Atelier

De la notion de signe, les études littéraires font deux usages bien distincts. Le signe est, d'une part, cette réalisation linguistique qui associe un signifiant et un signifié pour référer à des données extra-discursives et pour les communiquer à un lecteur. Mais servant ainsi la « puissance imaginante » d'un écrivain, les signes peuvent également hanter son « univers imaginé », selon la distinction de Jean Starobinski : représentés au sein même de l'œuvre, ils désignent alors toutes les formes fictives porteuses de signification et, le plus souvent, susceptibles d'être interprétées par le narrateur ou par certains personnages. Toute la difficulté étant de penser ensemble les statuts de ces deux textures.

Pour ce faire, un outillage d'ordre sémiotique et des hypothèses d'ordre historique peuvent (entre autres) être mobilisés. Un outillage d'ordre sémiotique : rappelons que Peirce distingue trois types de signes, selon la relation qu'ils peuvent entretenir avec leur référent ; l'icône « ressemble » à ce qu'elle représente ; l'indice « est lié physiquement à son objet » et dépend d'une « association par contiguïté » ; le symbole, enfin, renvoie à son objet en vertu d'une « association d'idées générales », purement conventionnelle. Des hypothèses d'ordre historique : on distinguera par exemple la partition essences-apparences d'ascendance platonicienne et la conception judéo-chrétienne du signe-incarnation, le paradigme classique de la « représentation ressemblante » (Michel Foucault) et le « paradigme indiciaire » (Carlo Ginzburg) marquant l'épistémè du XIXe siècle ; même si sans le signe, formidable convertisseur, aucune opération herméneutique et aucun système d'intelligibilité ne sauraient se constituer.

Ainsi le signe permet-il à la fois d'épaissir l'univers fictionnel et d'ouvrir la représentation littéraire sur son dehors.



Atelier de Fabula

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Dernière mise à jour de cette page le 15 Octobre 2007 à 19h47.