Atelier

Considérée comme un trope, l'ironie est un phénomène du discours. Que devient-elle transcrite dans une oeuvre, et existe-t-il une ironie écrite? Se pose alors la question des rapports entre oralité et écriture. La naissance de l'iornie romantique marquerait-elle l'entrée dans l'ère de l'écriture ? F. Schlegel semble à la fois chercher une ironie écrite, qui pourrait conserver son sens même lue à des époques ultérieures, et donc ne pas se référer à un contexte historique précis, mais aussi rechercher la possibilité d'un dialogue éternel avec le lecteur. On peut alors penser qu'il s'agit moins pour lui d'inscrire l'auteur dans son texte, comme l'ont répété des générations de critiques, que d'y inscrire des marques de subjectivation qui obligeront le lecteur à reconstruire un arrière fond au texte. Cette hypothèse permet de tenir ensemble les deux théories irréconciliables de la polyphonie narrative et de l'impersonnalité de l'écriture, sans en trahir entièrement la singularité. Chacune de ces deux hypothèses, ainsi que celle que nous proposons, engage une représentation du langage aussi bien qu'une représentation de l'esprit : d'un côté, le langage donne à entendre un esprit qui se subdivise en instances, de l'autre, il réfléchit de façon opaque un esprit dont les profondeurs sont de part en part langagières. En faisant l'hypothèse d'un dialogue intérieur, d'une représentation polyphonique de l'esprit pour la pensée moderne, on peut tenir ensemble l'absence d'antériorité au langage et la pluralité intérieure, la contradiction du texte et l'absence de voix. Mais cette hypothèse serait à étayer.

Marie de Gandt

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Dernière mise à jour de cette page le 14 Avril 2005 à 7h59.