Atelier

Christine Noille-Clauzade

Les mondes de la fiction au XVIIe siècle : considérations logiques sur de nouveaux styles de fictionnalité

12 Janvier 2006


Hypothèse de travail : Au dix-septième siècle sont en place plusieurs constellations fondamentales d'engendrement d'univers fictionnels, plusieurs logiques de référenciation de la fiction. On les appellera ici « styles de fictionnalité », au sens où l'on parle de styles de la pensée scientifique (cf. Alistair Crombie), qui se combinent sans s'exclure mutuellement. La notion de style permet ainsi à la fois de penser des modèles différents de fonctionnement d'un objet (en l'occurrence la fictionalité) et d'articuler ces modèles dans un développement historique. Rappels d'histoire littéraire : apparaît dans la deuxième moitié du dix-septième siècle, un renouveau de la fiction en prose, caractérisé par le format bref et une topique nouvelle. Plusieurs topoï critiques apparaissent dès cette époque pour caractériser ce « nouveau roman », qui soulignent son hybridité (à la fois factuel et fictionnel, vrai et faux, etc.), sa « monstruosité ». On montrera 1) que les approches poétiques, rhétoriques et pragmatiques, pour caractériser ces fictions, aboutissent à des impasses théoriques. 2) En revanche la théorie logique des mondes possibles est plus pertinente pour aborder cette technique composite, et aborder la nouvelle historique comme une unité.

I) L'appréhension de la poétique du roman bref comme une contre-poétique, par rapport au roman long de la première moitié du dix-septième siècle n'est pas satisfaisante ; les traits définitoires que l'on retient habituellement comme contre-modèles de la nouvelle historique et galante (histoires à tiroirs, caractères excessifs, invraisemblance des situations), se retrouvent autant dans la nouvelle que dans les vieux romans. De même, l'approche narratologique, qui consiste à distinguer entre énoncés fictionnels et factuels, s'avère pour ces textes impraticable (en raison de l'intrication syntagmatique des énoncés de l'une et de l'autre catégorie). Enfin, la perspective pragmatique (la fiction s'écrit entre l'assertion sérieuse et non sérieuse) ne permet pas davantage d'éclaircir le statut générique de ces textes.

II) La théorie sémantique des mondes possibles, en revanche, permet de distinguer deux attitudes par rapport à la valeur de vérité de la fiction. Celle qui assimile la fiction à la « fabula » est bien représentée, par exemple, par Melle de Scudéry (« C'est une fable que je compose et non pas une histoire que j'écris »). La fable est appréhendée comme fabrique de fausseté. Les énoncés vraisemblables sont faux, mais les maximes générales de comportements qu'ils illustrent sont vraies. Les propositions de la « fabula » sont validées par rapport à celles du monde actuel, mais ne fonctionnent pas par rapport à une monde possible interne. Or, dès les années 1660-1670, on assiste à un rejet remarquable de ce fonctionnement, soit qu'on plaide en faveur d'une approche vérificationnelle, soit qu'on constate l'impasse de ce type de démarche (Bayle), soit que l'on revendique son impossibilité (ce qui est un renversement de la perspective). Les propositions de la fiction ne sont pas vérifiables, ce qui est lié à la topique de secret, du privé. Il s'agit de la matrice logique d'un nouveau fonctionnement de la fiction, ce qu'exprime très bien Valincour (Lettres sur le sujet de la Princesse de Clèves, 1678):

« Il serait difficile à ceux qui voudraient la prendre comme une histoire de deviner sur quels mémoires l'historien a travaillé. En effet, les, principaux faits n'ont été sus que de ceux qui y ont eu part, et il ne paraît point qu'ils aient jamais été racontés à personne, ni qu'ils aient pu jamais parvenir à la connaissance de l'auteur que par le moyen d'une révélation particulière ».

