Atelier

Aragon éditeur: les EFR dans la guerre froide


Béryl Lecourt


Si j'ai choisi d'étudier les Éditeurs Français Réunis (EFR) dans la guerre froide, c'est dans la mesure où ce choix, outre qu'il s'impose étant donnée l'ampleur du sujet, pourra nous permettre de mieux mettre en évidence, aux heures les plus chaudes du combat idéologique, la complexe articulation de la lutte politique et de la lutte culturelle, telle qu'elle se donnait à lire dans cette maison d'édition fondée en 1949, dont Aragon fut président-directeur général et dont il assura tout particulièrement la direction avant que n'en prennent la charge François Monod à partir de 1955, puis Madeleine Braun. C'est en effet dans cette même période que le PCF se mobilise pour ce qu'il nomma les «Batailles du livre», ces journées où les écrivains progressistes se déplaçaient au contact du «peuple», des ouvriers dans les usines ou des paysans sur les marchés, pour les inciter à lire leurs ouvrages, partie prenante de la lutte idéologique – et il faut rappeler ici ce que l'organisation de ces Batailles doit à la personne d'Elsa Triolet, qui avançait dès ses conférences de 1947 et 1948, réunies dans L'Écrivain et le livre[i], la notion d'«écrivain public», d'écrivain qui organise la compréhension de ses oeuvres par le public (suivant un modèle qu'elle emprunte à Maïakovski), en même temps qu'elle insistait sur le nécessaire engagement de cet écrivain. C'est que le livre «progressiste», en même temps qu'une oeuvre de culture, est une arme dans le combat idéologique. Le PCF, qui défend le roman qui oeuvre pour la paix, suit bien en cela les directives du Kominform; celui-ci, à partir de 1949, année de création des EFR, met, en effet, l'accent sur la «lutte pour la paix» dans le contexte de la guerre froide. Les écrivains et les éditeurs progressistes doivent donc créer et diffuser une littérature favorable à la paix, comprendre favorable à l'URSS; cette littérature, c'est la «nôtre», dira Elsa Triolet pour mieux l'opposer à la littérature «pourrie» et décadente, l' «autre» littérature, souvent en provenance des États-Unis. Ce combat prendra essentiellement trois directions: la littérature progressiste française (les écrivains du «réalisme socialiste français») ou occidentale (Howard Fast, Pablo Neruda, Jorge Amado), la littérature russe et notamment soviétique, les grands «classiques du peuple français».

Nous centrerons notre réflexion sur la dimension militante de cette «littérature de guerre froide», telle qu'elle était défendue par Aragon, mais sans oublier la volonté de ce dernier de contribuer à l'élaboration d'une culture «populaire» qui ne soit pas une culture différente de l'«autre» culture. C'est en effet un souci constant d'Aragon, s'il reprend l'interrogation de Michelet, «Comment viendront les livres populaires?», en évidence sur des banderoles lors des Batailles du Livre, d'établir qu'il y a non pas deux cultures mais une seule[ii]. Notre étude de la politique éditoriale des EFR prendra donc en compte l'influence du politique sur ce qui apparaît comme une «littérature de guerre froide», en même temps qu'elle cherchera à mettre en lumière les accords et désaccords qui se jouent en conséquence entre une dimension politique restrictive et une volonté d'apport culturel plus globale, due plus particulièrement au rôle d'Aragon. Ce sont ainsi plusieurs facettes de la personnalité d'Aragon qui en seront éclairées, celles du militant, de l'écrivain et de l'amateur éclectique.

1. Une «littérature de guerre froide»

Nous chercherons ici à délimiter quel champ recouvre le livre progressiste dans sa dimension militante. La question se pose en effet, qui nous mène d'une définition très large (le livre qui oeuvre pour la paix et le progrès) à une application plus limitée (le même, dans le contexte de la guerre froide). Si l'on écoute en effet Aragon lors de la Bataille du livre parisienne de 1950, le livre progressiste se reconnaît aisément à ce «qu'il ne fait l'apologie ni du meurtre, ni du parricide, ni de l'inceste, ni du retour de la femme au foyer, ni de la soumission de l'homme à ceux qui l'exploitent, ni du racisme, ni de la guerre de conquête… etc., mais bien qu'il exalte le contraire de toutes ces choses[iii]». Nous ne pouvons cependant, dans le contexte de la guerre froide, nous contenter de cette définition, et déterminer ce que recouvre alors le livre progressiste n'est pas une fausse difficulté.

