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"Maupassant et Le Corbeau dans "La Pléiade", par Jacques Bienvenu.


Cet article, consacré à une supercherie littéraire touchant à l'édition des Contes et nouvelles de Maupassant, témoigne des débats que l'édition et l'attribution des textes suscitent ; sa visée polémique n'engage que son auteur (note de l'Atelier de Fabula).



Maupassant et le corbeau dans "La Pléiade"


Les souvenirs de Madame X sur Guy de Maupassant publiés en revue respectivement en 1912 et 1913 constituent une extraordinaire mystification littéraire qui a duré presque cent ans. Toutes les biographies et tous les travaux sur l'écrivain normand y ont fait référence. Une femme inconnue qui se disait la plus aimée de l'écrivain y donnait une confession surprenante, révélant de belles lettres d'amour d'un homme qui avait pourtant défendu avec acharnement le secret de sa vie privée. La qualité de ses souvenirs, les propos de l'écrivain qu'elle disait avoir soigneusement notés dans un petit cahier ont fait l'objet de commentaires approfondis dans une célèbre étude d'André Vial sur Maupassant. La dernière biographie de Maupassant publié en 2003, reproduit plus que les précédentes les lettres enflammées de l'auteur de Boule de suif. Pourtant, j'avais commencé à dénoncer ce canular en l'an 2000 mais il a fallu huit années pour que «la Pléiade» sur Maupassant qui avait largement cité le texte du faussaire, reconnaisse enfin la mystification, et ceci dans la plus grande discrétion...

C'est l'histoire de cette affaire qui a duré huit ans pour faire triompher la vérité qui est révélée ici.

Tout commence le 25 octobre 1912 lorsque paraît un article d'une trentaine de pages, publié dans La Grande Revue, “Guy de Maupassant intime” -( notes d'une amie) - dans lequel une certaine madame X rapporte ses souvenirs sur Guy de Maupassant. Elle précise qu'elle a tout fait pour ne pas être reconnue et révèle qu'elle fut “la plus aimée” de l'écrivain. Cet article anonyme présentait des anecdotes et des souvenirs qui, par leur style et la précision des détails, ont paru très convaincants. L'inconnue y reproduisait une lettre de Guy, qui figure actuellement dans sa correspondance publiée par Jacques Suffel. Quelques mois plus tard, le 25 mars et le dix avril 1913, la mystérieuse madame X publiait dans la même revue la suite de ses souvenirs. On y divulguait d'autres lettres d'amour de Guy à la correspondante anonyme. Le style de ces lettres porte incontestablement la facture de Maupassant.

Pendant une longue période, il ne semble pas que ces révélations aient été contestées. Pourtant, dans l'histoire qui nous préoccupe, un homme avouait avoir été l'auteur des souvenirs de madame X. Le 10 juillet 1932, dans l'Esprit Français paraissait un article d'un certain Aurèle Patorni qui avait recueilli les confidences d'un écrivain oublié aujourd'hui : Adrien Le Corbeau. Aurèle Patorni annonce la mort d'Adrien Le Corbeau dont il rappelle qu'il est l'auteur de trois livres : Le gigantesque, L'heure finale et le couple nu préfacé par Mme de Noailles, que les critiques avaient salués à l'époque en termes élogieux. Il dévoilait dans cet article qu'Adrien Le Corbeau lui avait révélé que c'était lui qui avait écrit les fameux souvenirs sur Maupassant.

