitale que Bonheur Justice « tranche » radicalement parmi l’un des débats les plus complexes de l’œuvre benjaminienne : l’imbrication du messianique et du profane. À la manière dont un autre philosophe et grand lecteur de Benjamin, Martin Rueff, propose de traiter la question du « contemporain » en dehors de tout achèvement messianique, contre l’idée d’une « abolition des temps dans le temps pur »42, A. Birnbaum pousse plus avant l’interprétation de la philosophie benjaminienne du temps :

Comment détourner une temporalité profane au sein d’une philosophie ayant montré — comme nulle autre avant elle — à quel point des traditions marxistes, néo-kantiennes, romantiques, utopiques sont traversées par l’élément messianique ? Impossible d’opposer une nouvelle fois le profane au messianique, sous peine d’annuler l’énigme de leur assemblage. La tâche est autrement plus difficile. Elle exige d’investir à rebours l’instabilité de la procédure benjaminienne, d’expérimenter la soustraction d’un élément, c’est-à-dire d’élucider comment opère l’héroïsme de la justice lorsqu’il cesse de s’appuyer sur un suspens rédempteur43.

17La révolte tragique est ce point de bascule et de « soustraction », où viennent s’articuler de façon inédite l’héroïsme et la justice sans qu’aucun élément théologique ne soit convoqué. De même, l’expression « Benjamin le contemporain » qui apparaît au dernier chapitre de Bonheur Justice n’est pas à comprendre du point de vue d’une « fin de l’histoire » ou d’une « fin de la philosophie » sur laquelle Benjamin viendrait régner en prophète, mais du point de vue de ce qui reste possible. Non comme une résolution mais comme une résistance, problématique et stimulante, de toutes les contradictions et « blocages »44 offerts à la pensée par l’œuvre de Benjamin.

18« Es bleibt ein Rest », affirmait-il en conclusion de son essai sur le Surréalisme45. Contrairement à ce que laisse entendre la traduction française (« quelque chose se perd »), ce résidu n’est pas une vérité égarée en chemin mais un authentique questionnement qui demeure toujours en excès. Ce reste désigne autant « l’ivresse » ou « l’illumination profane » valorisées par Benjamin comme données du matérialisme anthropologique que ce surplus de temps, incompressible et inassignable à l’histoire, évoqué par Martin Rueff comme lieu  privilégié d’une concordance non messianique des temps : « le temps qu’il reste, ce qui nous reste du temps contemporain et du rapport qu’il nous reste à inventer entre le passé et le contemporain46. »

19C’est finalement la critique du mythe et de ses dangers (domination du droit, appauvrissement de l’utopie, réification et oubli des forces révolutionnaires47), si déterminante pour Benjamin, qui est au cœur du travail d’Antonia Birnbaum. À rebours des processus auratiques par lesquels l’aliénation ne cesse de faire retour, contre la mythification et l’exégèse fascinée, la philosophe mobilise toutes les qualités de subversion et d’adversité autrefois mises en œuvre par Benjamin lui-même (contre le cercle de George, l’Université allemande, Jünger ou Marinetti) pour nous redonner à lire une œuvre intensément politique. À cet égard, Bonheur Justice s’inscrit pleinement dans la constellation des « nouvelles approches » ouvertes par des chercheurs comme Georges Didi-Huberman ou Nathalie Raoux48. En déblayant avec force et acuité les clichés qui obstruent la compréhension de cette pensée difficile, en mettant à notre disposition les « petits moyens » dialectiques forgés par Benjamin en vue d’« organiser le pessimisme »49, le livre d’Antonia Birnbaum nous aide à réarmer notre regard et à élever nos révoltes à la hauteur d’un gai savoir.