Lors de la première Bataille du livre, à Marseille, Aragon place cette manifestation sous le signe d'un double enjeu: sauvegarder la lecture, ce qui suppose «le maintien de la paix», et dénoncer «une certaine littérature d'invasion» car «dans le domaine littéraire comme ailleurs, il ne faut pas que triomphe le coca-cola sur le vin[iv]». On reconnaît là deux grands thèmes de la lutte idéologique telle qu'elle apparut en France, sous la forme, large, de la lutte pour la paix (même s'il s'agit en fait d'une lutte pour le camp prosoviétique) et de celle, plus limitée, pour le «roman national», leroman français. Il est intéressant de noter au demeurant que les EFR, en reprenant cette dernière dimension dans leur politique éditoriale, s'inscrivent dans la continuité de la Bibliothèque française, la maison d'édition clandestine créée par Aragon dans la Résistance et qui devint en 1945 une maison d'édition communiste destinée à prolonger la flamme patriotique, avec des rééditions d'oeuvres comme celles d'Erckmann-Chatrian[v]. C'était au demeurant ce à quoi appelait le PCF, et Thorez à travers lui, dans ses mots d'ordre de l'après-guerre: «nous sommes les continuateurs de la France[vi]». Le roman national prend ainsi la suite de la littérature de la Résistance, modèle de «notre» littérature, pour Elsa Triolet qui met en garde contre les nouvelles tendances de l'après-guerre, où foisonne sur le marché, en plein reflux de la littérature sur la Résistance, une littérature américaine néfaste, ainsi qu'une littérature française d'auteurs à scandales et d'ex- collaborateurs. Le «livre national» des EFR se pose a contrario de ces nouvelles tendances; français, il plaidera contre l'Occupation américaine en France, pour la «nouvelle Résistance», et ce sera Le Premier Choc d'André Stil. Mais il peut aussi chanter la résistance à l'oppression de tous les peuples opprimés, et l'on entend alors les voix de la Grèce meurtrie (Melpö Axioti), de l'Amérique latine (le Chilien Pablo Neruda en exil) ou de la Turquie (Nazim Hikmet en prison): c'est là «l'épopée partout des peuples qui sortent de leurs chaînes et de leurs chants[vii]!», qui rejoint le combat pour la paix, dans sa plus vaste extension. On voit au demeurant, par cette thématique de la résistance à l'oppression, que c'est une nouvelle littérature qui veut naître là, la littérature des temps que nous vivons, «temps des épopées» comme le constatait André Wurmser dans un article des Lettres françaises en mettant à côté Les Communistes d'Aragon, Le Chevalier de l'Espérance du Brésilien Jorge Amado, qui retrace la longue marche de Luis Carlos Prestes, et les romans d'Ilya Ehrenbourg[viii]. Il ne faut pas oublier cependant qu'à cette définition large correspond une réalité plus étroite, dans la mesure où ces écrivains, et c'est aussi le cas pour Neruda ou Hikmet persécutés, s'avèrent des écrivains communistes. La nouvelle littérature que promeuvent les EFR aura donc un modèle, la littérature soviétique, et un héros type, le communiste.

La valorisation de la littérature soviétique permet de donner un modèle esthétique, celui du réalisme socialiste, qui sera repris, sur le mode mineur, par les écrivains réalistes socialistes français; elle s'accompagne d'une visée plus concrète sur le plan politique, celle de la défense ici et maintenant de l'URSS de Staline. C'est le sens de la création de la collection «Au pays de Staline», dont le premier volume, L'Étoile d'Emmanuel Kazakievitch, est préfacé par Aragon. Ce livre, qui atteint à une «grandeur shakespearienne» pour Aragon, vise ainsi, en s'insérant dans cette collection, aussi à faire connaître dans des circonstances particulièrement héroïques, ici celles de la grande guerre patriotique, l'URSS de Staline et les hommes qui la font. On peut ainsi relever ce qui est noté sur la couverture de ce livre pour caractériser cette collection (qui sera constituée d'oeuvres le plus souvent couronnées par des prix Staline): «Pour savoir ce que fut la France au début du xixème siècle, vous lisez Balzac. Vous lirez ces romans pour savoir ce qu'est l'Union soviétique». C'est l'URSS dans ses différentes périodes qui est alors donnée à lire au lecteur français, avec pour fil conducteur la continuité de son héroïsme. La guerre civile et la guerre d'occupation étrangère: La Défaite d'Alexandre Fadéev, mais aussi le célèbre Et l'acier fut trempé de Nicolas Ostrovski, dont le héros, Pavel Kortchaguine, demeurera en 1961 un des personnages de roman préférés d'Aragon[ix]; cet homme qui transcende les épreuves les plus dures pour l'amour du parti lui inspire au demeurant bien des traits du Joseph Gigoix des Communistes. La période des plans quinquennaux, celle de la construction difficile du socialisme: Terres défrichées de Mikhaïl Cholokhov, sur l'établissement des kolkhozes, et notamment le livre d'Iline, Les Montagnes et les hommes, traduit par Elsa Triolet, récit surprenant, qui tient d'un Jules Verne à la fibre épique, de la transformation de la nature par l'homme soviétique. La période de la guerre nationale: La Tempête d'Ilya Ehrenbourg, La Jeune Garde de Fadéev, L'Étoile de Kazakievitch. La période de la reconstruction des ruines, de la renaissance après la guerre: Les Ténèbres vaincues de Wanda Wassilievska, qui prend pour héros un ancien combattant du front qui se réadapte d'abord difficilement à la vie de tous les jours, mais qui parvient toutefois, en se mettant au service des autres, à retrouver un sens à la vie. Ces quatre périodes permettent ainsi de dresser un tableau qui se veut complet de l'URSS soviétique, si l'on y adjoint des récits des provinces lointaines, comme la Sibérie de Loin de Moscou d'Ajaev. Mais le trait frappant de cette littérature, comme Jean Pérus le fait remarquer dans son Introduction à la littérature soviétique[x], est bien la permanence, au milieu de ces trente années d'épreuves, de l'optimisme et de l'héroïsme propres au réalisme socialiste défini par Jdanov. On y retrouve de plus la volonté, inhérente au réalisme socialiste, réalisme scientifique transfiguré par l'optique socialiste,d'apporter des documents authentiques, de créer une littérature «véridique» : L'Homme véritable de Boris Polevoï s'inspire d'une histoire vraie, mais on peut aussi remarquer la place prise par la littérature scientifique et les «documents humains», ainsi de cette Jeune fille de Kachine traduite par Elsa Triolet, qui paraît en 1950 et qui suscita l'enthousiasme d'Aragon, en ce sens que s'y lit tout particulièrement l'espérance mise en l'utopie communiste. Il s'agit des lettres d'une jeune fille soviétique de seize ans, Ina, heureuse et semblable à toutes les autres jeunes filles de tous les pays, mais dont la guerre révèlera l'héroïsme: en toute simplicité, Ina se porte volontaire comme éclaireuse et infirmière sur le front, et sera tuée après deux ans de cette vie difficile. On reconnaît là combien Ina, par son héroïsme exceptionnel, atteint au typique tant recherché dans cette littérature, celui de l'homme soviétique, qui accomplit l'exceptionnel en toute simplicité, et que chante le réalisme socialiste. Or ces thèmes vont être repris sur le mode mineur par les écrivains progressistes français, communistes ou sympathisants, qui constituent une bonne part de la production éditoriale des EFR et tentèrent de promouvoir un réalisme socialiste «à la française».