Il n'y avait pas de raisons d'écarter ce témoignage a priori. Il est vrai que s'appeler Le Corbeau, c'était presque trop beau pour un faussaire ! Mais toutes vérifications faites Le Corbeau a bien existé et ce que dit Patorni de ses ouvrages est exact. De plus, on imaginerait difficilement que le journaliste ait inventé cette histoire de faux au moment où il annonçait la mort de l'écrivain. Il eut été vraiment inconvenant de trahir sa mémoire en cette circonstance. Mais pour les historiens de la littérature cette divulgation a été tranchée de façon brutale par un certain Léon Deffoux en 1939 qui affirmait que les lettres étaient authentiques et précisait le nom de l'auteur: une certaine Hermine Lecomte du Noüy. Hermine Lecomte du Noüy était une amie de Maupassant connue pour avoir publié, d'abord de façon anonyme, un livre intitulé Amitié amoureuse (1896), roman par lettres qui était une énigme car ce livre pourrait contenir, comme le souligne Jacques Suffel, d'authentiques lettres de Maupassant ; puis elle fit publier des ouvrages comme En regardant passer la vie (1903), dans lequel elle relatait des souvenirs sur Maupassant en précisant qu'elle tenait un journal, tout comme la mystérieuse madame X. C'est ce qui autorisait Léon Deffoux à écrire qu'elle avait pour ainsi dire authentifié d'avance les souvenirs de La Grande Revue. Mais c'est surtout André Vial, grand spécialiste de Maupassant, qui a définitivement accrédité les articles de La Grande revue en citant plus de quinze fois, dans sa fameuse thèse, les fameux souvenirs. L'affaire a été réglée et il n'est plus venu à personne l'idée de contester les écrits de Mme X. Celle qu' André Vial appelle “la très peu mystérieuse Mme X” dans sa thèse n'est autre qu' Hermine Lecomte du Noüy comme il le précisera d'ailleurs. Enfin, pour couronner l'oeuvre d'authentification, Louis Forestier consacrera Mme X dans la Pléiade par de nombreuses références, reproduisant parfois de très longs passages empruntés à La Grande Revue, et il l'identifiera formellement à Hermine. On trouve presque toujours, dans les biographies et les études sur Maupassant, de nombreuses informations qui proviennent de ces articles, sans que les auteurs sachent parfois leur origine.

J'ai commencé à m'interroger sur l'authenticité des souvenirs de Madame X en remarquant dans une lettre prétendue de Maupassant la présence d'une phrase identique extraite d'un roman. C'était troublant. J'examinais alors toutes lettres publiées dans les articles et cette fois il apparaissait nettement et indiscutablement un procédé de collage qui consistait à emprunter des phrases entières prises dans le texte même de Maupassant. Par ailleurs, j'observais qu'une lettre de Maupassant écrite de Tunis avait une date impossible. A la suite d'erreurs surprenantes les biographes et les spécialistes s'étaient trompés sur la date d'un voyage de Maupassant en Afrique du nord. En outre, je montrais que tous les souvenirs étaient calqués sur ceux du domestique de Maupassant François Tassard écrits l'année précédente.

C'est à la fin de l'année 2000 que je publiais les résultats qui précèdent dans un article intitulé "Le canular du Corbeau" dans le numéro 4 de la revue Histoires littéraires. Louis Forestier, l'éditeur scientifique de Maupassant dans «la Pléiade» eut connaissance de cet article mais il ne crut pas à la dénonciation de la mystification.

Dans la nouvelle édition revue et corrigée du tome II des Contes et nouvelles paru en février 2003, M. Forestier continue imperturbablement à citer les textes du faussaire, notamment une page entière des pseudos souvenirs, en écrivant qu'ils fournissent «le sens profond du sujet» (p.1450). Il en cite encore une demi page en ajoutant que c'est grâce à Madame Lecomte du Noüy (qu'il identifie à Madame X) que: «nous avons la chance de savoir ce que l'écrivain pensait de son œuvre et comment il écrivait» (P.1554-1555). L'éditeur de Maupassant note dans sa chronologie de Maupassant en novembre 1884 (première page de la chronologie, p.IX): «Hermine Lecomte du Noüy date de ce moment la connaissance qu'elle fait de Maupassant(…)» sans préciser qu'il se base sur le texte du faussaire. Celui-ci est à nouveau cité dans la chronologie en mai 1893 (dernière page de la chronologie, p.XXVII) où l'on donne un portrait de Guy par Hermine Lecomte du Noüy, qui n'est autre que celui donné par Madame X alias Adrien Le Corbeau dans La Grande Revue. L'éditeur de Maupassant continu à remettre en cause la problématique du double dans Le Horla en s'appuyant sur le récit d'Adrien Le Corbeau: «Ce texte me paraît clairement poser les limites d'une expérience qu'on tire trop vite vers celle du double». Il précise que ce texte est tiré de La Grande Revue de 1912 et ajoute que les souvenirs d'Hermine Lecomte du Noüy sont «fréquemment cités» dans «la Pléiade» ( p.1617). On voit bien que les textes du faussaire, loin d'être innocents, ne donnent pas seulement lieu à des erreurs biographiques, mais aussi à des interprétations gravement fautives sur le sens de l'œuvre.