Commentaire :

o Selon Valincour, les propositions de la fiction ont eu une actualité. Il existe un monde où elles ont été vérifiées. o Le monde actuel ne permet plus de vérifier ces propositions. Le monde actuel n'est pas le monde de référence. C'est une affirmation de la contingence du monde actuel et une remise en cause de la validité de l'induction. Ce qui est vrai à un moment T, n'est plus vrai à T+1. Il y a partition en un monde actuel de référence et un monde inactuel: il y a dédoublement du monde de référence, et amorce d'une autonomisation d'un monde possible. o L'écrivain a eu accès aux deux mondes. o Il n'est plus possible de vérifier les propositions dans le monde actuel. C'est le point décisif : il marque le rejet fort de l'attitude vérificationnelle et une faillite de l'optique mimétique. o Il y a paradoxe : l'opération de vérification est à la fois effectuée et impossible: dans Don Carlos (1672), plus de la moitié du texte relève de la réécriture de l'histoire. Ce texte assume en apparence la vérification, par la présence de notes qui renvoient aux historiens. Mais c'est une illusion rhétorique, un piège: ces notes sont falsifiées et incomplètes. Le lecteur doit lire comme il lirait les historiens, en faisant confiance à la vérification donnée par les notes marginales: la voix authentificatrice confisque la vérification. Accumuler les preuves fonctionne comme une opération de verrouillage de la vérification. Le conte de fée mondain peut être inséré dans un montage logique comparable: il y a paradoxe de la vérification opérée et inopérable avec le il était une fois. Car« il était une fois » signifie : la vérification a été opérée une fois, autrefois, dans un monde inactuel. Le conte n'est pas dans la fausseté « libre » par rapport au monde actuel (comme le serait la fable fantastique ou merveilleuse), il est dans le rejet d'une vérification actuelle par assertion ludique d'une vérification fondamentalement inactuelle. o La voix authentificatrice (Dolezel) est sous le signe d'une ambivalence logique : elle énonce une proposition qui a un sens dans le monde actuel (à savoir que les énoncés de la fiction ne peuvent être vérifiés dans le monde actuel). Mais en outre, elle est l'agent de vérification dans le monde inactuel. Comment une instance peut-elle intervenir dans les deux mondes à la fois (actuel et inactuel) ? La narratologie parlerait d'un narrateur uniquement fictionnel. Mais l'instance authentificatrice fonctionne par rapport à deux mondes possibles à la fois, actuel et inactuel. La voix, dans les contes de Perrault, joue en permanence des décalages entre ces deux mondes. Y a-t-il un macro-monde qui contiendrait les deux mondes ? Dans la logique leibnizienne, Dieu est l'agent nécessaire de cette polyréférence, et la logique est ancrée dans une ontologie. Cyrano, dans les Etats et empires de la Lune est un agent double qui a la possibilité de naviguer dans l'autre monde et le monde actuel. Selon la logique aristotélicienne (qui n'a qu'un seul monde de référence), l'auteur ment quand il énonce la possible référence dans un autre cadre. Cet auteur menteur énonce comme vrai ce qui est faux: une fiction pensée comme monde autonomisable possible. Mais la postulation d'un monde alternatif de référence est performative: la possibilité d'une validation alternative existe dès qu'elle est posée. Ce sont des présupposés ontologiques qui nous interdisent de penser que c'est vrai. o Une logique sans régulation ontologique autorise à penser des allers-retours entre M1 et M2 : la relation est réflexive dans les deux sens. M1 est accessible à partir de M2 et M2 est accessible à partir de M1. Dans le cas de la nouvelle galante, ce qui autorise de passer de M2 à M1 est le lien fort de « ressemblance » entre le monde de la nouvelle et le monde actuel des lecteurs. Comment penser cette « ressemblance » si une vérification de M2 dans M1 est exclue ? Charnes, Valincour, Saint-Simon exposent le topos suivant : à savoir que dans l'écriture des mémoires secrets (fictionnels ou non), les circonstances, secrètes et privées sont, d'un point de vue logique, considérées comme les ressorts de l'histoire publique. Ce qui veut dire que l'histoire publique est présentée comme la conséquence des énoncés fictionnels. Traduisons en termes logiques : M1 (le monde actuel) est la conséquence de M2 ou, ce qui revient même, M1 est vérifié dans M2 (M2 est le monde de référence de M1). La fiction historique postule que l'histoire sera vérifiée et vérifiable dans le monde fictionnel.

