Fabula-LhT
ISSN 2100-0689

Dossier critique
Fabula-LhT n° zéro
Théorie et histoire littéraire
Marie Gil

Foucault invente l’histoire littéraire

« […] ramenée nécessairement dans ses limites institutionnelles, l’histoire de la littérature sera de l’histoire tout court »
Roland Barthes

1L’histoire littéraire, depuis Lanson, n’est qu’une branche de la discipline historique1. Le constat manifeste une évidence, celle de l’hétérogénéité entre une méthode et son objet, et pourtant… Beaucoup d’encre a coulé pour arriver à cette conclusion que l’histoire littéraire, c’est de « l’histoire tout court2 ». Barthes l’écrivait en 1960, l’affirmation est reprise plus récemment à propos des nouvelles approches extrinsèques de la littérature, celles de Foucault ou de Bourdieu :

[…] ce qu’on peut légitimement reprocher [à ces nouvelles études historiques], comme à tant d’autres approches extrinsèques de la littérature, c’est de ne pas parvenir à faire le pont avec l’analyse intrinsèque. Ainsi, de vraie histoire littéraire, toujours pas trace3.

2L’histoire littéraire « vraie », c'est-à-dire dont les fondements théoriques ne seraient pas propres à l’histoire, mais communs à l’histoire et à la littérature, n’existerait pas. Les choses ont pourtant changé depuis 1960 et l’histoire est revenue, avec l’ère du « tout texte », dans le champ des études littéraires4. Le linguistic turn, représenté pour la discipline historique par Hayden White, mit l’accent sur la nature textuelle des documents de l’historien, identifia « histoire » et « récit », et réduisit les études historiques aux études linguistiques5. De façon plus générale, l’influence du structuralisme dans les années 1970 est à l’origine d’une tendance à penser différemment, aujourd’hui, le partage entre les deux disciplines6. On peut se demander si ce n’est pas au sein de cette pensée théorique des années 1960-1980 qu’une histoire littéraire « vraie » a émergé. La poétique, et avant elle le formalisme russe, ont placé l’histoire au centre de leur « méthode ». S’il s’est plus agi d’élaborer une « histoire des formes », ou une « histoire de la littérarité », qui n’a plus d’historique que le paradigme de l’évolution – il ne s’agit plus, en somme, d’histoire – il est remarquable que les deux écoles, Tynianov puis Gérard Genette, aient justifié la place de l’évolution dans leurs travaux par la mise en évidence d’une essence commune entre l’étude « des structures », telle que la nomme Genette, et l’histoire. Foucault, en particulier, me retiendra. Il me semble qu’il a, par sa méthode des objectivations, posé les fondements méthodologiques d’une véritable histoire littéraire. J’appellerai celle-ci « histoire littéraire structurale », car ce qui, dans le principe des « objectivations » foucaldien, fonde cette histoire littéraire se retrouve dans « la fonction symbolique » du structuralisme tel que le définit Deleuze7. Je ne prétends cependant pas, de ce fait, classer Foucault parmi les structuralistes ; mon propos se limite à mettre en valeur une rencontre entre le « positivisme vrai » que Paul Veyne identifie dans les « objectivations » et une approche historique et intrinsèque de la littérature. Le dualisme de la véritable histoire littéraire aurait ainsi été pensé. J’envisagerai « l’histoire des formes » de la poétique comme une contre-version, ou version atténuée, de cette histoire littéraire, mais j’en verrai en revanche le germe véritable chez les formalistes russes.

1. Le contre-exemple de l’histoire des formes

3Se faisant l’écho de la difficulté, depuis Lanson, à concilier théorie et histoire, Gérard Genette relisait Eikhenbaum en 1969 et énonçait :

« La théorie réclamait le droit de devenir histoire. » Il me semble qu’il y a là un peu plus qu’un droit : une nécessité qui naît du mouvement même et des exigences du travail théorique. […] Ceci, naturellement, n’est pas propre à l’histoire de la littérature, et signifie simplement que, contrairement à une opposition trop répandue, il n’y a de véritable histoire que structurale8.

