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Ne pas ne plus actualiser — retour sur les lectures actualisantes, du côté du monde, par François-Ronan Dubois (Université Stendhal — Grenoble 3)

Réponse de François-Ronan Dubois aux propositions avancées par Yves Citton, Sophie Rabau et Arnaud Welfringer lors de la sixième séance (mars 2012) du séminaire Anachronies.




Toute discorde et toute erreur viennent de ce que les hommes cherchent leur élément commun eneux, au lieu de le chercher dans les choses derrière eux, dans la lumière, dans le paysage au début et dans la mort. Ce faisant, ils se perdent et n'y gagnent rien en échange. Ils se mélangent, faute de pouvoir s'unir. Ils se tiennent l'un à l'autre sans pourtant parvenir à assurer leur pas, car ils sont tous deux titubants et faibles; et à vouloir ainsi se soutenir l'un l'autre ils épuisent toute leur force, au point de ne pouvoir pas même pressentir, tournés vers le dehors, le son que fait une vague.
Rainer Maria Rilke, Notes sur la mélodie des choses, trad. de l'allemand par Bernard Pautrat, Paris: Allia, 2008, XXXVII, 55.


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Si je devais illustrer une réflexion sur les anachronies et donner une image à des essais qui se proposeraient de méditer sur le rapport des théories modernes aux textes anciens, moi qui travaille depuis quelques années maintenant sur La Princesse de Clèves, qui peut-être suis quelque chose comme, dit-on, un «spécialiste» de La Princesse de Clèves (c'est-à-dire, si j'ai bien compris, une sorte de parasite sadique), je ne choisirais peut-être pas La Belle Personne de Christophe Honoré. A vrai dire, si je songe à tous les films que l'on a consacrés à cette œuvre, je ne suis pas certain de trouver mon bonheur. Je ne choisirais certes pas La Princesse de Clèves de Jean Delannoy, et ses jolis costumes, et ses jolis décors; je ne choisirais pas La Lettre de Manoel de Oliveira et sa froideur marmoréenne et je ne choisirais pas La Fidélité d'Andrzej Zulawski ni même Nous, Princesses de Clèves de Régis Sauder.

Si je devais illustrer une réflexion sur les anachronies et exprimer par une image ce qu'il y a à mon sens de profitable dans cette interrogation un peu étrange du passé par le présent, il me semble que je choisirais Salò o le 120 giornate di Sodoma de Pasolini. La différence entre La Belle Personne et Salò pour moi est grande — je ne veux pas seulement dire, bien entendu, qu'avec l'un on se promène agréablement dans la belle architecture d'un lycée de la bourgeoisie parisienne tandis qu'avec l'autre on viole et on nage dans les excréments, mais plutôt que le premier mime La Princesse de Clèves à notre époque et que le second utilise Les 120 Journées de Sodome pour en faire quelque chose.

Dans La Princesse de Clèves, tout le monde est noble, élégant, beau, s'exprime bien, évolue dans un petit monde fermé où l'on sertit ses bijoux et où l'on se fait peindre. Quand je regarde La Belle Personne, c'est à peu près la même chose que je vois en effet: je vois la bourgeoisie moderne comme j'ai vu la noblesse d'Ancien Régime, je vois des chansons qui me rappellent Jacques Demy comme La Princesse de Clèves me rappelait Clélie et je sens qu'il y a là une certaine culture, un certain entre-soi — une certaine société, en somme. La Belle Personne fait une Princesse de Clèves pour les bourgeois du vingt-et-unième siècle.

