Colloques en ligne

Anthony Glinoer et Michel Lacroix

Introduction

1La littérature contemporaine semble bien n’être affaire que d’individus. La dimension collective de la création littéraire a été très largement écartée de la recherche, de l’enseignement et des publications à large public consacrés à la littérature contemporaine. Le cas est patent en France, sans être unique. Et pourtant, depuis la présumée « fin des avant-gardes », les collectifs littéraires abondent. Le fait n’a rien d’ailleurs de spécifiquement littéraire : les arts plastiques, la musique, la mode et le monde associatif ont vu les collectifs se multiplier au cours des deux dernières décennies.

2Malgré la résurgence d’une nostalgie avant-gardiste, chez certains artistes, écrivains et militants, le modèle avant-gardiste a bel et bien été abandonné, que ce soit comme structure de pouvoir, comme mode de sociabilité, comme rapport à l’élaboration d’un programme artistique, comme forme d’auctorialité collective. Dans le contexte de singularisation, d’individuation, de subjectivation qu’entraîne le « nouvel esprit du capitalisme1 », assisterait-on alors, depuis le début du siècle, à l’avènement de l’ère des collectifs ?

3Qu’entendre par cette expression de « collectif littéraire » ? Quelle différence y a-t-il, au niveau des pratiques et au niveau des imaginaires, entre le collectif tel qu’on le connaît aujourd’hui et d’autres formes de regroupement qui ont existé par le passé : le groupe d’avant-garde, le cénacle, le salon2 ? Quelles façons d’être, de créer, de défendre des idées ensemble se font jour dans les collectifs ? Quelle autonomie a le littéraire dans les pratiques des collectifs contemporains ? Quelles formes prennent ces collectifs, quelles dynamiques collectives entraînent-ils, quels imaginaires du collectif déclenchent-ils ?

4Pour qu’il y ait « collectif littéraire », il faut d’abord qu’il y ait eu substantivation du « collectif », le passage des déterminants marquant le caractère collectif d’un phénomène, d’une action, d’un discours, au nom commun, désignant ainsi, a priori, le collectif comme forme distincte de l’action collective. Un collectif, ce n’est ni un groupe, ni un réseau, ni une communauté. Il semblerait que la substantivation du terme « collectif » s’est produite dans les cercles militants, au cours de la première moitié du xxe siècle, en particulier dans les milieux communistes et syndicalistes, désignant alors le « collectif de travailleurs » ou le « collectif d’ouvriers », globalement. Il se pourrait d’ailleurs qu’il y ait eu, à cet égard, un transfert culturel et idéologique, venu du russe et des organes communistes3. La chose est plus nette encore, dans les années 1950 : le développement en Yougoslavie de la théorie de « socialisme autogestionnaire », lequel devint objet de débats et de polémiques, en France, contribua à diffuser les notions de « collectif d’ouvrier », non sans hésitation de la part des traducteurs4. Peu à peu, au fil des années, des fissures implicites semblent apparaître entre le « collectif ouvrier » comme ensemble de travailleurs et « des » collectifs d’ouvriers, rassemblant un nombre limité de militants et dont les positions peuvent différer de celles des structures officielles de représentation : dans la foulée des réflexions sur l’autogestion, le terme s’adjoint ainsi un sème opposé à la verticalité de la souveraineté et des processus de décision politique.  

5Si on examine plutôt l’usage du « collectif » dans les entrées réservées aux auteurs du catalogue de la Bibliothèque nationale de France, une fois exclues les références aux « pseudonymes collectifs » et aux « ouvrages collectifs », on trouve fort peu d’occurrences dans l’après Seconde Guerre mondiale : le Collectif scientifique du Musée d’art populaire de la République populaire de Roumanie en 1955, le Collectif de travailleurs de la Bibliothèque publique de Varsovie en 1959, le Collectif du Musée ethnographique en 1961, le Collectif intersyndical pour la paix au Vietnam en 1966, le Collectif de la jeunesse de la région parisienne ou le Collectif Défense du marxisme en 1969, le Collectif de réalisateurs et travailleurs de Sochaux en 1970 et le Collectif intersyndical universitaire en 1971. La série est loin d’être complète : les années suivant 1968 ont été particulièrement riches en collectifs comme en mouvements d’avant-garde5. Cependant, on peut voir, dans la forme même de leur auto-désignation, un intermédiaire entre les associations et les groupes, les premières plus portées sur la description de la composition de l’ensemble ou de ses objectifs, les seconds se donnant un « nom propre », distinct, plus symbolique que descriptif habituellement.