La Résistance, avec Les Communistes d'Aragon au premier plan, et les nombreux romans sur la résistance, mais aussi ce qui s'est appelé la «nouvelle Résistance», celle à l'occupation américaine (Le Premier Choc, premier roman français prix Staline en 1952), forme le grand thème de cette littérature qui se veut nouvelle. Mais on retrouve ici la même tension entre une visée très large, la défense de la paix, du progrès, de la résistance à l'oppression, et la réalité de guerre froide qui fait du héros nouveau un communiste, et un communiste français. C'est là le sens de l'enthousiasme qui saisit Aragon à la lecture de Ceux qui vivent, récit de 1947 de Jean Laffitte sur sa déportation[xi], qui met en scène, pour la première fois dit-il, «l'image vraie, émouvante, nouvelle d'un de ces hommes dont le nom mène les esprits à la dérive, l'image saisissante d'un communiste, et, j'y insiste, d'un communiste français[xii]». C'est ce héros qui devient le nouveau héros de la nouvelle littérature à laquelle en appelle Aragon, et qu'il mit lui-même en scène dans son grand roman des Communistes, avec par exemple la figure emblématique de Raoul Blanchard. Il nous faut néanmoins noter qu'Aragon s'oppose ici à une lecture ouvriériste qui donnerait droit de cité dans le roman progressiste aux seuls ouvriers; et le roman Les Communistes en témoigne, qui fait une large place aussi à des héros bourgeois, et notamment à ceux de l'histoire d'amour principale, Jean de Moncey et Cécile Wisner. Cette opposition à une lecture ouvriériste se fait au nom du réalisme lui-même, dans la mesure où, dira-t-il en réponse aux critiques qui lui ont été faites pour Les Communistes, le prolétariat n'existe pas seul, sous une cloche, comme l'a souvent représenté l'optique naturaliste, ou populiste[xiii]. Les romanciers communistes ou sympathisants publiés aux EFR ne seront ainsi pas tenus de ne représenter que des héros populaires, même s'il est vrai que l'existence même de ces critiques traduisait une attente du public communiste, et qu'en regard de l'imposant massif des héros populaires du réalisme socialiste à la française, la place faite aux héros bourgeois s'avère tout à fait mineure (si l'on excepte Les Communistes d'Aragon). Mais il faut remarquer aussi qu'en ce qui concerne ces mêmes héros populaires, le regard d'Aragon se distingue volontairement, là encore, d'un regard populiste, ou naturaliste, qui identifierait l'ouvrier à sa casquette; comme il le dit, en effet, à propos du roman d'André Stil, si un «pas en avant» est fait pour le roman français, c'est que le communiste se reconnaît non pas à des caractéristiques extérieures (Henri, le docker français, secrétaire de la section communiste et héros principal, en est dépourvu jusqu'au deuxième tome), mais à ce qu'Aragon nomme le «typage d'âme», ce qui définit ce qui se passe en propre dans la tête de ces nouveaux héros et qui détermine leur action; tant il est vrai, reprend-t-il en citant le texte d'André Stil, que «ce qui se passe dans leurs yeux est plus important que leur couleur[xiv]…» Et si le nouveau héros prend la figure du communiste français, l'approche particulière de l'écrivain présente aussi le mérite de mettre en lumière les distances qui pouvaient s'établir face aux attendus de la littérature de guerre froide: ainsi, contrairement à l'optique qu'a tenté de promouvoir Auguste Lecoeur, notamment, et qu'Aragon définit comme populiste, le prolétariat peut hésiter devant une grève[xv]; Aragon ici donne raison à André Stil dans Paris avec nous (LePremier Choc). Mais c'est déjà dans l'importante conférence de 1950 pour la Bataille du Livre de Paris que cette distance apparaît de la manière la plus visible, quand Aragon ironise avec force sur la fin convenue, tant attendue par certains critiques et certain public, des romans progressistes : «c'est devenu une chose tout à fait entendue (…) qu'à la fin d'un roman contemporain le héros doit entrer au Parti Communiste. C'est ce qui tient lieu du baiser par lequel se terminent les films de Hollywood[xvi]». Le roman des EFR, s'il multiplie les héros communistes, ne le fera donc pas avec un tel schématisme dans l'apprentissage; et par là il est censé, non seulement servir la complexité propre de la vie, mais aussi le plaisir du lecteur à lire des histoires vraies, vivantes, et qui contiennent des histoires d'amour, loin du jour austère sous lequel la presse bourgeoise présente les romans progressistes, à thèse, comme elle le faisait des romans soviétiques. On voit donc quelle marge de manoeuvre est laissée au livre progressiste, entre la défense des intérêts strictement militants et l'application plus large qui peut en être faite.