Avec Les 120 Journées de Sodome, Pasolini ne procède pas de la même manière. Il ne dit pas : voyez, Les 120 Journées de Sodome, aujourd'hui, c'est cela. Il ne réalise pas, par exemple, Les Liaisons dangereuses 1960 de Roger Vadim. Il dit: le fascisme, la République de Salò, c'est une perversion aussi fondamentale, aussi systématique, aussi totale de l'humanité que l'expérience du château de Sodome chez Sade. Le sexe de Salò, ce n'est pas le sexe des 120 Journées; il ne dit pas la même chose, il n'est pas un mime qui rend plus perméable à notre esprit moderne un texte déjà trop ancien pour être visible, il est un emploi de ce texte pour dire autre chose, non tant sur le texte lui-même, que sur notre monde, à nous.


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Lors de la sixième séance du séminaire «Anachronies— textes anciens et théories modernes», publiée avec les autres ici dans L'Atelier de Fabula, Sophie Rabau propose de ne plus actualiser et cette proposition me semble un peu curieuse.

D'abord, je n'ai pas l'impression que l'on actualise beaucoup et je crois que si j'étais un historien de la littérature farouchement campé sur mes positions, je ne craindrais pas grand-chose de ces travaux quantitativement anecdotiques qui paraissent. Si je voyais fleurir dans toutes les revues des articles qui m'inviteraient à lire les banquets de Rabelais comme une critique grotesque de la société de consommation et Le Père Goriot comme une discrète évocation de la crise de subprimes, je commencerais peut-être à me demander si ce bel enthousiasme ne nous éloigne pas un peu de nos objets; mais le ciel n'est pas encore très menaçant.

Pour en revenir ensuite au cœur du propos, il faut voir que ce sont deux choses très différentes que de dire qu'il «n'existe pas de littérature ancienne en tant que telle» et que «l'ancienneté est une altérité que l'on peut vouloir rencontrer dans sa différence» (cf. «Deux raisons de ne plus actualiser et cinq brèves propositions pour ne plus actualiser», Sophie Rabau) et l'on peut vouloir discuter de l'actualisation de l'un ou l'autre point de vue, mais assurément pas des deux en même temps.

Il ne me paraît pas qu'Yves Citton ait jamais demandé que l'on ne fît qu'actualiser, mais plutôt qu'il aimerait que l'on n'historicisât pas toujours. De ce point de vue, l'actualisation se conçoit comme un battement dialectique, c'est-à-dire à la fois la marque d'une présence et le signe d'une absence. Sans historicité, il n'y a pas d'actualisation, mais sans actualisation, l'historicité tend à se naturaliser. Si nous ne faisons que lire les textes dans le réseau de leur histoire originelle, alors nous les condamnons à n'être que l'expression de cette histoire et précisément cette ancienneté ne se concevra pas comme l'autre de notre présent, mais comme la qualité inhérente à tout texte d'être toujours déjà révolu.

Qui cherche à discuter de l'actualisation paraît devoir adopter la première plutôt que la seconde des raisons, celle-là même que Sophie Rabau développe le plus, justement. Savoir: qu'il n'y a pas de littérature ancienne mais que les œuvres existent en dehors du temps linéaire, parce qu'elles sont coupées de leur origine, qu'elles n'ont plus la matérialité restreinte du document historique, précisément parce que leurs textes existent indépendamment de ses incarnations de papier ou d'électrons.


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Il y a là un optimisme qu'il n'est guère possible que d'envier. Ce que décrit Sophie Rabau dans sa première proposition est assurément l'une des fins possibles de l'actualisation, c'est-à-dire l'un des moments de son existence où, ayant atteint son but, elle cesse d'être elle-même nécessaire, de la même façon que, pour reprendre une image bien connue, la plante est la fin de la graine. L'actualisation entretient avec l'atemporalité évoquée par Sophie Rabau un rapport à la fois nécessaire et contradictoire. La question est donc de savoir si le temps de la nécessité (qui se trouve être justement la nécessité du temps) est bien révolu.