6En optant pour un regard rétrospectif partant de la situation contemporaine plutôt que généalogique et en sortant de l’histoire propre des groupements littéraires, il semble que la montée actuelle des collectifs littéraires puise à deux sources. Dans le monde associatif, d’abord, ont été créés des collectifs explicitement désignés comme tel, collectifs de quartiers, collectifs d’usagers (dans le monde de la santé), dont les mentions se multiplient dans les revues associées aux services sociaux, dans les années 1970, décennie où ces collectifs d’usagers sont « plus contestataires » et « utilisent des répertoires d’action plus agressifs » que les associations et groupes de « self help » des décennies antérieures6. La « société civile » connaît aujourd’hui un grand nombre de ces collectifs, qu’il s’agisse du Collectif sans ticket (transport), du Collectif Ici la terre (agriculture), du Collectif Europa Nova, du Collectif Nous toutes (féminisme) ou du Collectif Chômeur, pas chien (travail).

7Les arts plastiques, dont le milieu a longtemps été proche de celui des écrivains, a également pu fournir des modèles aux collectifs littéraires. Depuis les « colonies » de Barbizon, de Tervuren, de la Ruche parisienne, les cas ont été nombreux de regroupements d’artistes qui ne se sont pas érigés en groupes d’avant-garde mais ont décidé de travailler en commun et, parfois, de concert. À l’heure actuelle, la pratique artistique collective est devenue prépondérante, du moins si l’on en croit un article du Quotidien de l’art7titré « Comment le « collectif » change l’art d’aujourd’hui ». Il faut souligner avec Séverine Marguin8 que le travail d’artistes dans un même espace répond à une nécessité spécifique de rationalisation des coûts et n’implique pas nécessairement l’existence de collectifs de création dans cet espace. Dans les arts plastiques, mais aussi dans les domaines du hip-hop, du jeu vidéo, de la bande dessinée, de la mode9, voire de la recherche littéraire10, les collectifs sont partout. Y aurait-il donc quelque chose comme un collective turn ? De quelle manière et dans quelle mesure cette tentation du collectif s’est-elle insinuée dans le champ littéraire, réputé rétif à la collectivisation des pratiques ?

8S’il fallait, en France, désigner deux précurseurs des collectifs littéraires d’aujourd’hui, ils pourraient être le Comité d’action étudiants-écrivains et le Collectif Change, tous deux nés en 1968. Le premier fait l’objet de l’article inaugural de Jean-François Hamel à ce dossier. L’autre, issu d’une scission d’avec Tel Quel, formaliste à souhait, a été l’un des tout premiers groupes littéraires français à s’identifier comme collectif, sur la base, entre autres, d’un rejet de la « sociabilité exclusive » et de la défense d’une doctrine programmatique propres à l’avant-garde, avec en sus une remise en question de la singularité et de la sacralisation de la fonction auctoriale. Ce n’était ni TXT, ni l’Oulipo, ni une autre déclinaison des « nouveaux » (romanciers, philosophes, réalistes, etc.) c’était autre chose qui allait se multiplier – dans une histoire qui reste à écrire – à partir de la fin du xxe siècle.