Force est de constater que les romans progressistes français selon le coeur d'Aragon se distinguent, en effet, non seulement par le recours à l'actualité (le dogme du nécessaire recul historique, bien souvent critiqué par Aragon[xvii], n'est pas plus appliqué dans Les Communistes que dans d'autres livres d'auteurs mineurs) et la figuration engagée de héros populaires et communistes en lutte, mais aussi par un climat commun à ces oeuvres, d'optimisme et non de découragement; cela en opposition aux «littératures noires» fustigées par Pierre Daix mais aussi par Aragon, qui en fait un leitmotiv de sa critique de ces années, en infléchissant quelque peu le système d'opposition propre à la critique communiste. Nous voudrions ici montrer combien cet aspect relève d'une dimension politique (dans un discours de 1947 Thorez en appelle, en relève d'une bourgeoisie décadente, à une littérature vitale et «résolument optimiste »[xviii]) mais aussi, avec la réflexion plus générale d'Aragon sur la bonté propre au roman des temps nouveaux, permet d'élargir le champ de la littérature progressiste contemporaine. Le roman progressiste, qui s'oppose à la nouvelle mode existentialiste, aux romans de Sartre, aux prétendues traductions américaines (Boris Vian) et à la littérature obscène (Henry Miller), réunit sous son étendard bien des valeurs: optimisme, exaltation du Bien, de la vie («la morale des communistes, c'est la morale des hommes qui défendent la vie», Jean Laffitte, Ceux qui vivent repris par Laurent Casanova[xix]), contre le pessimisme, le triomphe du Mal (l'idée qu'on «ne fait pas de bonne littérature avec de bons sentiments», contre laquelle Aragon s'est toujours élevé avec force) et les forces morbides et artificielles de l'«autre» littérature, qui ne fait en fait que recycler, sous couvert de nouveauté et le talent en moins, le romantisme désespéré de l'Oberman de Senancour[xx]. Or il est vrai que l'optimisme du roman progressiste, au contraire de l'approche qui se donnait à lire aux temps de la défaite et du pétainisme, s'accorde avec celui de la classe montante, le prolétariat qui représente les valeurs nationales victorieuseset sait son action fondée ; on voit donc bien là la dimension politique que revêt l'exaltation de ces valeurs humaines. Cette dimension politique d'opposition aux littératures «noires» apparaît tout particulièrement au travers d'un exemple polémique, autour de la publication de La Dernière Forteresse de Pierre Daix en 1950, dont Aragon fait le compte rendu en louant son jeune auteur, rescapé du camp de Mauthausen, de n'avoir pas cherché l'explication de ce monde «concentrationnaire» dans «cet absurde à la mode, qui détourne de l'explication réelle de toutes choses et prépare la grande défaite des hommes par la confusion, l'inconscience et la considération du néant». L'attaque portée contre cet absurde dans la lignée duquel Aragon fait s'inscrire, au prix de quelques gauchissements, une oeuvre cible, L'Univers concentrationnaire de David Rousset (1946), s'apparente ainsi aux attaques portées contre les littératures «noires», au rang desquelles il faut compter, quel que soit son talent, Kafka qui apparaît de fait comme référence dans le récit de David Rousset. Mais il est frappant que L'Univers concentrationnaire ne soit désigné comme cible pour ce point qu'en 1950, quand David Rousset n'est plus seulement l'auteur, peu remarqué par les communistes, d'un témoignage sur les camps nazis, mais celui qui vient de lancer en 1949 un appel à une enquête sur l'existence d'éventuels camps soviétiques, et dont il faut donc déconsidérer le témoignage de déporté en lui opposant l'expérience que Pierre Daix transposa dans son roman. L'exaltation du Bien et de l'optimisme contre les littératures «noires» n'est ainsi pas dénuée de présupposés politiques; mais la recherche de la «chanson de geste de la bonté nouvelle» (titre d'une des chroniques d'Aragon dans Les Lettres françaises sur Jean-Christophe de Romain Rolland[xxi]) peut aussi permettre, par là même, de classer sous l'étiquette de la littérature progressiste un nombre plus important d'oeuvres, comme la lutte pour la paix, dans son essence prosoviétique, peut aussi être prise dans son sens véritablement large, ainsi quand Aragon affirme, lors de la Bataille du Livre parisienne de 1950, évoquant, une fois n'est pas coutume, son rôle d'éditeur: «Je dirige une maison d'édition. Si un écrivain m'apportait demain un livre qui donne l'horreur de la guerre (…), je le publierais sans me préoccuper si au cours du roman on peut établir ou non que le héros du roman a bien sa carte du syndicat ou sa carte du parti communiste[xxii]». C'est là certes une marque de la vocation paradoxalement, pour une part du moins, hégémonique, de la lutte idéologique du PCF de l'époque; mais c'est aussi, comme nous allons le voir à présent, une des marques de la volonté d'Aragon d'unir au peuple tous les auteurs qui présentent ce «goût infini de la république» qu'évoquait Baudelaire à propos du chansonnier Pierre Dupont[xxiii], d'unir, en un mot, véritablement le peuple et la culture. Car dans le droit fil des Batailles du Livre, le roman progressiste est aussi, pour Aragon, une école de culture, quelle que soit sa dimension militante.