Or, si je ne trouve pas, dans le flot (du reste assez modeste) de la bibliographie critique récente consacrée à La Princesse de Clèves ou aux autres œuvres qui m'occupent, si je ne trouve pas dans la liste des ouvrages proposés à la recension par Acta Fabula, beaucoup de tentatives d'actualisations qui puissent faire frémir un historien sévère, je trouve encore beaucoup de titres soigneusement encadrés par des siècles et je vois que l'on lit Lafayette avec Descartes, Pascal et Racine, plutôt qu'avec Woolf, Mitchell et Joyce.

Il reste donc un chemin à faire. Tel est le rôle des cinq propositions avancées par Sophie Rabau. Seulement, il ne me paraît pas que ces propositions soient exclusives de l'actualisation et qu'il soit impossible de se livrer à la fois (je veux dire: dans une même carrière, dans un même colloque, dans une même revue) aux unes et à l'autre. C'est un premier point.

Le second, c'est que si ces propositions sont toutes profitables pour ce qui est du texte, elles n'ont pas la même force pour ce qui est des institutions. L'actualisation est un dialogue, parfois une polémique, avec l'histoire littéraire, tandis que l'étoilement de future éternité proposé par Sophie Rabau est un pas de côté; il a la vertu de s'adresser aux textes, et fort efficacement, mais non celle de dé-naturaliser les pratiques préalablement existantes. En d'autres termes, il est une méthode, mais non une méthodologie.


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Toute discussion des limites de l'actualisation et de son éventuel détournement me paraît en réalité devoir se faire à deux niveaux ou, si l'on préfère, de deux cotés: de celui des textes et de celui de ce qui n'est pas le texte —le monde en général, les institutions en particulier. Lire, interpréter, actualiser: pourquoi les études littéraires?, comme l'a rappelé ici Arnaud Welfringer («Actualiser ou inactualiser?»), n'est pas seulement un ouvrage de théorie littéraire ou de méthodologie, mais également une charge contre une certaine conception de l'activité interprétative au sein de la société contemporaine.

L'actualisation ne consiste pas à écraser la distance entre le présent et le passé et à montrer que La Princesse de Clèves nous parle aussi de la vie d'un lycée bourgeois; elle consiste à donner du sens au fascisme à partir de Sade. Le propos de l'actualisation, en dernier lieu, est d'ordre politique. Or, dans la mesure où ce rôle politique de l'interprétation actualisante est de dire autre chose que ce qui est, cette interprétation ne saurait avoir pour dessein de nous rendre familiers des textes anciens ou simples des systèmes complexes, mais au contraire d'étranger ce qui nous est familier et d'emmêler ce qui paraitrait sinon trop évident.

L'actualisation nous permet de déléguer à d'autres voix ce que nous ne pourrions dire sans être parfaitement ridicules nous-mêmes. Puisque nous sommes cela même que nous voudrions dire autrement, puisque, pour reprendre une métaphore de Rilke, nous vivons précisément sur l'île que nous souhaiterions pouvoir observer d'un peu plus loin, pour ne pas répéter ce qui nous horrifie, et je renvoie au texte de Deleuze qu'Yves Citton cite ici («Détourner l'actualisation»), il nous est nécessaire que quelqu'un d'autre parle pour nous.

A «A comme Animal», dans L'Abécédaire de Gilles Deleuze par Pierre-André Boutang, interrogé par Claire Parnet, à propos de la célèbre phrase d'Artaud «J'écris pour les analphabètes», le philosophe disait encore ceci:

L'écrivain, il écrit pour des non-lecteurs, c'est-à-dire pas à l'intention de, mais à la place de. […] C'est pas l'affaire privée de quelqu'un, écrire; c'est vraiment se lancer dans une affaire universelle.

Or la lecture actualisante, devant le texte dont elle dit l'historicité qu'elle se propose de nier pour un temps, est précisément une non-lecture, du point de vue de l'auteur de ce texte, puisqu'elle est, par définition, cette lecture que l'auteur, faute de possibilité, n'a pas pu envisager. Elle se saisit de ce que l'on a dit pour elle à sa place, sans se soucier de ce qu'avait été l'intention de dire, dont Sophie Rabau a justement souligné qu'elle s'efface une fois la chose dite.


