La description combine une fonction de représentation (en donnant la priorité au référent, sur lequel elle peut se contenter de greffer une liste de prédicats) et une fonction esthétique (lieu d'exhibition de littérarité, elle constitue aussi un espace d'émulation du discours avec les arts de la représentation, émulation que les figures de l'ekphrasis ou de l'hypotypose actualisent tout particulièrement). Rétablie au rang d'objet théorique essentiel par les travaux de Ph. Hamon, elle a suscité dans les dernières décennies des approches très diverses: formelle (c'est l'établissement, en particulier par Ph. Hamon, d'une syntaxe du descriptif, qui fait de la decription le lieu d'une "conscience paradigmatique de l'énoncé"), cognitive et anthropologique (c'est la question des mécanismes de référenciation et de schématisation propres au régime descriptif), rhétorique (c'est par exemple le problème du rôle de l'épidictique dans l'établissement d'une littérature autonome, ou de la place des lieux communs dans les morceaux descriptifs), textuelle (dans une approche séquentielle des textes, la description pose des questions particulières d'ordre et de lisibilité ).

Dans toutes ces approches émerge le problème de la distinction de la description et de la narration, et de la pertinence de cette ligne de partage: "l'opposition entre narration et description, d'ailleurs accentuée par la tradition scolaire, est un des traits majeurs de notre conscience littéraire" (Genette) Comment cette opposition modèle-t-elle par exemple notre pensée de la fiction, de la référence, ou de la constitution historique des genres?

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