2. Le combat pour la culture et la lutte politique: accords et désaccords

Nous allons voir tout d'abord dans quelle mesure s'accordent la dimension militante de la littérature des EFR et sa vocation implicite d'appel à la culture (inciter à lire des romans progressistes, c'est aussi inciter à lire des romans tout court). Un premier lien peut être établi en mettant en évidence la valorisation qui est faite, dans le discours critique d'Aragon notamment, du langage simple, clair, accessible aux masses. Telle est la leçon en effet du réalisme de Jean-Richard Bloch dont paraît, après sa mort en 1947, une anthologie l'année suivante, Les Plus Belles Pages de Jean-Richard Bloch, présentée par Aragon. Car «il faut bien le dire: on n'a peut-être jamais écrit si simplement»; et en cela Jean-Richard Bloch suit son aîné Romain Rolland, qui, rappelle Aragon, lui écrivait en 1911, parlant de la fille d'un serrurier qui avait aimé Jean-Christophe: «Certes voici les âmes pour qui nous devons écrire – celles qu'on a tant négligées, depuis des siècles»; et la question de Romain Rolland, «L'art doit-il être le langage d'une caste? Doit-il parler pour tous?», qui présuppose sa réponse, est aussi celle de Jean-Richard Bloch et de tous les écrivains progressistes. Or cette accessibilité de l'art véritable est inséparable de sa dimension politique, dans la mesure où c'est ce style simple que visa souvent la critique en Jean-Richard Bloch et Romain Rolland, reflétant alors non un simple point de vue esthétique, mais un parti-pris idéologique, tant il est vrai que s'accordent style simple et responsabilité de l'écrivain (pour reprendre le titre d'un discours de Jean-Richard Bloch, «Responsabilité du talent», donné à lire dans l'anthologie), emphase et jeu avec les mots, et politique de trahison nationale. Le style simple de Bloch, qui verra sa fille tuée par les nazis pour faits de résistance, s'oppose alors à l'écriture d'un Paul Morand et de «tous ces esthètes qui ont un peu péché avec l'ennemi». Car c'est toute l'écriture de Jean-Richard Bloch qui témoigne en faveur de sa responsabilité, et au détriment des «aventuriers du langage»: «Si cette littérature-là est la vraie, on ne peut plus jouer avec les mots, on est tenu de laisser là l'emphase, le néologisme (…) Et il n'y a pas seulement les littérateurs qui ont intérêt à ce qu'il en soit autrement (…) les faiseurs et les fascistes, ont intérêt à ce que ceci ne soit pas la vraie littérature[xxiv]». La dimension militante ne peut donc alors que s'accorder avec l'accessibilité d'un tel langage, avec sa clarté. Comme l'énonçait Jean-Richard Bloch dans son article-programme, «Nommer les choses», l'expression juste, la parfaite adhérence de l'expression à l'objet («ne pas se payer d'ombres, de simulacres»), découlent d'une conception juste. Et il est notable que le terme de «clarté», qui désigne à la fois la simplicité du langage, qui parle à tous, et l'évidence de la vérité politique, revienne plusieurs fois sous la plume d'Aragon défendant André Stil emprisonné[xxv]. On peut ici évoquer le premier titre qu'Aragon donna à la dernière anthologie qu'avait prévue Eluard avant sa mort: Poèmes clairs[xxvi]. L'anthologie de 1952, dont le titre définitif sera Poèmes pour tous, regroupe en effet les poèmes qu'Eluard considérait comme ceux qui étaient accessibles à tous, et fait la part belle aux poèmes écrits depuis 1942 et la «conversion» d'Eluard au communisme et à la poésie engagée, tant il est vrai que clarté poétique et clarté politique s'accordent aisément. Comme Aragon le souligne toutefois, «clarté» n'est pas facilité, et certains des poèmes des recueils dits «difficiles» ont été retenus dans l'anthologie[xxvii]; il ne saurait y avoir, de fait, pour Eluard comme pour Aragon, deux poésies, et deux cultures, l'une «populaire», pour le peuple, différente de l'autre, pour l'élite (c'était déjà un des thèmes de l'article «Hugo, Michelet, Baudelaire et les faiseurs d'almanachs[xxviii]»).

La volonté d'associer le peuple à la culture se lit aussi dans la manière de se réapproprier le patrimoine culturel national, en même temps que, là encore, elle participe de la stratégie politique des communistes, qui souhaitent s'inscrire comme les «continuateurs de la France[xxix]». Patrimoine culturel national, avec des oeuvres de Flaubert (L'Éducation sentimentale, pour sa retranscription de la révolution de 1848), ou de Mérimée, mais aussi patrimoine mondial, avec notamment l'établissement des oeuvres complètes de Tchékhov. Mais la réappropriation concerne au premier plan les auteurs du passé que l'on peut considérer comme progressistes, et qui en raison de cela ont été plus ou moins passés sous silence par l'histoire littéraire bourgeoise, ainsi de Georges Sand, dont est réédité LeCompagnon du Tour de France, qui présente une vue positive, quoique idéalisée, de l'ouvrier. Pour ces auteurs écartés des manuels bourgeois du fait de leur engagement, seule une lecture idéologiquement amie pourra les replacer à la place qu'ils méritent: c'est ce qu'il advient notamment d'un Jean-Richard Bloch inconnu des jeunes gens comme écrivain, alors que «la place de Lévy, de …Et Cie, de La Nuit kurde dans la littérature est incomparable à celle de tous ces Jouhandeau, de ces Morand qui ne peuvent qu'ennuyer la nouvelle jeunesse[xxx]»; c'est aussi le cas pour le «chef d'oeuvre inconnu» d'un socialiste du xixème siècle, LeMarquis des Saffras (1859) de Jules de La Madelène, sur lequel nous reviendrons.