4Un mouvement est tracé, qui irait de la théorie à l’histoire littéraires, comme si celle-ci était le couronnement de celle-là : la démarche intellectuelle passant de la « structure » à l’évolution serait inhérente au formalisme. Mais n’y a-t-il pas là une collusion volontaire, une relecture interprétative destinée à créer un paradoxe ? Deux « histoires littéraires » se superposent en effet sous la plume du critique : celle qui serait à l’horizon de la pensée des formalistes parce qu’elle partagerait avec l’étude des structures une identité de principe, et celle dont il est en réalité question dans ce programme de la « poétique » : « l’histoire de la littérarité », aussi appelée histoire des formes.

[…] si nous voulons contribuer à ramener les études littéraires à la littérature elle-même, ou pour mieux dire à sa littérarité, nous ne voulons pas ignorer, comme le faisaient les poétiques classiques, que cette littérarité […] constitue elle-même une histoire […]. Cette histoire de la littérature qui, après plus d’un demi-siècle d’histoire littéraire, nous fait encore si lourdement défaut, nous voudrions aussi favoriser son élaboration9.

5Peut-être Genette ne vise-t-il aucunement ici cette histoire littéraire structurale qui m’occupe, mais du moins en identifie-t-il le germe chez les formalistes. L’idée d’une pensée de l’histoire nécessaire à la démarche « structuraliste », selon les termes du critique, est donc énoncée, à défaut d’être illustrée. Elle sert en réalité de justification à la poétique, qui se définit au début des années soixante-dix par ce mouvement naturel, allant de la forme à l’histoire, et selon le principe que « la théorie doit précéder l’histoire, puisque c’est elle qui dégage ses objets10 ». Elle permet à la nouvelle école de sortir d’une approche strictement textualiste en s’autorisant de l’école formaliste. Le programme est explicitement placé sous le signe de l’ouverte sur les dehors de la littérature – « la littérarité, étant un fait pluriel, exige une théorie pluraliste11 ». L’affirmation finale de l’article de 1969, selon laquelle « il n’y a de véritable histoire que structurale », mettait le doigt, sans doute involontairement, sur l’idée plus radicale qu’il existerait une consubstantialité entre structuralisme et histoire littéraire, et non mouvement de l’un à l’autre. Résumons : l’histoire des formes trace des évolutions de structure, alors que l’histoire littéraire structurale, d’après ce même article, loin d’être un aboutissement de la pensée formaliste sur le texte, lui est inhérente12.

2. Foucault positiviste

6Lorsque Derrida s’aventure à rechercher ce que pourrait être une histoire du structuralisme, pour « un historien des idées », il pose la littérature comme document privilégié « parmi » les objets historiques ; mais très vite, si ce n’est dans l’énonciation même du projet, une difficulté apparaît, non élucidée d’abord : l’historien se tromperait s’il prenait le structuralisme pour objet, car alors « il en oublierait le sens13 ». Loin d’être une histoire des idées, l’histoire du structuralisme relèverait plutôt de l’historiographie – l’identité entre la « conscience structuraliste », celle qui a (ici) la littérature pour objet, et la conscience de l’histoire est d’ailleurs énoncée quelques pages plus bas :

La conscience structuraliste est la conscience tout court comme pensée du passé, je veux dire du fait en général. Réflexion de l’accompli, du constitué, du construit. Historienne, eschatologique et crépusculaire par situation14.