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L'actualisation, qui exprime un problème donné en des termes littéraires, transforme du particulier en universel, elle transforme «mon problème» en «un problème». A nouveau, étrangement plutôt que familiarisation. Faire une critique féministe de La Princesse de Clèves, ce n'est pas toujours traiter le texte très exactement, c'est passer sur bien des subtilités de l'univers mental complexe et difficilement perméable dans lequel s'inscrit le roman, mais c'est aussi rendre le désir féminin étrange, grâce aux choix parfois incompréhensibles de l'héroïne, pour affirmer que ce désir n'est pas naturel et qu'il ne saurait y avoir de féminisme qui soit un essentialisme.

L'actualisation s'accompagne d'un degré d'explicitation des enjeux politiques de l'interprétation beaucoup plus important que celui que l'on pourrait trouver aujourd'hui dans n'importe quelle autre théorie farfelue (ou audacieuse, si l'on préfère). Sans doute lui trouverait-on quelque chose de la brutalité des interprétations marxistes et en effet une interprétation actualisante force le texte à dire quelque chose du monde moderne; elle est très loin de l'étoiler, d'en produire les possibles, de le multiplier, de le fractionner, de le soumettre à une rhétorique ou à une poétique de la variabilité.

Ce qui distingue cependant l'actualisation des interprétations marxistes que le siècle dernier a pu produire, c'est que l'actualisation ne dit pas «le texte, c'est cela» (l'expression de la lutte des classes, par exemple), mais «le texte peut dire quelque chose comme cela» et cette chose que dit le texte, ce n'est pas encore notre monde à nous. Par exemple, le texte dit quelque chose comme «le pouvoir est une dépravation sexuelle», mais notre réalité à nous, dans la République de Salò, ce n'est pas encore exactement cela: c'est une autre sorte de perversion que nous cherchons à dire, de proche en proche.

Ainsi, non seulement l'actualisation n'est-elle pas, pour le texte, une méthode exclusive de son interprétation, qui empêche que par ailleurs on l'historicise ou qu'on l'atemporalise, mais elle n'est pas non plus une méthode de production d'un savoir définitif sur le texte; bien plutôt, elle est un discours transitoire: le texte permet de parler et l'interprétation donne à penser. C'est en cela qu'elle est l'opposé de ce que Nicolas Sarkozy prêtait à ses examinateurs fictifs des concours fictifs d'hypothétiques guichetières de la poste: elle forme une habitude à penser plutôt qu'elle ne donne une pensée.


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Pour être tout à fait honnêtes, nous devons envisager que l'actualisation s'adresse à deux types de personnes: ceux qui sont des professionnels de l'interprétation (les chercheurs, les professeurs, les étudiants en lettres) et ceux qui n'en sont pas (tous les autres). A l'égard de chacun de ces deux groupes de personnes, l'actualisation a un rôle différent.

A ceux qui ne sont pas des professionnels de la littérature, l'actualisation montre les œuvres passées du doigt et dit: lisez. Ne plus actualiser, c'est laisser l'institution continuer à faire ce qu'elle fait si bien: figer les œuvres dans le marbre et affirmer aux élèves, année après année, programme après programme, que les œuvres sont du passé. Bien sûr, pour le professionnel de la littérature, qui écrit avec derrière lui une étagère qui va de l'Anthologie de la poésie japonaise classique aux traductions de Yourcenar, ce geste est une évidence et, de ce point de vue, ce professionnel a plutôt intérêt à explorer les textes en poéticien qu'en politicien.