Mais il est d'autres auteurs qu'il faut défendre contre une mauvaise lecture, profitant à l'ennemi. Tel est le cas notamment de l'écrivain Jules Vallès, dont la trilogie de Jacques Vingtras, éditée sous la direction de Lucien Scheler, se complète de la correspondance et des articles du Cri du peuple, et vise à éclairer l'oeuvre dans son contexte, sans taire ses limites politiques, qui ne sauraient toutefois empêcher de faire compter Vallès au nombre des auteurs de progrès. Tel est le cas aussi de Gorki, dont les oeuvres complètes sont éditées sous la direction de Jean Pérus: si les premiers contes et le premier roman, Thomas Gordéiev, portent la marque d'une pensée plus ou moins nihiliste, il reste qu'en les confrontant avec l'oeuvre future de l'auteur de La Mère, ils révèlent déjà la confiance en l'homme qui fait de Gorki, pour Aragon, un des fondateurs du réalisme socialiste. Il faut toutefois remarquer, comme Aragon nous y invite, que rééditer l'ensemble des oeuvres de Gorki, avec notamment Klim Sanguine qui ouvre la série, fresque de la Russie qui s'arrête en 1917, pouvait choquer une critique sectaire qui voit en Gorki un auteur dépassé au temps de la construction du socialisme[xxxi]. Si cette entreprise vise à pouvoir compter sans hésitation possible Gorki au nombre des auteurs progressistes, à l'inverse de ce que la critique adverse pouvait parfois prétendre, elle n'en reflète pas moins aussi, contre un sectarisme toujours possible, une certaine largeur de vues (et bien sûr l'étendue des goûts d'Aragon). On comprend alors comment Victor Hugo peut devenir le poète national et ainsi le véritable auteur populaire, au travers de l'anthologie présentée par Aragon, Avez-vous lu Victor Hugo? (1952). Cette anthologie poétique, qui fait la plus large place aux Châtiments et à L'Année terrible, dresse ainsi la figure d'un Hugo héraut d'une poésie politique, qui se prête tout particulièrement à l'actualisation: Hugo ainsi sera lu pendant la Résistance, et, en sens inverse, lors de la parution du Chant général de Pablo Neruda, nombreux seront les commentaires comparant les oeuvres engagées de ces deux poètes exilés.

La dimension militante du projet éditorial des EFR nous semble ainsi s'accorder avec ce qui apparaît être une autre volonté d'Aragon, celle de rendre accessible la culture au peuple; mais si l'on s'éloigne des discours d'Aragon s'opposant aux «deux cultures», et si l'on regarde la production éditoriale effective des EFR, on voit que voisinent, à côté des Communistes d'Aragon, des chefs d'oeuvre de Gorki ou des poèmes de Neruda, bien des oeuvres d'auteurs communistes français, d'André Wurmser à Pierre Daix, qui n'ont pas survécu; contrairement à ce qu'affirmait Aragon, Le Premier Choc était loin de constituer un « pasen avant » pour le roman français. Mais cette affirmation est à relativiser si l'on prend garde à un autre écrit d'Aragon, qui dresse en quelque sorte un contre modèle de l'oeuvre emblématique de la «clarté française», clarté du style et évidence politique confondues. Il s'agit de sa préface à la réédition de La Guerre est morte de Louis Delluc, le célèbre scénariste qui fut aussi romancier et nouvelliste. En 1952 paraît aux EFR ce roman qui effraya la censure pendant la première guerre mondiale: il s'agit là, en effet, de pas moins que de l'entreprise de deux hommes de «tuer» la guerre, en endormant un général et un ministre, pour rétablir la paix chère au coeur des hommes. Si la morale est sauve à la fin du livre (un des protagonistes n'est autre qu'un espion allemand finalement démasqué), on comprend qu'il ait effrayé la censure de l'époque en manifestant un trop grand désir de paix. Mais si l'on peut replacer cette oeuvre dans le cadre de guerre froide de la «lutte pour la paix», il est plus intéressant de voir dans quelle mesure, avec le discours d'Aragon qui l'accompagne, elle permet de nuancer la valorisation de la «clarté» propre au roman d'André Stil, telle qu'elle se dégageait du commentaire d'Aragon. Au moment même où ce dernier fait en effet l'éloge du Premier Choc (1952), il signale à propos de La Guerre est morte et de sa fin conforme à la censure, qu'il «fallait savoir lire» ce livre alors, et y voir d'abord l'oeuvre d'un homme qui aimait la paix. De même, avance Aragon, «il faut savoir lire au temps de la guerre froide»; suivent alors quelques exemples de livres ou de pièces qui sont susceptibles d'une telle lecture de contrebande, et on ne peut pas s'empêcher de songer qu'il valorise là des oeuvres se distinguant, par une certaine obscurité de déchiffrement, de la clarté politique évidente de romans comme Le Premier Choc. Mais la tension entre la volonté d'Aragon de faire partager sa vaste culture, et la dimension militante d'une «littérature de guerre froide», peut prendre d'autres formes, comme celle de la réédition et de l'éloge d'oeuvres instaurant un certain bouger par rapport au modèle jdanovien du roman de guerre froide. Nous retiendrons pour conclure l'exemple du Marquis des Saffras de Jules de La Madelène, réédité en 1949. Ce roman qui raconte, sur fond d'une Provence riante, l'histoire du paysan Espérit qui désire plus que tout monter dans son village une tragédie de Voltaire, resta totalement ignoré par la critique de l'époque à l'exception de Barbey d'Aurevilly, en raison, selon Aragon, de l'ardent engagement républicain et socialiste de son auteur. L'enthousiasme d'Aragon, pour qui, d'Alphonse Daudet à Alain-Fournier, on ne retrouve «que la menue monnaie de Jules de La Madelène», n'en est que plus vif. Or ce roman, s'il peut, par certains aspects (l'engagement de l'auteur, tout d'abord, mais aussi l'éveil du peuple, qui est en outre le véritable héros de l'histoire, aux choses de l'esprit, et la volonté de réconciliation des hommes, car Espérit est bon), s'inscrire dans la lignée éditoriale des EFR, se situe néanmoins en un certain décalage avec elle. On y voit en effet une Provence hors de l'Histoire, et un héros, Espérit, qui se consacre certes aux autres, mais aussi à certaines inventions personnelles, qui, loin des découvertes utiles au peuple saluées dans les romans soviétiques, traduisent surtout en lui le goût de l'enfance et une certaine folie, folie qui fait au demeurant le charme du roman.

