Atelier | éditos

Critique et transfictionnalité

Critique et transfictionnalité

Le discours critique peut-il revendiquer une activité qui relève de l'imagination fictionnelle ? Est-il à même d'assumer une dimension transfictionnelle ? En d'autres termes : peut-il s'autoriser à étendre délibérément la diégèse du texte pour pouvoir le commenter ? Telles étaient les questions adressées par Marc Escola à Richard Saint-Gelais, au terme d'une relecture du dernier chapitre de Fictions transfuges (Seuil, 2011) menée dans le cadre d'un séminaire sur les parafictionnalisations tenu au printemps 2023 à l'Université de Lausanne. À la rubrique "Transfictionnalité", l'Atelier de théorie littéraire accueille la transcription de ce dialogue sous le titre "Critique et transfictionnalité".

Arts littéraires

Arts littéraires

L'exercice de la littérature n'est pas, en soi, attaché à la forme matérielle du livre : on pourrait résumer trois cents ans d'histoire de la littérature et du livre en disant qu'il y a eu une accointance profitable entre la montée d'une pratique culturelle et celle d'une industrie avec l'entrée dans la culture médiatique. La quasi-équivalence qu'il faut constamment déconstruire entre l'œuvre littéraire et son support a longtemps repoussé dans l'ombre des pratiques d'écriture et de diffusion qui n'empruntaient pas la forme du codex : performances orales (de poésie) ; tracts et affiches ; lectures publiques de textes ; diffusion dans les journaux et périodiques ; publications artisanales ; expositions de textes littéraires ; spectacles de contes... Ces formes et contextes, jugés mineurs par contraste (symbolique et quantitatif), restent depuis toujours des manifestations satellitaires du phénomène littérature, de mieux en mieux étudiées. René Audet avance dans l'Atelier de théorie littéraire une proposition d'ensemble pour une cartographie des arts littéraires.

La mémoire matérielle de la littérature

La mémoire matérielle de la littérature

Que reste-t-il des années 60-70 dans la littérature d'aujourd'hui ? se demandait Dominique Viart dans le texte conclusif du volume Amnésies françaises à l'époque gaullienne (1958-1981) publié en 2021 sous la direction de Nelly Wolf (Classiques Garnier). Il donne aujourd'hui à l'Atelier de théorie littéraire une nouvelle version de cet essai sous le titre "Les objets et la mémoire matérielle : regards contemporains sur les années Soixante". Il y fait la démonstration que, pour les textes littéraires comme pour les œuvres cinématographiques, ce sont les objets qui permettent d'identifier une période : les voitures, la signalisation, les objets quotidiens, les publicités (que l'on appelait alors les "réclames")… Nombre de textes contemporaons s'attachent ainsi à la présence et à la qualité des objets, en leur conférant un statut nouveau dans l'espace romanesque : Annie Ernaux dans Les Années, Jean Rouaud dans les premiers volumes de sa fresque familiale, François Bon dans Mécanique et Temps machine, Pierre Bergounioux, Jean Echenoz ou encore Pascal Quignard.

L'essai de Dominique Viart trouve logiquement sa place à l'entrée Chose de l'Atelier de théorie littéraire. Rappelons le récent dossier critique sur la culture matérielle, au sommaire de mars d'Acta fabula sous le titre : "Les objets mode d'emploi", à l'initiative de Joséphine Vodoz.

Photo.: La 2 CV sous la pluie, Paris, 1957 ©Sabine Weiss, coll. Photo Élysée, Lausanne.

Résolument épimodernes !

Résolument épimodernes !

L'Atelier de théorie littéraire avait publié un extrait de l'essai d'Emmanuel Bouju, Épimodernes. Nouvelles « leçons américaines » sur l'actualité du roman lors de sa parution en libre accès aux éditions Codicille (Québec) en 2020 : "Le disque magique de l'autorité. Sur le dernier roman de Roberto Bolaño". Il donne aujourd'hui à lire le texte de l'entretien de l'auteur avec Matthieu Messager, paru dans la livraison de décembre 2022 de la revue Europe : "Pour une critique épimoderne. Entretien avec Emmanuel Bouju".