Je compris alors, qu'en dépit des preuves accumulées, il en faudrait encore plus pour convaincre. Il fallait absolument que je sache qui était exactement Adrien Le Corbeau. Ce nom était-il un pseudonyme? Pour quelles raisons et dans quelles circonstances avait-il composé ce pastiche? Pendant trois ans ces questions restèrent sans réponses. Enfin, je pus connaître l'existence d'un article nécrologique publié en Roumanie par le Journal Egalitatea le 30 juin 1932. L'article était signé Victor Eftimiu, écrivain connu en Roumanie. C'était un ami d'enfance d'Adrien Le Corbeau et il rendait compte à la suite de son décès à Paris de l'œuvre de cet écrivain dont on apprend qu'il était roumain. Il s'appelait Rudolph Bernhardt. Il était un grand admirateur de la culture française et Paris le fascinait. Il résolu se s'y rendre en tachant de réussir comme homme de lettres mais ses débuts furent très difficiles. Eftimiu nous explique pour quelle raison Rudolph Bernhardt eu l'idée d'inventer les lettres de Maupassant à Madame X: «Puisqu'il ne pouvait pas publier ses propres écrits, il a inventé de prétendues lettres de Guy de Maupassant, qui sont parues dans quelques numéros deLa Grande Revue. C'était un grand succès. A ses yeux, avant tout: c'était la confirmation de son talent et la certitude de manier parfaitement l'arme avec laquelle il allait à l'assaut de la cité.»

À cela s'ajoutait une information décisive: A l'époque où les articles paraissaient dans La Grande Revue Adrien Le Corbeau faisait parvenir à des journaux roumains des traductions de Maupassant .Qui, mieux qu'un traducteur qui connaît l'œuvre et surtout le style de l'écrivain, serait placé pour inventer les lettres de Maupassant? Cette fois le lien entre Le Corbeau et Maupassant se trouvait établi formellement. Une circonstance assez étrange devait sauver malgré tout de l'oubli complet Le Corbeau. Le célèbre écrivain T.E. Lawrence mieux connu sous le nom de Lawrence d'Arabie traduisit Le Gigantesque en 1924 sous le titre The Forest Giant, et ce livre sera la seule traduction qu'il fera d'un ouvrage écrit en français. Toutefois les biographes de Lawrence n'étaient jamais arrivé à savoir qui était véritablement Le Corbeau et on comprend pourquoi!

C'est à la fin A de l'année 2003 que je fis paraître dans ma revue L'Angélus «Le retour du Corbeau» dans lequel je dévoilai l'identité d'Adrien Le Corbeau, et que je publiais le témoignage de l'écrivain roumain Victor Eftimiu qui confirmait la supercherie littéraire et en expliquait les raisons. Cette fois, il devenait difficile de nier que les articles de La Grande Revue étaient forgés par un génial mystificateur. C'est en juin 2004 qu'une nouvelle édition du premier tome des Contes et nouvelles paraît, soit plusieurs mois après la publication de l'article "Le retour du Corbeau". Dès l'introduction, alors qu'il maintient encore deux citations de l'article de 1912 de La Grande Revue, l'éditeur de Maupassant ajoute en note (p. LIX n.4):

On a émis l'hypothèse que cet article serait l'œuvre d'un faussaire (voir: «Le canular du Corbeau», Histoires littéraires, octobre-décembre 2000, n° 4.)

Quelque chose s'est donc passé entre la nouvelle édition de 2003 et celle de 2004 pour que l'article "Le canular du Corbeau", jusqu'alors ignoré, soit maintenant donné en référence. Observons cependant que la démonstration de la mystification est présentée comme une simple hypothèse et qu'elle n'empêche nullement de maintenir les citations dans l'introduction. Le lecteur comprend donc que l'hypothèse n'a pas été retenue. L'éditeur de Maupassant a-t-il des doutes? On ne le croirait pas en lisant à nouveau un extrait des souvenirs de Madame X, cité«opportunément» par André Vial, dit-il, et dans lequel il est bien précisé que l'auteur en est Hermine Lecomte du Noüy (p.1646). Mais la vérité qui a tant de mal à se faire connaître impose au critique un terrible doute. Dans les notes de La Mère Sauvage où cette fois deux pages entières des souvenirs sont citées (pages 1638-1639)et où il avait écrit dans les éditions antérieures:

Hermine Lecomte du Noüy rapporte le récit suivant, intéressant à plus d'un titre (« Guy de Maupassant intime», La Grande Revue, 10 avril 1913)

Ceci devient dans la nouvelle édition de 2004:

Mme X, dans La Grande Revue du 10 avril 1913, rapporte le récit suivant qui -même d'un faussaire (voir ci-dessus, p.LIX, n.4)- paraît intéressant.