J'espère, grâce à cette vue d'ensemble de la production éditoriale des EFR pendant la guerre froide, avoir permis de mieux préciser sur quelles implications politiques ces choix éditoriaux reposaient, et comment, en regard de ces dernières, s'ordonnait leur vocation culturelle. Aragon dirigeait dans cette période l'ensemble de l'édition, même si ce fut de loin et s'il ne laissa que peu de traces écrites, hors les préfaces et compte rendus d'ouvrages que nous avons évoqués, de son activité; c'est donc la complexité de sa personnalité qui se donne à lire à travers elle, qui le fait passer d'un éloge du Premier Choc à celui de La Nuit kurde ou du Marquis des Saffras. Même si les implications idéologiques, dans cette période, prennent généralement le pas sur le choix de la qualité esthétique des oeuvres, notamment pour ce qui relève du réalisme socialiste français (le niveau d'exigence étant souvent supérieur pour les oeuvres soviétiques), l'ambition culturelle se donne toujours à lire, non seulement par les coups de projecteur donnés sur quelques oeuvres et quelques auteurs privilégiés, mais aussi à travers la permanence de certains combats, indissociables de la lutte d'Aragon pour le livre populaire, comme le combat contre le populisme.

Béryl Lecourt


Oeuvres des EFR (ainsi que de La Bibliothèque française) citées<u>[xxxii]: </u>

Littérature française (littérature progressiste contemporaine et «classiques du peuple français»):

Aragon, Les Communistes, 1949-1951

Les Plus Belles Pages de Jean-Richard Bloch, présentées par Aragon, 1948

Pierre Daix, La Dernière Forteresse, 1950, préface d'Aragon

Paul Eluard, Poèmes pour tous, 1952

Louis Delluc, La Guerre est morte, rééd. 1952, préface d'Aragon

Flaubert, L'Éducation sentimentale

Avez-vous lu Victor Hugo? anthologie poétique commentée par Aragon, 1952

Jules de La Madelène, Le Marquis des Saffras, rééd. 1949, préface d'Aragon

Georges Sand, Le Compagnon du Tour de France

André Stil, Le Premier Choc, 1951-1953

Jules Vallès, Oeuvres, sous la direction de Lucien Scheler, à partir de 1950

Littérature progressiste occidentale:

Jorge Amado, Le

Chevalier de l'espérance, 1949

Howard Fast, Tom Paine

Pablo Neruda, Le Chant général, 1950-1954

Littérature russe et soviétique:

Tchékhov, Oeuvres, sous la direction de Jean Pérus, à partir de 1952

Gorki, Oeuvres, sous la direction de Jean Pérus, à partir de 1950

V. Ajaev, Loin de Moscou

Mikhaïl Cholokhov, Terres défrichées

Ilya Ehrenbourg, La Tempête, 1949

Alexandre Fadéev, La Jeune Garde, 1948

Alexandre Fadéev, La Défaite

M. Iline, Les Montagnes et les hommes, traduction d'Elsa Triolet

La Jeune fille de Kachine, présentation d'Elsa Triolet, 1950

Emmanuel Kazakievitch, L'Étoile, premier roman de la collection «Au pays de Staline», préface d'Aragon, 1950

Nicolas Ostrovski, Et l'acier fut trempé

Boris Polevoï, Un Homme véritable, 1950

Wanda Wassilievska, Les Ténèbres vaincues, 1949

Commentaires critiques d'Aragon

«Chroniques de la pluie et du beau temps», Europe, n° 18, juin 1947(Chroniques de la pluie et du beau temps, EFR, 1979) (contre les littératures «malades», de Jean Genet à Henry Miller)