9Les dix articles que réunissent ce dossier portent sur cette chose que l’on appelle aujourd’hui le « collectif », avec toutes les difficultés que ce terme représente, aussi bien sur les plans historique et linguistique (un « collectif » recouvre-t-il les mêmes phénomènes qu’un « collective » anglais ou qu’un « kollektiv » russe), que sur le plan théorique. Il faut d’abord indiquer, ici, qu’aucun de ces plans n’a été systématiquement étudié, en ce qui concerne les regroupements littéraires (ou artistiques). D’où une confusion terminologique entre concepts et métaphores. Il est possible de s’inspirer des recherches menées par les sociologues ou philosophes, pour introduire un peu de clarté, mais cette exploration conduit souvent hors de la sociologie de la culture et expose au danger de la transposition sauvage voire du syncrétisme. C’est donc de façon exploratoire et schématique que nous abordons ici ces questions, dans l’objectif de remuer un peu quelques-unes des questions théoriques soulevées par l’étude des collectifs. La distinction entre « communauté » et « société » (Gemeinschaft et Gesellschaft), opposant des formes organiques, concrètes et locales de socialisation et des formes abstraites, modernes et de plus large échelle, explorée par la sociologie allemande au tournant du xxe siècle, via les travaux de Tönnies et de Weber11, a guidé de nombreux travaux, depuis, en plus d’informer nombre de discours et pratiques, dans sa version vulgarisée. On voit par exemple, dans l’opposition entre obscina et kollectiv, propre aux milieux dramaturgiques russes, un clivage qui place le collectif solidement du côté des utopies révolutionnaires de l’Homme nouveau et des nouvelles formes de socialisation, non sans la rapprocher, implicitement, de celle d’avant-garde.

10On retrouve ce double héritage dans la chaîne de réflexions théoriques sur la communauté issue de Bataille et Blanchot jusqu’à Nancy et Agamben12, toutefois, ici, la communauté rêvée n’est plus celle, organique, d’un passé mythifié, mais faite de liens libres et volontaires, quasi indissociable de l’amitié, chez Blanchot, ou de la reconnaissance élémentaire d’une humanité réciproque, chez Agamben. Édifiées en marge et partiellement dans le deuil du projet avant-gardiste, ces réflexions tournent le dos aux ambitions stratégiques et à la politique de contestation radicale des institutions artistiques et littéraires, mais gardent le désir de « communauté », au sens de micro-société unie par un mode de vie et de production alternatif, émancipateur.

11Le rôle des années 1968 comme creuset des passages entre le paradigme de l’avant-garde et celui du collectif et des réseaux, que nous lançons ici comme hypothèse, marque aussi une certaine inflexion, dans les mouvements militants, entre les conceptions « politiques » de l’avant-garde et des appareils, qui misaient sur le rôle précurseur et « éclairé » des petits groupes de militants préparant le terrain pour des partis de masse, fortement hiérarchisés, conception qui allait de pair avec celle de l’intellectuel prophétique. La critique de ces pratiques va mettre de l’avant des formes diverses de démocratie participative et de socialisation affinitaire, cherchant à éviter, entre autres, la concentration du pouvoir dans les mains des dirigeants. D’où, entre autres, le recours à l’anonymat et l’absence de structures officielles ; la ligne de séparation entre « collectif » et réseau, à cet égard, passant par la perception et l’affirmation d’une identité collective sur la scène publique, que ne connaissent pas les réseaux.

12Les cas à l’étude nous emmènent en Italie, en France, en Belgique et au Québec mais rien ne permet de penser que le phénomène soit géographiquement circonscrit. Plutôt que de résumer le propos chacune des contributions, nous rassemblerons dans les lignes qui suivent quelques observations et quelques hypothèses (tirées entre autres des cas étudiés dans le dossier) sur l’idée d’une littérature contemporaine conjuguée au collectif.