7Le structuralisme n’est pas généraliste ou pluraliste, mais universaliste et transdisciplinaire15, tout comme l’histoire littéraire dans son ambition théorique d’histoire totale. C’était celle de Lanson et de Lucien Febvre16. C’est vers Foucault que l’on se tourne pour trouver cette coïncidence d’une démarche fondée sur l’ordre symbolique, que l’on peut par extension qualifier de « structuraliste », et d’une démarche positiviste ou « historique ». Sa théorie permet de mieux dissocier « l’histoire », comme conscience ou principe, de la discipline institutionnelle, et de montrer ainsi en quoi, lorsque l’objet est esthétique, le principe d’analyse s’appelle bien souvent structuralisme alors qu’il pourrait se nommer méthode des objectivations, positivisme ou encore histoire. Elle a également l’avantage de déranger les idées reçues, car l’histoire chez Foucault n’est pas toujours celle qu’on croit, non plus que l’histoire institutionnelle : tout comme l’histoire littéraire. Ainsi faut-il rappeler l’amorce de Paul Veyne dans l’article publié en appendice à Comment on écrit l’histoire : « Foucault est le premier historien complètement positiviste17 ». Suit une démonstration, à partir d’un exemple simple (la gladiature), de ce qu’est la méthode des objectivations : il suffit de remplacer les acteurs de l’histoire, gouvernés et gouvernants, par des objets symboliques qui agissent, et d’isoler la configuration adéquate18. Foucault révolutionne l’histoire en refusant les présupposés idéologiques, herméneutiques ou conceptuels, et en fondant sa méthode sur la description positive des faits : « juger les gens sur leurs actes, c’est ne pas les juger sur leurs idéologies ; c’est aussi ne pas les juger sur de grandes notions éternelles […] qui banalisent et rendent anachronique l’originalité des pratiques successives19. » À l’instar de ce qui définit le formalisme littéraire, l’histoire positiviste se fonde sur l’idée que l’on peut expliquer des objets mais non des pratiques, « ce qui est fait », l’objet, s’explique par « ce qu’a été le faire à chaque instant de l’histoire20 », mais le faire en soi on ne peut l’appréhender à partir de l’objet. L’identité que je cherche ici à mettre en évidence n’est pas celle d’un structuralisme historique et d’un structuralisme littéraire, mais celle de la conscience historique et de la conscience littéraire dans le structuralisme. L’objet de l’histoire, le fait, est défini par le principe d’ouverture :

Que de vide autour de ces bibelots rares et d’époque, que de place entre eux pour d’autres objectivations encore non imaginées ! Car la liste des objectivations reste ouverte, à la différence des objets naturels21.

8Paul Veyne désigne ici une méthode. Toute la différence entre ce que l’on nomme « positivisme » et le positivisme de Foucault est celle qui existe entre « l’objet naturel » et « l’objectivation ». La pensée de Foucault préserve la singularité de l’objet en le comparant à un autre objet, alors que l’histoire traditionnelle dissout cette singularité dans la comparaison généraliste. Dans leur ambition de redéfinir l’histoire littéraire, les théoriciens des années vingt et soixante n’ont pas visé autre chose. Le propos n’est pas, encore une fois, de montrer qu’il y a eu un formalisme en littérature, mais de cerner le mouvement concret ou factuel commun au structuralisme et à tout « positivisme » ou à toute « histoire ». En regard de la méthode foucaldienne, on peut cependant se demander si l’échec de « l’évolution littéraire » formaliste n’est pas liée à une confusion entre la méthode et le fait : que la littérature soit singulière ne signifie pas qu’elle ne soit pas comparable à d’autres objets, sa singularité ne pouvant au contraire être appréhendée que dans la comparaison – ce qui est tout le contraire d’une dissolution dans l’hétérogénéité :

L’ambition scientifique du structuralisme n’est pas quantitative, mais topologique et relationnelle. […] Quand Foucault définit les déterminations telles que la mort, le désir, le travail, le jeu, il ne les considère pas comme des dimensions de l’existence humaine empirique, mais d’abord comme la qualification de places ou de positions22[…].

9Finalement, les théoriciens du « retour au texte », dans le délaissement du paradigme comparatif, ont peut-être entériné les pratiques et erreurs de leurs aînés ; en fermant le texte sur lui-même, fût-ce au sein d’une diachronie des formes, ils risquent de retrouver un fondement explicatif fondé sur « l’idéologie » :

[…] la pratique est réponse à un défi, oui mais le même défi n’entraîne pas toujours la même réponse ; l’infrastructure détermine la superstructure, oui mais la superstructure à son tour réagit, etc. Faute de mieux, nous finissons par rattacher les deux bouts de la chaîne avec un morceau de ficelle appelé idéologie23.