On observe que ce qui est signalé comme une simple hypothèse dans l'introduction devient si évident qu'on n'ose plus attribuer le récit à Hermine, mais on maintient la publication du texte, même s'il est l'oeuvre d'un faussaire (!!). De «intéressant à plus d'un titre» on est passé à «paraît intéressant». Il est vrai que le récit a perdu un titre d'intérêt: son authenticité.

En décembre 2005 une nouvelle édition revue et corrigée du tome II des nouvelles paraissait. L'éditeur de Maupassant allait-il poursuivre ce qui semblait amorcé en 2004, et rectifier les passages où le texte d'Adrien Le Corbeau était longuement cité? Aucunement. Toute trace -si mince soit-elle- d'une mention de la supercherie n'existait plus. L'ensemble des textes d'Adrien Le Corbeau publiés dans les éditions antérieures de «la Pléiade» était donc reconduit. La vérité sur l'authenticité des textes était si bien cachée qu'un lecteur non averti n'aurait pu la trouver. Un peu dépité, je révélais dans un article de ma revue intitulée «le triomphe du Corbeau dans la Pléiade» les procédés de Forestier pour dissimuler la vérité et maintenir l'ensemble des textes du faussaire. En 2007 je décidais de donner un dossier complet de cette affaire en annexe du dictionnaire Maupassant de Sandrine de Montmort. Surtout, j'expliquais longuement les raisons de l'identification de Madame X à Hermine Lecomte du Noüy. Après cette dernière publication faite en 2007 je ne me faisais cependant pas trop d'illusions.

Mais en mars 2008, coup de théâtre!

Voici que dans la nouvelle édition corrigée des contes de «la Pléiade», Louis Forestier comprend enfin! Il se décide à éliminer toutes les références aux écrits d'Adrien Le Corbeau!

Cela vaut d'être exposé:

Voyons, comment l'éditeur scientifique de Maupassant a effectué ses modifications. Jusqu'à cette date il écrivait dans ses notes sur Le Horla(tome II, p.1617):

Pierre Borel (Le Destin tragique de Guy de Maupassant, p.31) est le seul à affirmer que Guy voyait son double au temps où il fréquentait Chatou et Bezons. On sait ce que valent, souvent, les affirmations de ce critique. Il pourrait s'agir du démarquage hâtif d'une observation faite plus tard par Hermine Lecomte du Noüy (dans ses souvenirs fréquemment cités, parus dans La Grande Revue, octobre 1912)”. « Savez-vous, qu'en fixant longtemps mes yeux sur ma propre image réfléchie dans une glace, je crois parfois perdre la notion du moi? En ces moments-là, tout s'embrouille dans mon esprit et je trouve bizarre de voir là cette tête, que je ne - reconnais plus. Alors il me paraît curieux d'être ce que je suis, c'est-à-dire quelqu'un .Et je sens que si cet état durait une minute de plus je deviendrais complètement fou.»

Ce texte me paraît clairement poser les limites d'une expérience qu'on tire trop vite vers celle du double, thème fantastique par excellence.

Observons à nouveau que le critique niait la problématique du double dans Le Horla en s'appuyant sur le texte du faussaire! Dans l'édition de 2008, (même page) l'éminent spécialiste supprime l'extrait des souvenirs de Madame X qu'il remplace par le texte de Maupassant beaucoup plus sûr, il est vrai, que celui d'Adrien Le Corbeau. Voici la transformation de l'édition 2008 (p.1617):

Pierre Borel (Le Destin tragique de Guy de Maupassant, p.31) est le seul à affirmer que Guy voyait son double au temps où il fréquentait Chatou et Bezons.On sait ce que valent, souvent, les affirmations de ce critique. Il faut se reporter au texte du conte (p.931) qui sur ce point concorde avec la première version: « Je ne vis rien d'abord, puis, tout à coup, il me sembla qu'une page du livre resté ouvert sur ma table venait de tourner toute seule. Aucun souffle d'air n'était entré par ma fenêtre. Je fus surpris et j'attendis. Au bout de quatre minutes environ, je vis, oui, je vis, de mes yeux une autre page se soulever et se rabattre sur la précédente, comme si un doigt l'eut feuilletée. Mon fauteuil était vide, semblait vide.»

