Colloques en ligne

Mathieu Brunet et université de Provence

Récits d’enfantement monstrueux et d’autres singularités de la nature et critique de la normativité de l’imitation dans le discours esthétique du XVIIIe siècle

1À partir d’une opposition entre exemple et cas, cette étude vise à montrer les transformations des discours esthétiques et naturalistes opérées par la réflexion sur les monstres au 18e siècle. Dans l’esthétique classique, le monstre constitue l’exemple le plus banal des limites du représentable. Or, à partir du milieu du 18e siècle, la pensée naturaliste confère aux monstres un statut particulier, dans la mesure où les écarts de la nature sont perçus à la fois comme les indices d’une nature plus complexe, et comme les objets les plus pertinents pour penser cette nouvelle nature : le monstre acquiert ainsi le statut de cas. Simultanément, la pensée et la pratique esthétiques tendent, sous la plume de Diderot et plus encore de Chassaignon, à opérer le même type de reconfiguration théorique et à bouleverser, à partir du monstre, toute la théorie normative de l’imitation.

2« Monstrosities and other natural singularities and the reconsideration of imitation’s normativity in 18th century aesthetics »

3Based on the opposition between example and case, this paper aims to examine how thinking about monsters in the 18th century transforms both aesthetic and naturalist discourses. In classical aesthetics, the monster is a common example for the barely representable. But as of mid-18th century, naturalist thought tends to give monsters a special status, since natural discrepancies are to be seen as signs of a more complex nature as well as the more relevant objects for theorizing this new nature : monsters become a case. Simultaneously, Diderot’s and above all Chassaignon’s aesthetical thoughts and practices experience the same kind of theoretical reconfiguration, and their reflexion upon monsters give way to a brand new theory of imitation, liberated from any normative reference.