10Foucault corrige une erreur par « positivisme » vrai ou « structuralisme », si l’on suit les critères définitionnels de Deleuze. Sa méthode, en somme, n’est pas une lecture qui peut être appliquée tantôt à l’histoire, tantôt à la littérature : elle ne fait qu’une avec l’histoire, elle est intrinsèquement positiviste.

3. L’évolution littéraire

11On peut, à présent, revenir à cette « évolution littéraire » que Genette définissait comme une véritable histoire littéraire « structurale ». Chez les formalistes, comme dans l’article programmatique « Poétique et histoire » de 1969, un écart se fait jour entre les principes théoriques abstraits et la réalisation concrète. La réorientation peut être appréhendée dans le changement de cap, brutal, qui intervient au centre de l’article d’Eikhenbaum, au moment même où l’auteur passe de la description de l’évolution littéraire à sa réalisation chez Tynianov24. À l’origine, analyse des structures et prise en compte de l’évolution vont de paire. La place de l’objet symbolique, ainsi, révèle cette superposition entre la méthode des objectivations et l’appréhension de l’évolution littéraire des formalistes :

[…] nous ne nous occupons pas de définitions dont les épigones sont si avides et nous ne construisons pas de théories générales […]. Nous établissons des principes concrets et, dans la mesure où ils peuvent être appliqués à une matière, nous nous en tenons à ces principes. Si la matière demande une complication ou une modification de nos principes, nous l’opérons25.

12L’histoire littéraire à laquelle réfléchit le formalisme n’est d’ailleurs pas une « méthodologie », et il ne s’agit pas de concepts extrinsèques importés dans le champ de la littérature. Contre l’immobilité non de l’objet mais de la démarche théorique, contre les systèmes préétablis et clos, Eikhenbaum définit le formalisme comme « une science littéraire autonome [créée] à partir des qualités intrinsèques des matériaux littéraires » : « Notre seul but est la conscience théorique et historique des faits qui relèvent de l’art littéraire en tant que tel26. » Voici donc énoncé et programmé ce que l’histoire littéraire doit être si l’on n’accepte de soumettre aucun des deux termes qui la composent à une subduction sémantique. Théorique, autonome, non herméneutique, la science de l’évolution littéraire se fonde à la fois sur l’approche intrinsèque de la littérature et sur la contextualisation. Conformément à son fondement « structuraliste », et contrairement à ce que sera l’histoire de la littérarité ou des formes, elle rejette l’approche pluraliste et se fonde sur la dynamique concrète :

Il était nécessaire de nous occuper des faits […] nous éloignant des systèmes et des problèmes généraux […]. L’art exigeait d’être examiné de tout près, la science se voulait concrète. […] C’est le principe de spécification et de concrétisation de la science qui était le principe organisateur de la méthode formelle27.

13L’examen de proximité, l’approche intrinsèque, postule comme origine de l’analyse un « point arbitraire » qui permet, seul, la pénétration du fait littéraire : ce n’est pas l’objet qui importe, mais le fait que la méthode se fonde sur un objet et non sur un concept – car les concepts, lorsque la méthode ne fonctionne plus, se métamorphosent en idéologie28. Les objets acquièrent leur spécificité dans la différenciation, nous sommes alors du côté de la structure symbolique, celle même qui fondait la méthode de Foucault et qui devait tendre vers une histoire des singularités29. De la description du formalisme comme refus de l’interdisciplinarité, centrée essentiellement sur Chklovski, Eikhenbaum passe à l’évolution littéraire : « de la notion de ‘procédé’ à celle de fonction », il « rencontre l’histoire30 » – c'est-à-dire qu’il va traiter explicitement de la théorie de l’évolution, mais dans un certain sens il n’avait jamais quitté l’histoire. La tentative devient alors explicitement celle de la conciliation des approches historique et intrinsèque de la littérature, et, alors que jusqu’ici elles avaient été unies de façon implicite, un principe de différenciation apparaît :

Une double perspective est apparue ; la perspective de l’étude théorique de tel ou tel problème […] illustrée par des matériaux très différents, et celle de l’étude historique, étude de l’évolution littéraire en tant que telle. Leur combinaison, qui était une conséquence naturelle du développement de la méthode formelle, nous a posé nombre de problèmes nouveaux et complexes, dont la plupart ne sont pas résolus ni même suffisamment bien définis31.