A ceux qui sont des professionnels de la littérature, l'actualisation montre le monde du doigt et dit: parlez. Ne plus actualiser, c'est laisser la critique continuer à faire ce qu'elle fait si bien: se réfugier en elle-même, dans ses théories ou dans ses histoires, parler des livres pour parler des livres, parler de ses propres théories et de ses propres histoires, faire la théorie de sa théorie et l'histoire de son histoire, l'histoire de sa théorie et la théorie de son histoire — toutes entreprises extrêmement utiles, mais hors du monde.

L'écrivain qui écrit pour les analphabètes n'écrit pas pour que les analphabètes le lisent, puisqu'ils en sont incapables. Si personne ne le lit et ne l'amène vers cette chose non-littéraire, irréductiblement politique et réelle, le monde, le monde qui n'est pas un être de papier mais de chair et de sang, alors l'œuvre reste universelle, c'est-à-dire virtuelle; actualiser, ce n'est pas moderniser et familiariser, c'est permettre à l'œuvre d'incarner sa précieuse altérité.


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Dans ses Histoire(s) du cinéma, Jean-Luc Godard dit que le cinéma nait en noir et blanc, parce qu'il ne saurait être autrement qu'en deuil, puisqu'il est toujours l'enregistrement d'un monde déjà mort. «Quand je lis l'inscription du commencement, écrit Sophie Rabau, personne ne commence plus»; quand je lis, je tire toujours le texte vers ce qu'il n'a jamais été et, quand même ma lecture aurait pour but de lui restituer un contexte, je ne ferais que signaler que ma lecture première, intuitive, nécessairement moins documentée que ma reconstitution, est une actualisation.

A moi de m'arranger désormais avec mon paradoxe et les solutions pour cela ne manquent pas.

Je peux être l'humble historien qui remet sans cesse son matériau à l'ouvrage, dans l'espoir de se rapprocher toujours un peu plus de ce temps révolu, de redevenir peut-être une sorte de lecteur d'époque, comme le meuble d'époque est un signe incongru du passé, mais un lecteur surhumain, qui aurait dédié sa vie à l'étude de son propre temps et de sa propre littérature, bref, un lecteur très éloigné des lecteurs de l'époque.

Je peux décider que le temps n'est pas linéaire, mais en sentant moi-même l'audace de cette proposition, je ne puis que me rendre à l'évidence de sa contradiction. En procédant de la sorte, je ne fais pas autre chose que d'appliquer une théorie moderne au texte et l'actualiser. Mon drame est alors de ne pas pouvoir proclamer la fin du Temps sans avoir conscience de la modernité de mon entreprise.

Je peux décider que le temps est linéaire, que le texte passé est passé, qu'il est quelque chose d'autre que moi-même et m'emparer de cette altérité pour repousser un peu loin de moi mon présent et le mieux observer. J'aurais agi dans mon monde, pour et par mon texte, avec des réussites et des échecs, des grandeurs et des ridicules, parce que je n'aurais pas été le maître de mes propres critères de réussite, je n'aurais pas été un littéraire qui construit du littéraire, mais un littéraire qui construit du politique.

Je peux aussi tout faire successivement. Il me paraît parfois que nous avons hérité de l'affrontement entre l'histoire littéraire et la Nouvelle Critique l'impression, peut-être trompeuse aujourd'hui, qu'il ne saurait y avoir qu'une bonne réponse à la question «comment interpréter les textes?», comme si l'université était encore trop petite pour les gens qui aiment les dates et ceux qui aiment les tableaux à double entrée. Ne pas vouloir ne plus actualiser, ce n'est pas vouloir à toute force actualiser, mais c'est se réserver la possibilité de continuer à donner aux textes la parole des autres.


François-Ronan Dubois


Pages de l'Atelier associées: Anachronies, Actualisation, Lecture, Interprétation.



Séminaire Anachronies, Séance 6 (09 Mars 2012): Actualiser?

  • Deux raisons de ne plus actualiser et cinq brèves propositions pour ne plus actualiser, par Sophie Rabau.




François-Ronan Dubois

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Dernière mise à jour de cette page le 4 Novembre 2012 à 18h59.