De la reconnaissance

De la reconnaissance

La collection "Théorie de la littérature" des Classiques Garnier accueille la version française, très attendue, de l'essai de Terence Cave : Poétiques de l’anagnorisis. Le poéticien y retrace l’histoire du terme et explore les enjeux théoriques fondamentaux du procédé. La scène de reconnaissance est en effet aussi populaire qu’elle est suspecte aux yeux de la critique. Fabula vous invite à lire la Préface à cette traduction française, signée par Terence Cave…

En mai dernier, Nathalie Kremer faisait paraître avec Kris Peeters et Beatrijs Vanacker le volume La Reconnaissance littéraire. Hommages à Jan Herman dans la collection "La République des Lettres" (Peeters), qui traite de la question de la reconnaissance littéraire sous trois angles d'approche : diégétique, comme ressort de l'intrigue ; poétique, comme mécanisme par lequel l'œuvre romanesque se donne à lire et à reconnaître comme fiction ; pragmatique, comme facteur de réception et de transmission culturelle des textes de l'Ancien Régime. Fabula donnait alors à lire le texte intégral de l'Introduction…

Pour l'Atelier de théorie littéraire de Fabula, Nathalie Kremer a extrait deux réflexions de sa propre contribution, sur le sens de la reconnaissance selon Paul Ricœur et sur le travail oblique de la reconnaissance dans les fictions du XVIIIe s., réunies sous le titre "Signes de reconnaissance"…

Dialogue entre une romancière et un linguiste

Dialogue entre une romancière et un linguiste

Spécialiste de sciences du langage, Alain Rabatel a consacré quatre articles successifs aux spécificités du discours rapporté (ou discours représenté) dans les romans noirs de Dominique Manotti : Sombre sentier, À nos chevaux, Nos fantastiques années fric, Racket et Marseille 73. Les occurrences étudiées étaient si novatrices et singulières en elles-mêmes, comme pour leur rapport avec la narration et la position de la narratrice envers ses personnages et les univers représentés, que le théoricien a eu l'envie d'en savoir plus, en dialoguant avec la romancière, par ailleurs historienne de profession. C'est cet entretien resté inédit que l'Atelier de théorie littéraire de Fabula donne à lire, sous le titre : "La représentation des discours des personnages, la narration, la vie et le lecteur. (Dialogue entre une auteure de romans noirs et un linguiste)", par Dominique Manotti et Alain Rabatel.

Le goût de la publicité

Le goût de la publicité

Après Portraits de l'écrivain en publicitaire, un volume de La Licorne édité avec Laurence Guellec aux Presses Universitaires de Rennes, qui s'attachait aux grands noms des belles-lettres qui à l'instar de Valéry, Cendrars, Giono ou Queneau, ont signé des textes publicitaires, et Pages de pub. Anthologie documentaire, établie avec David Martens pour une livraison d'Histoires littéraires, ou encore en amont Circulations publicitaires de la littérature, une livraison d'Interférences littéraires/Literaire interferenties, supervisée par les trois spécialistes, Myriam Boucharenc fait paraître aujourd'hui aux excellentes éditions Champ Vallon L’écrivain et la publicité. Histoire d’une tentation. Car la "déesse publicité", qui triomphe à l’Exposition internationale de 1937, peut se vanter d’avoir séduit de nombreux écrivains, et non des moindres. Mais se souvient-on des slogans, plaquettes et catalogues signés Cocteau, Colette, Cendrars, Valéry et Claudel même, Louise de Vilmorin, Giono, Ponge ou encore Sollers ? De la Belle Époque aux Trente Glorieuses – et jusqu’à aujourd’hui –, de grands noms des lettres ont osé prêter leur talent et parfois leur image aux marques du commerce et de l’industrie, aux nouilles Rivoire & Carret comme aux parfums Lanvin. Illustré d’images d’archives et de collections, cet essai ressuscite l’histoire occultée de cette publicité d’auteur, à lire et à voir : surprenante, drôle, souvent très belle. Il interroge la tentation – celle de vendre l’âme de la littérature au diable marchand –, qui a permis aux écrivains de se médiatiser, de gagner leur vie en divertissant leur plume, non sans enrichir leur œuvre où coule discrètement de l’encre de source publicitaire. Fabula vous invite à parcourir le sommaire… mais aussi et surtout à lire dans l'Atelier de théorie littéraire de Fabula un extrait de l'ouvrage : "Publicité sous influence littéraire".

La littérature et le vernaculaire

La littérature et le vernaculaire

Comment la littérature et les sciences sociales abordent-elles les "mondes vernaculaires" ? En quoi les techniques d’observation, de description et de représentation, en partie partagées par les ethnologues et écrivains, proposent-elles sur le sujet des interprétations et des documents précieux ? Dans Écrire les mondes vernaculaires, sous titré Littérature, ethnologie et création sociale (Tangence éd.), Jérôme Meizoz s’interroge sur le potentiel de création sociale présent dans les savoirs littéraires et ethnologiques, en parcourant, à partir des approches d’Ivan Illitch et de James Scott, des façons de faire, des pratiques locales régulées moins par des normes scientifiques ou étatiques que par l’expérience accumulée de ceux qui les mettent en œuvre (langue, cuisine, architecture, etc.). Fabula donne à lire l'introduction de l'ouvrage…, et l'Atelier de théorie littéraire en accueille un large extrait pour former une entrée "Vernaculaire (littérature et langue)".

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