Conclusion : Ces trois postulations, 1) actualité dans un monde alternatif ; 2) déni de toute vérification dans le monde actuel ; 3) vérification du monde actuel dans le monde textuel, permettent de montrer que le monde de la fiction historique et galante est en rupture avec la « fabula ». Il a une spécificité logique. On peut parler d'émergence d'un nouveau style de fictionnalité. Le conte mondain fonctionne comme contrepoint logique de la nouvelle galante, car il se libère de la contrainte de se constituer en archive du monde actuel. Le conte marque un affaiblissement des contraintes logiques. La caractérisation des styles de fictionnalité par la relation d'accessibilité permet une approche logique de la différence entre les genres.

Débat

Marc Escola : Tu montres très bien comment on bascule de la conception de la fiction comme fable à une conception moderne de la fiction. L'idée de fiction naîtrait donc à la fin du XVIIe siècle. Qu'en est-il alors de la fiction dramatique ? J'ai l'impression que ce n'est pas la même pensée de la fiction du tout.

C. Noille-Clauzade : La tragédie se définit en termes de poétique et de rhétorique: c'est un genre de réécriture, un genre oral de la déclamation. La rhétorique est un monde de référence qu'il faudrait d'ailleurs penser. Il s'agit donc en effet (dans la fiction dramatique et la fiction narrative) de pensées très différentes de la fiction. Quant à dire que la deuxième moitié du dix-septième siècle marque le début de l'idée de fiction, on sait bien qu'il n'y a jamais vraiment de début, de changement radicaux : c'est pourquoi je préfère parler de style de fictionalité.

Anne Duprat: Le secret est le point d'embrayage de cette nouvelle conception de la fictionnalité. Tout en dépend : c'est parce que la fiction plonge dans l'exploration d'une intériorité que la fiction change de régime. En outre, cette histoire de secret se disait bien avant la deuxième moitié du dix-septième siècle. Désigner la fiction comme ce qui s'inscrit dans les silences, dans les secrets de l'histoire publique, c'est déjà ce que l'on fait depuis longtemps quand on désigne le monde de la comédie comme celui des intrigues privées, par opposition au monde tragique qui est celui des histoires connues.

C. Noille-Clauzade : Le secret en effet plus qu'une topique. Quant à la différence entre tragédie et comédie, la tragédie est vérifiée dans les archives du monde, et de même, la comédie est une falsification mimétique du monde. Comédie et tragédie sont du coté de la fabula: elle relèvent d'une poétique mimétique de la falsification.

Anne Duprat: Par ailleurs, lorsque tu dis que les événements de l'histoire se vérifient dans la fiction, en t'appuyant sur Charnes, Valincour, tu prends au sérieux ce qui est dit non sérieusement.

C. Noille-Clauzade : Charnes, Saint-Simon et Valincour décrivent la relation entre les événements de l'histoire et la fiction, les uns étant la conséquence de l'autre. Charnes le fait sur le mode du « comme si ». Pour Saint Simon: ce sont les ressorts même de l'histoire. Et je n'ignore pas cette différence : mais j'interprète précisément la modalité du « comme si » comme conséquence du préjugé ontologique ; s'il n'y avait pas de différence ontologique entre M2 (monde textuel) et M1 (monde actuel), la fiction ne serait pas abordée sur le mode du « comme si ».

Marc Hersant: Comme aristocrate, Saint-Simon a accédé à ces secrets. On n'est pas dans la non vérification.

C. Noille-Clauzade : Mais il y a chez Saint-Simon le même ce postulat ontologique que chez Retz: il y a eu des secrets.

Marc Hersant : Pour Saint-Simon, celui qui peut écrire une histoire vraie, ce n'est pas celui qui produit du vraisemblable, ce sont ceux qui étaient dans l'événement et qui ont eu accès au vrai. Le secret est pensé comme ce à quoi a accès l'homme de son rang. Le point commun entre Retz et Saint Simon, est que leur théorie du merveilleux historique est très éloignée d'une théorie des mondes possibles.

C. Noille-Clauzade : Mais Saint Simon fabule sur bien des points: il ment. C'est un primat ontologique: jamais Retz ou Saint Simon ne disent que le secret est de l'ordre du « comme si ».