13Dans les diverses pratiques de ces collectifs transparaît un positionnement semblable : il s’agit de réunir des singularités autour d’un projet commun, non d’instituer un groupe. Dans les domaines artistique, littéraire et politique, on voit revenir régulièrement une distinction plus ou moins forte, plus ou moins frontale, entre collectifs et avant-gardes d’une part, entre collectifs et partis, syndicat et autres appareils aux structures hiérarchiques, à l’existence officielle et juridique fondée sur des programmes, chartes et règlements de l’autre. Avec le substantif « collectif » vient la volonté d’une activité commune basée sur l’action et non sur l’établissement d’une doctrine et sur une institutionnalisation rapide. Le refus de l’avant-garde et des mouvements sociaux « traditionnel » est sensible dans les dénominations choisies par les collectifs : plus jamais de substantif en -isme fixant une doctrine ; on se donne plutôt pour nom collectif un mot évocateur, inhabituel, frappant (Change, Zanzibar, Ramen, Tiqqun, Inculte, Perpendiculaire, Vacarme), une métaphore (Les fossoyeurs de rêves, Le Soleil des loups), un pseudonyme collectif (Roy Pinker, Luther Blissett et plus lointainement Nicolas Bourbaki) ou on met l’accent sur le regroupement même (La ligue de l’imaginaire, le Comité invisible). Dans tous les cas, il y a un effet de décalage entre la dénomination choisie et le champ dans lequel s’insère le collectif : il s’agit de se faire connaître et reconnaître mais de déjouer le jeu attendu de la reconnaissance symbolique.

14Défaire les attentes attachées au travail littéraire, intellectuel, politique ou littéraire, c’est aussi le rôle accordé aux textes programmatiques. La publication d’un ou de plusieurs manifestes avait été l’expression par excellence de l’avant-garde – on se souvient des neuf cents manifestes futuristes. « Ceci n’est pas un manifeste », écrivent Michael Hardt et Antonio Negri dans leur Déclaration. « Les manifestes ont le pouvoir des anciens prophètes, capables de donner naissance à un peuple par la seule puissance de leur vision. Les mouvements sociaux d’aujourd’hui ont renversé cet ordre, et voué les manifestes et les prophètes à l’obsolescence »13. Certains collectifs contemporains se donnent les moyens de l’expression manifestaire (Tiqqun) mais d’autres se contentent d’un « minifeste » comme le collectif Zanzibar14 ou signent le manifeste d’une littérature volontairement marginalisée (les Italiens de Sugarpulp15).

15Pour s’exprimer collectivement, les collectifs littéraires d’aujourd’hui se saisissent d’une panoplie de lieux de publication, avec souvent un intérêt marqué pour la matérialité de l’objet qui délivre un message tout en étant ce message. Pour les uns, ce sera la fondation d’une revue (Evidenz, Perpendiculaire, Inculte, Tiqqun), pour les autres, l’alliance avec un éditeur (Le comité invisible et La Fabrique, Mécanique lyrique et P.O.L.), la création d’une structure éditoriale (L’Association dans le domaine de la bande dessinée) ou encore la publication de livres (Constellations du Collectif Mauvaise troupe), de recueils (Les Enfants de la Lyre du groupe Chromatique), d’anthologies (Cannibali), de zines (Les Bêtes d’hier), de sites internet, de blogues, etc.

16L’institutionnalisation a été depuis le xixe siècle le principal et paradoxal danger de tous les groupes d’avant-garde. Pour survivre en tant que groupe, il faut se donner des formes d’organisation et de publication stables. La pérennisation du mouvement (littéraire, social, artistique) lui donne l’occasion de progresser dans un milieu concurrentiel et donc de voir les idées qu’il porte reprises mais cela se faisait au prix de l’effervescence collective des débuts. Au cours du processus d’institutionnalisation risque cependant de se perdre la raison même pour laquelle des individus jusque-là séparés – mais souvent liés par des liens d’amitié, de compagnonnage scolaire, de collaboration antérieure – ont soudainement changé dans leur rapport respectif aux autres pour former un nous pourvu d’une identité collective. Les individus partagent quelque temps ce moment que le sociologue italien Francesco Alberoni a nommé « l’état naissant » du groupe16 et dont le souvenir maintient ensuite, tant bien que mal, la cohésion.

