Édition
Nouvelle parution
Zbigniew Herbert, Corde de lumière - Oeuvres poétiques complètes, tome 1

Zbigniew Herbert, Corde de lumière - Oeuvres poétiques complètes, tome 1

Publié le par Nicolas Geneix

 

Zbigniew Herbert, Corde de lumière - Oeuvres poétiques complètes, tome 1

Edition bilingue ; traduction de Brigitte Gautier.

Paris : Le Bruit du Temps, 528 p. 

  • 26,00 €
  • EAN13 : 9782358730334

Présentation de l'éditeur

Premier tome de la traduction intégrale des 9 recueils de poèmes de Zbigniew Herbert (1924-1998) au Bruit du temps, ce volume réunit : Corde de lumière / Struna Wiatla (1956), Hermès, le chien et l’étoile / Hermes, pies i gwiazda (1957),Étude de l’objet / Studium przedmiotu(1961), pour leur plus grande part inédits en français.

Le Bruit du temps publiera les oeuvres poétiques complètes en trois volumes (un volume par an), recueillant trois par trois, chronologiquement, les recueils du poète polonais dans une édition bilingue, et une traduction de Brigitte Gautier. Parallèlement, paraîtront à un rythme annuel les trois volumes de ses essais de voyage.


Dès le premier poème, la poésie de Herbert affirme la force de la beauté, de l’amour (de la lumière) face à la cruauté du monde réel : deux amoureux s’embrassent, oublieux de la guerre qui fait rage autour d’eux. Elle le fait avec détachement, sans pathos – plus tard, avec ironie et humour – et sans jamais se leurrer sur la difficulté de la tâche. Car la barbarie n’est jamais loin : « Il y a un abîme entre la lumière et nous. » Mais pour Herbert, la pensée n’exclut pas la passion : « Dans mes poèmes je voudrais que les mots et les configurations soient transparents. » Il s’agit, pour quelqu’un qui a fait l’expérience des mensonges de l’idéologie, de bâtir sur les choses, sur l’étude l’objet (comme Ponge le fait en France) pour rendre une innocence au langage. Herbert s’appuie également sa « relation active à la tradition ». Chaque génération doit se réapproprier la culture du passé, se confronter aux mythes, aux grandes oeuvres : Homère, Dante, Shakespeare. Comme chez Cavafy, la réflexion historique et philosophique anime et rend familiers les personnages du passé. « Lorsque j’écris un poème sur Apollon et Marsyas, j’essaie de lire une histoire très ancienne avec des yeux neufs et de répondre à la question de son contenu, quelle vérité peut-on y découvrir qui soit encore présente et vivante, non seulement pour moi mais aussi pour mes lecteurs. »

 

Parabole


Le poète imite les voix des oiseaux
il étire son long cou
et sa pomme d’Adam saillante
est comme un doigt maladroit sur l’aile de la mélodie

en chantant il croit vraiment
hâter le lever du soleil
la chaleur de son chant en dépend
et la pureté de ses aigus

le poète imite le sommeil des pierres
la tête dans les épaules
il est comme un fragment de sculpture
à la respiration rare et pénible

en dormant il croit que lui seul
percera le secret de l’existence
et que sans l’aide des théologiens
il happera l’éternité de sa bouche assoiffée

que serait le monde
s’il n’était plein
de l’incessant va-et-vient du poète
parmi les pierres et les oiseaux

Zbigniew Herbert, Hermès, le chien et l’étoile, 1957.