Marc Hersant: Quand Saint-Simon parle de « ressorts », c'est dans le cadre d'une théorie du discours historique: il s'agit de découvrir un enchaînement singulier. C'est une réflexion de la causalité comme apparition du singulier, comme vrai. Mais chez Charnes, les ressorts secrets ne sont pas le singulier. Les romans prétendent révéler des secrets parce que les mémoires le font ; ils sont influencés par eux.

C. Noille-Clauzade : A mon avis, on ne peut pas dire tout à fait cela.

Françoise Lavocat: Ce qui s'invente là, ce n'est pas la fiction, mais peut-être une posture interprétative de type réaliste : est-ce que la relation d'accessibilité de M2 à M1, telle que tu la décris ici, n'est pas la même quand on estime qu'un roman de Balzac, par exemple, dit quelque chose de vrai sur la société du dix-neuvième siècle ? Par ailleurs, je me demande s'il faut mettre sur le même plan la relation d'accessibilité telle que la construit le meta-discours (celui de Charnes ou de Valincour, qui proposent un certain type de lecture) et telle que l'établit le texte lui-même ?

C. Noille-Clauzade : Je pencherai pour une cohérence logique entre les postulations établies au sujet du texte, hors de et dans le texte. S'il y a bien des différences pragmatiquement et narratologiquement repérables, il me semble que du point de vue de la logique, il ne peut y avoir qu'une cohérence.


Christine Noille-Clauzade January 12th, 2006.

Fictional worlds in the 17th century: logical considerations on new styles of fictionality.

Working hypothesis: In the seventeenth century, there are several fundamental constellations generating fictional universes, several logics of exophoric reference of fiction. They will here be called “styles of fictionality”, in the sense that one would talk of styles of scientific thought (see Alistair Crombie), which combine without being mutually exclusive. The notion of style thus enables us to think different functioning models for an object (in our case fictionality) and link these models in a historical development. Reminders of literary theory: in the second half of the seventeenth century appears a renewal of prose fiction, characterized by its short format and new topics. Several critical topoï appear at the period to characterize this “new novel”, underlining its hybridity (it is both factual and fictional, true and false, etc.), its “monstrosity”. It will be shown 1) that the poetical, rhetorical and pragmatical approaches lead to theoretical dead-ends when used to charaterize these fictions. 2) On the other hand, the logical possible-worlds theory is more relevant to tackle this composite technique, and take up the historical short story as a unity.

I) The apprehension of the poetics of the short novel as counter-poetics when compared to the long novel of the first half of the seventeenth century is not satisfactory; the defining features that are usually thought as counter-models of the courtly historical short-story (stories “à tiroirs”, excessive tempers, implausibility of situations), are to be found in short stories as much as in old novels. In this regard, the narratological approach, which consists in distinguishing fictional utterances from factual ones, turns out to be impracticable for these texts (because of the systematic mingling of both types of utterances). Finally, the pragmatic perspective (fiction is written between serious and non-serious assertion) does not prove more helpful to shed light on the generic status of these texts.

II) The semantic possible-worlds theory, however, enables us to distinguish two attitudes regarding the truth value of fiction. The attitude that classifies fiction and “fabula” in the same category is well represented, for instance, by Mademoiselle de Scudéry (“It is a fable that I compose and not a story that I write”). Fable is apprehended as creating falseness. Plausible utterances are false, but the general maxims about behaviours that they illustrate are true. The propositions of the “fabula” are validated in relation to the actual world but do not work in relation to an internal possible world. Now, in the years 1660-1670, one might notice that this approach is widely rejected, either because a verificational approach is preferred, or because it is seen as leading to a dead-end (Bayle), or else because its impossibility is claimed (in which case the perspective is reversed). Fictional propositions cannot be verified, which is linked to the topics of secrets, of the private sphere. What is at stake here is the logical matrix of a new functionning of fiction, which is very well expressed by Valincour (Lettres sur le sujet de la Princesse de Clèves, 1678): “It would be difficult for those who might want to take it as a story to guess from what memoirs the historian has worked. Indeed, the main facts were only knwon to those who took part in it, and it seems they were never told to anyone else, nor could have reached the author by any means but a particular revelation.”