«Les pilotes de l'enthousiasme», LLF, 5 mai 1949

«Le roman et les critiques» (discours lors de la Bataille du Livre parisienne), La Nouvelle Critique, juin 1950, p. 75-90

«Michelet, Hugo, Baudelaire et les faiseurs d'almanachs», LLF, 1er juin 1950

«Parenthèse sur les prix Staline», LLF, 10 avril 1952 (sur Le Premier Choc)

«Les Egmont d'aujourd'hui s'appellent André Stil», LLF, 30 mai 1952

«Voyage sentimental dans la littérature soviétique», LLF, 6 novembre 1953, repris dans Littératures soviétiques, Denoël, 1955

«L'art de parti en France» (discours au xiiième Congrès du PCF), La Nouvelle Critique, juillet-août 1954, p. 8-29

Préfaces:

«Préface au chef d'oeuvre inconnu» (Le Marquis des Saffras), LLF, 1er juillet 1949, repris dans La Lumière de Stendhal, Denoël, 1954

«Préface» à Louis Delluc, La Guerre est morte, EFR, 1950, repris dans La Lumière de Stendhal

«La Dernière Forteresse, Pierre Daix», LLF, 16 mars 1950

«Préface» à Emmanuel Kazakievitch, L'Etoile, EFR, 1950

Anthologies:

Les Plus Belles Pages de Jean-Richard Bloch, 1948

Avez-vous lu Victor Hugo?, 1952

Sur Eluard et Jean-Richard Bloch:

L'Homme communiste II, Gallimard, 1953



[i] Elsa Triolet, L'Écrivain et le livre, Editions Sociales, 1948.

[ii] Voir «Michelet, Hugo, Baudelaire et les faiseurs d'almanachs», Les Lettres françaises (LLF), 1er juin 1950.

[iii] «Le roman et les critiques», La Nouvelle Critique, juin 1950, p. 75-90.

[iv]

La Marseillaise, 20 mars 1950, cité par Marc Lazar, «Les &#147;Batailles du livre'' du Parti communiste français (1950-1952)», Vingtième siècle. Revue d'histoire, n° 10, mai-juin 1986, p. 38.

[v] Les EFR résultent de la fusion, en 1949, de deux maisons d'édition communistes: la Bibliothèque française (BF) et les éditions Hier et aujourd'hui. Nous tiendrons compte des romans de la BF publiés avant 1949, Aragon en étant le directeur et ces livres ayant été souvent réédités en passant aux EFR.

[vi] M. Thorez, La lutte pour l'indépendance nationale et la paix, discours au xiième Congrès national du PCF, avril 1950.

[vii] Aragon, «Les pilotes de l'enthousiasme», LLF, 5 mai 1949.

[viii] A. Wurmser, LLF, 19 janvier 1950.

[ix] «Une image d'Aragon à travers le questionnaire de Proust», LLF, 19 janvier 1961, repris dans L'Oeuvre poétique, tome XIII.

[x] Jean Pérus, Introduction à la littérature soviétique, Editions Sociales, 1949.

[xi] Jean Laffitte, Ceux qui vivent, Hier et aujourd'hui, 1947.

[xii] «Il chante au soleil qui se lève», LLF, 6 juin 1947.

[xiii] «Le roman et les critiques», art. cit.

[xiv] «Parenthèse sur les prix Staline», LLF, 10 avril 1952.

[xv] «L'art de partien France» (discours au xiiième Congrès du PCF), La Nouvelle Critique, juillet-août 1954.

[xvi] «Le roman et les critiques», art. cit.

[xvii] Voir contre ce «vieux bateau critique» les «Chroniques de la pluie et du beau temps», Europe, septembre 1948.

[xviii] M. Thorez, Au service du peuple de France, rapport au xième Congrès national du PCF, Ed. du PCF, juin 1947.

[xix] L. Casanova, Le Communisme, la pensée et l'art, Ed. du PCF, 1947.

[xx] «Chroniques de la pluie et du beau temps», Europe, juin 1947.

[xxi] «Romain Rolland ou le triomphe du coeur», LLF, 21 avril 1949.

[xxii] «Le roman et les critiques», art. cit.

[xxiii] «Michelet, Hugo, Baudelaire et les faiseurs d'almanachs», art. cit.

[xxiv]

Les Plus Belles Pages de Jean-Richard Bloch, BF, 1948, repris dans L'Homme communiste II, Gallimard, 1953, p. 105-106.

[xxv] «Les Egmont d'aujourd'hui s'appellent André Stil», LLF, 30 mai 1952.

[xxvi] Voir L'Homme communiste, II, Gallimard, 1953, p. 141.

[xxvii]Ibid.

[xxviii]

LLF, 1er juin 1950.

[xxix] M. Thorez, La lutte pour l'indépendance nationale et la paix, op. cit.

[xxx]

Les Plus Belles Pages de Jean-Richard Bloch, repris dans L'Homme communiste II, op. cit., p. 106.

[xxxi] «Voyage sentimental dans la littérature soviétique», LLF, 6 novembre 1953, repris dans Littératures soviétiques, Denoël, 1955, p. 26.

[xxxii] Certaines dates ne sont pas mentionnées en raison de l'absence, pour la période, de cataloguesexhaustifs : pour les oeuvres qui n'ont pu être datées grâce à des compte rendus, je me suis fondée sur des extraits de catalogue de 1950-1951 et de novembre 1952.



Béryl Lecourt

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Dernière mise à jour de cette page le 1 Mars 2007 à 19h59.