Atelier

0.3. L'œuvre comme événement : sept propositions préalables sur l'historicité des textes littéraires

Les sept propositions suivantes serviront de jalons à notre réflexion, et recevront pour la plupart leur commentaire dans les pages qui suivent, où leurs auteurs se trouveront régulièrement convoqués. (Les références précises des textes cités figurent à la page 0.4: éléments de bibliographie).

0.3.1. « Aucune des œuvres [de la littérature] ne veut être datée et rendue [par là] inoffensive ». Ingeborg BACHMAN, Leçons de Francfort, trad. fr. Actes Sud, 1986, cité par J. Neefs, Le Temps des Œuvres, éd. cit.

0.3.2. « L'œuvre vit dans la mesure où elle agit. L'action de l'œuvre inclut également ce qui s'accomplit dans la conscience réceptrice et ce qui s'accomplit en l'œuvre elle-même. La destinée historique de l'œuvre est une expression de son être. […] L'œuvre est une œuvre et vit en tant que telle dans la mesure où elle appelle l'interprétation et agit à travers une multiplicité de significations. » Karel KOSIK, cité par H.R. Jauss, Pour une esthétique de la réception, éd. cit., p. 39.

0.3.3. « Il ne peut y avoir d'accès direct à l'objet historique, tel qu'on puisse prendre une connaissance objective de sa valeur d'époque. […] La connaissance historique ne peut s'effectuer que si, en chaque cas, le passé est aperçu dans sa continuité avec le présent. » H.-G. GADAMER, Vérité et méthode, éd. cit., p. 169-170.

0.3.4. « L'appartenance de l'interprète à son texte est comparable à l'appartenance du centre optique à la perspective donnée dans le tableau. Non qu'on doive rechercher et adopter ce centre optique comme un point de vue arbitraire ; celui qui veut comprendre ne choisit pas arbitrairement son point de vue, mais découvre une place préétablie. » H.-G. GADAMER, Ibid., p. 171.

0.3.5. « La réponse du lecteur au texte est la seule relation de causalité que puisse invoquer une explication des faits littéraires. », M. RIFFATERRE, La Production du texte, éd. cit., p. 98.

0.3.6. « Il ne suffit pas de dire comment [les œuvres] sont nées, il importe au moins autant de circonscrire l'horizon dans lequel elles ont vécu et agi, c'est-à-dire leur destin, leur réception par les contemporains, leurs traductions, leur gloire. Ainsi l'œuvre se structure en elle-même pour former un microcosme ou mieux : une microépoque. Car il ne s'agit pas de présenter les œuvres littéraires dans le contexte de leur temps, mais bien de donner à voir dans le temps où elles sont nées le temps qui les connaît — c'est-à-dire le nôtre. La littérature devient de la sorte une organon de l'histoire, et lui donner cette place — au lieu de faire de l'écrit un simple matériau pour l'historiographie —, telle est la tâche de l'histoire littéraire. » W. BENJAMIN, Œuvres, t. II, Gallimard, 2000, p. 283 (cité par A. Compagnon, Le Démon de la théorie, éd. cit., chap. 6).

0.3.7 « L'œuvre ne cesse pas d'être un événement. » J. SCHLANGER, La Mémoire des œuvres, éd. cit., p. 109.



Marc Escola

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Dernière mise à jour de cette page le 2 Avril 2006 à 11h45.