Commentary:

  • According to Valincour, fictional propositions have had an actuality. There is a world in which they were verified.
  • The actual world can no longer verify these propositions. The actual world is not the reference world. It asserts the contingency of the actual world and questions the validity of the induction. What is true at a given moment T, no longer is at T+1. There is a partition between an actual world of reference and a non-actual world: the reference world is split in two, and the possible world begins to be autonomous.
  • The writer has had access to both worlds.
  • It is no longer possible to verify the propositions in the actual world. This is a turning point – it marks the strong rejection of the verificational attitude and failure of the mimetic perspective.
  • There is a paradox: the verificational process is both carried out and impossible: in Don Carlos (1672), more than half of the text has to do with rewriting history. This text seems to take on the process of verification, thanks to the footnotes referring to historians. But this is mere rhetorical illusion, it is a trap: the footnotes have been falsified, and they are incomplete. The reader must read them as he would read historians, trusting the verification work given in the margins: the voice that authenticates the facts confiscates verification. The “mondain” fairy tale may be inserted in a similar logical system: the paradox of the verification that is both carried out and impossible to carry out is to be found in the phrase once upon a time. For “once upon a time” means: the verification was carried out once, long ago, in a non-actual world. The fairy tale does not obey the principle of “free” falsehood regarding the actual world (as would do the supernatural or fantastic fable), it rejects any actual verification resulting of the ludicrous assertion of a fundamentally non-actual verification.
  • The authenticating voice (Dolezel) is part of a logical ambivalence – it expresses a proposition with meaning in the actual world (and utterances belonging to fiction cannot be verified in the actual world). But moreover, it is the agent of verification in the non-actual world. How can an authority intervene in both worlds at the same time (actual and non-actual)? In narratological terms, one would speak of a solely fictional narrator. But the authenticating authority works in relation to two possible worlds at the same time, actual and non-actual. In Perrault's tales, voices are always playing with the gap between the two worlds. Is there a macro-world that would contain both worlds? In Leibniz's logic, God is the necessary agent of this polyreference, and logic is based on an ontology. Cyrano, in the States and Empires of the Moon is a double agent who has the possibility to move about in the other world and the actual world. According to Aristotelian logic (which knows only one world of reference), the author is lying when he utters the possible reference in another frame. This lying author utters as true what is false: a fiction thought as a possible world that could become autonomous. But uttering the postulate of an alternative reference world is performative: the possibility of an alternative verfification exists as soon as it is set down. Only ontological prejudice forbids us to think it as true.
  • A logic that would have no ontological regulation allows us to think to-and-fro movements between W1 and W2: the relation is reflexive in both ways. W1 can be reached from W2, and W2 can be reached from W1. In the case of the nouvelle galante, what allows one to go from W1 to W2 is the strong “resemblance” link between the world of short stories and the actual world of readers. How can this “resemblance” be thought if a verification of W2 in W1 is excluded? Charnes, Valincour and Saint-Simon present the following topos: in the writing of secret memoirs (fictional or not), the secret and private circumstances are considered, from an ontological point of view, as the driving forces of public history; which means that public history is presented as the consequence of fictional utterances. If translated in logical terms: W1 (the actual world) is the consequence of W2, or, which is the same, W1 is verified in W2 (W2 is the reference world of W1). Historical fiction postulates that history will be verified and can be verified in the fictional world.

Conclusion: These three postulates, 1) actuality in an alternative world; 2) denial of any verification in the actual world; 3) verification of the actual world in the textual world, enable us to show that the world of historical and “mondain” fiction marks a break with the “fabula”. It has a logical specificity. One may speak of the mergence of a new style of fictionality. The “conte mondain” works as the logical counterpoint of the “nouvelle galante”, as it frees itself from the constraint of acting as archives of the actual world. The tale (“conte”) marks a weakening of logical constraints. The characterization of styles of fictionality by the accessibility relation makes possible a logical approach of the difference between genres.



Christine Noille-Clauzade

Sommaire | Nouveautés | Index | Plan général | En chantier

Dernière mise à jour de cette page le 23 Mars 2006 à 8h41.