14Ce programme à deux entrées est très exactement celui de la poétique au début des années soixante-dix, à l’exception près que l’objet étudié en 1920 est le réel, et non le virtuel32. Il ne s’agit plus alors que de greffer à l’étude littéraire une histoire, certes dépouillée des dimensions de la biographie et de la périodisation, mais hétérogène au champ littéraire. Dans sa réalisation, cette histoire littéraire « vraie » qui m’occupe serait donc quasiment limitée au long article de Tynianov. Celui-ci pose les principes permettant d’affirmer son existence idéelle, mais il échoue dans son application puisque c’est à une dynamique des formes que l’on aboutit. La rencontre de l’approche intrinsèque de la littérature et de l’histoire pourrait cependant ne pas être restreinte aux programmes théoriques des formalistes, quoiqu’elle me semble devoir toujours être liée au principe de « l’objectivation » comme méthode. On peut se demander par exemple si Thibaudet, avec ses trois essences de la critique n’a pas réalisé ce que doit être l’histoire littéraire, tout du moins l’idée de celle-ci, lui qui s’est concentré sur « l’unique », glosé comme « le sens des individuations et des différences », « par le jeu des comparaisons33 ». Si comparaison n’est pas raison, comparaison est objectivation, et non renoncement à l’unique – Paul Veyne a bien montré en quoi l’objectivation était la seule compréhension de l’unique. Ce que Thibaudet recherche, dans l’unique, n’est pas un objet critique mais l’impulsion de départ d’un projet qui, justement, ne vise pas « les individualités, mais la totalité d’un univers dont il a rêvé souvent de se faire le géographe34. » Or l’histoire littéraire devrait être cette cartographie, l’histoire sans l’individu de Barthes et l’histoire des singularités planifiée par Foucault. Et quand le même Gérard Genette se penche sur cette activité qui est celle de la classification « virtuelle » ou « ouverte » du critique littéraire (c'est-à-dire qu’elle contient en elle-même l’idée qu’elle est transitoire) la collusion entre l’histoire et la littérature apparaît comme naturellement :

Transiit classificando […] il y a dans cette idée, certainement étrangère à Brunetière mais non pas à Thibaudet, quelque chose qui nous importe aujourd’hui, en littérature et ailleurs. L’histoire aussi transit classificando35.

15L’histoire littéraire, telle qu’appréhendée ici, est aussi une critique littéraire.


***

16Cette rencontre de l’idée d’histoire littéraire et du « structuralisme » (pensé à partir de Foucault), il était sans doute important de la souligner, non pour revenir simplement sur le fait qu’elle n’était qu’une idée elle-même en puissance, ou l’aboutissement d’une courbure, d’une dynamique de la méthode foucaldienne, mais pour indiquer que, contrairement à une idée reçue, ce n’est pas simplement sous l’angle du linguistic turn que l’histoire et la littérature en sont venues à se confondre dans l’indifférenciation : la théorie littéraire a dû, lorsqu’elle s’est appliquée à réfléchir à l’objet littéraire comme à un objet symbolique, construire sa méthode à partir d’une réflexion sur l’histoire. Comme le montre l’emploi de l’adverbe « nécessairement » dans l’épigraphe de Barthes, je veux dire sa motivation peu explicite, la réflexion sur les concepts de la théorie et de l’histoire littéraires se fait à partir de présupposés (réductibles souvent à l’acception des noms de ces concepts) qu’il est bon parfois de revisiter, même si le goût du paradoxe ne doit pas devenir un nouveau démon du style critique.