Calvino retient certaines valeurs de l'œuvre proustienne : « multiplicité », « rapidité », « consistance » (Leçons américaines) et attire ainsi l'attention sur la capacité de la littérature à traduire une expérience cognitive. Ce que je propose, à travers la présentation de divers rythmes poétiques, est une réflexion sur la vitesse mentale et la capacité de la littérature à rendre compte des mécanismes d'appropriation et de propagation du sens.
« Peut-être un matin » est le début d'un poème d'Eugenio Montale (années 1920) qui met en scène un moment de vertige de l'être qui, se retournant assez vite sur lui-même, aperçoit le néant (ou l'apercevra « peut-être », s'il est assez rapide). Le poème a fait l'objet d'une lecture de Calvino qui s'en sert pour poser la question des rythmes de l'esprit et du monde, par rapport auxquels cherche à s'édifier celui de la poésie. Le poème me servira de point de vue sur l'art proustien de la rétrospection : il éclaire en effet la question du rythme de l'écriture (Woolf et García Márquez offrant d'autres points de comparaison intéressants).