17Pour éviter ce piège, les collectifs contemporains tablent sur une vie de groupe autre que celle transmise par l’histoire des avant-gardes politiques et littéraires. Ils se reconnaissent dans les termes de « comité », de « nébuleuse », de « troupe » et pas dans ceux de cercle, du groupe ou du cénacle. Ils privilégient aussi des modes d’organisation non hiérarchisée, moins exclusifs dans les rapports interindividuels, non réglés sur des réunions à date fixe ; les individus ne sont plus les membres d’un organisme qui les englobe mais les participants d’une expérience collective. On se réunit pour faire plus, ou autrement et pas pour faire vivre une structure. Face au spectacle de la décomposition sociale, il s’agit, à l’échelle du collectif, de former du « commun ». La réflexion sur la dynamique collective est au cœur de l’action collective. La phrase qui achève le manifeste « Eh bien, la guerre ! » de Tiqqun en dit long : « L'intelligence doit devenir une affaire collective ».

18Les mouvements sociaux des années 2010, qu’il s’agisse de ceux regroupés sous l’appellation de Printemps arabe, d’Occupy Wall Street, des Indignados, du Printemps érable ont tous porté, outre des revendications de divers ordres, des réflexions sur la forme même que doit prendre le collectif. Dans la continuité de ce qui avait pu se faire dans les années 1970, on préfère une politique d’en bas, fondée sur la capacité d’auto-organisation collective, à une politique d’en haut, centrée sur l’exercice du pouvoir d’État et la capture de la puissance collective au profit d’une élite prétendument compétente. Contre la désignation d’un leader, contre la monopolisation des prises de décision et des fonctions de représentation, on préfère les structures ad hoc, les fonctions temporaires et limitées, les mécanismes de contrôle réciproque. Et, plus souvent qu’autrement, quand vient le temps de passer à autre chose, le collectif se dissout sans fracas et sans amitiés brisées, comme une zone d’autonomie temporaire qui se sera refermée17.

19La même volonté d’horizontalisation et d’apaisement des rapports sociaux à l’intérieur du collectif est à l’œuvre dans la distribution de la parole, que l’on veut moins inégalitaire qu’auparavant. Tout en contestant le primat de l’individualité auctoriale18, les avant-gardes et les mouvements sociaux du xxe siècle avaient rarement réussi à se départir de la vedettarisation de quelques individus au nom du groupe tout entier. Certains collectifs contemporains explorent plutôt les voies de l’instance auctoriale collective et de l’anonymisation des individus (Comité invisible, Wu Ming, Mauvaise troupe, Kai Zen). D’autres préfèrent affirmer qu’ils forment une collection d’individus, une juxtaposition de singularités diverses, rassemblées non autour d’une doctrine commune mais d’une sensibilité, d’une préoccupation ou d’un projet. Ceux-là (Inculte, Vacarme) socialisent ponctuellement (ateliers d’écriture, happenings, conférences), collaborent souvent et mettent leurs réseaux à la disposition les uns des autres. Dans tous les cas, les collectifs rejettent au nom de l’égalité l’appropriation du capital symbolique par un porte-parole charismatique.

20Les termes d’indépendance et de pluralité semblent les plus à même d’identifier ce qui se joue dans les collectifs à l’étude : indépendancevis-à-vis des pouvoirs publics, du mainstream, des médias dominants, mais refus du maintien dans une marge après tout confortable. Indépendance, et pas autonomie au sens de Pierre Bourdieu : les intersections entre les champs, les disciplines, les approches, les performances, entre le littéraire et le politique, entre l’art et la culture populaire sont valorisées. Délaissant les oppositions massives terme à terme – classe vs classe, moderne vs traditionnel, art pur vs art commercial –, les collectifs expérimentent plutôt l’entre-deux. Parce qu’ils refusent les structures de masse hiérarchisées, qu’ils valorisent des structures horizontales et affinitaires, parce qu’ils reposent sur la normalisation de la coappartenance à plusieurs causes ou regroupements, parce qu’ils respectent une logique de proposition plutôt qu’une logique de rupture, parce qu’ils favorisent une approche micro-politique et réflexive sur une approche de conquête du champ, les collectifs littéraires s’inscrivent dans une postmodernité qui nous est contemporaine.