Ce texte me paraît clairement poser les limites d'une expérience qu'on tire trop vite vers celle du double, thème fantastique par excellence.

Or, Louis Forestier tronque volontairement la dernière phrase qui est:

Mon fauteuil était vide, semblait vide ; mais je compris qu'il était là, lui, assis à ma place, et qu'il lisait.

Il est certain qu'avec la dernière phrase ainsi censurée, le texte n'a plus rien à voir avec la question du double. Décidemment, le travail du faussaire aura été contagieux! Par ailleurs, M. Forestier a retiré les deux pages du texte de Madame X citées dans les notes de La Mère Sauvage. M. Pierre Danger se voit ainsi gratifié d'une immense citation à la place des écrits du faussaire. Le nom de Pierre Dangerest orthographié Pierre «Dangé». Un pseudo de plus dans cette histoire de faussaires. Mais ceci n'est rien. Dans l'introduction du tome I des contes de Maupassant l'éditeur de Maupassant citait avant ses rectifications un passage du texte de Le Corbeau: « Il me semblait vraiment que mon âme se fut, en quelque sorte, dissoute dans cet élément trouble qui me baignait et qu'elle flottait au-dessus de ma tête.»(P.LIX). Dans l'édition 2008 (toujours p.LIX), Louis Forestier supprime le texte du Faussaire et le remplace par un texte de Maupassant. Il remplace aussi la note n°4 qui mentionnait Le canular du Corbeau par: "Sur l'eau, p. 57-58". Le problème est que juste une ligne après, l'éminent professeur oublie de supprimer une citation du faussaire: « Savez-vous qu'en fixant longtemps mes yeux sur ma propre image réfléchie dans une glace, je crois perdre la notion du moi». On reconnaît une partie du passage cité de Madame X dans les notes du Horla! De plus l'éditeur renvoie ce passage cité page LX en note à: Ibid.,P. 684.qui est la référence aux souvenirs de Madame X et non à Sur l'eau. J'ajoute à titre documentaire que son édition était tellement infestée par les faux écrits de Madame X, qu'il en a oublié, par exemple, un long passage à la page 1623 du tome I nouvelle édition 2008 où il cite encore selon ses propre termes Hermine Lecomte du Noüy dans La Grande Revue du 25 mars 1913.

Tentons cependant d'être positif. Que M. Forestier ait enfin compris au bout de huit années que les articles de Madame X étaient faux et qu'il les élimine peu à peu, même très grossièrement, dans «la Pléiade», il faut s'en réjouir. J'aurais cependant un petit reproche à faire. Dans la nouvelle édition de 2004 Louis Forestier avait ajouté en note (n°4) après avoir cité l'article du faussaire la référence de mon article:

On a émis l'hypothèse que cet article serait l'œuvre d'un faussaire (voir: «Le canular du Corbeau», Histoires littéraires, octobre-décembre 2000, n° 4.)

Après avoir fait disparaître cette note, peut-être Louis Forestier aurait-il pu reconnaître que le «ON» ne s'était pas trompé et en donner référence. C'est avec la plus grande discrétion que ces modifications se sont accomplies. Enfin, pour être tout à fait complet sur le sujet, signalons que plusieurs mois après les vastes changements opérés dans «la Pléiade», paraissait un article qui nous apprenait en outre qu'Adrien Le Corbeau avait déjà publié en 1911, sous son nom cette fois, des prétendus souvenirs sur Maupassant dans un journal roumain, souvenirs beaucoup moins élaborés, il est vrai, que ceux de La Grande Revue mais qui en reprenaient certains passages.


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Jacques Bienvenu

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Dernière mise à jour de cette page le 17 Novembre 2009 à 15h39.