Questions de société

"Xavier Darcos a menti !", par L. Mouloud (L'Humanité, 18/03/09) : collège Doisneau / collège Curie

Publié le par Bérenger Boulay

[Voir aussi, sur Fabula, la page : Xavier Darcos Supermenteur (Lettre ouverte, pétition etc.)
et le blog de V. Soulé sur liberation.fr : le cas du collège Marie Curie]

L'Humanité:

« Xavier Darcos a menti ! », par Laurent Mouloud, L'Humanité, 18 mars 2009

Éducation . Il avait promis que lafin de la carte scolaire n'entraînerait pas de diminution de moyens. Lapreuve du contraire au collège Robert-Doisneau à Paris.

« Darcos a menti sur la carte scolaire, s'emporte unprof. Et on en paye le prix. » Ce matin encore, la moitié desenseignants du collège Robert-Doisneau, à Paris (20e), seront en grève.Comme depuis une semaine. Un mouvement digne du ras-le-bol de l'équipeéducative, vent debout contre la baisse continue des moyens affectés àleur établissement. Selon le projet de dotation horaire du rectorat,Robert-Doisneau devrait perdre 51 heures hebdomadaires à la rentrée2009, après en avoir déjà perdu 70 l'année précédente ! Un comble pourcet établissement des hauteurs de Ménilmontant, situé en zoned'éducation prioritaire (ZEP)…

Cercle infernal

« Cela va se traduire par la suppression de deux postespour l'année prochaine, auxquels s'ajoutent les deux de cette année,déplore Éric Watteau, professeur d'histoire-géographie et représentantdu SNES-FSU. En clair, cela veut dire moins de dédoublements de classe,moins d'heures de soutien et peut-être aussi la suppression de lasixième de consolidation, que l'on avait créée pour les élèves endifficulté. » Au rectorat, on réplique avec un unique argument : labaisse continue des moyens accompagne la baisse continue des effectifs.Point final.

Ce discours horripile les enseignants deRobert-Doisneau. Pour cause : cette fonte du nombre d'élèves est laconséquence directe de l'assouplissement de la carte scolaire, vouluepar le gouvernement, et qui permet l'augmentation des dérogations. « Leplus haut niveau de l'État encourage implicitement les familles à fuirles établissements qui n'ont pas bonne réputation », s'agace AnneBaudonne, une prof de français. Résultat : chaque année, le collègeperd des élèves - souvent les meilleurs -, le rectorat supprime desheures, les conditions d'enseignements se dégradent et… la réputationbaisse encore !

Un cercle infernal. Qui se double d'une fermeté durectorat à rebours des discours de Xavier Darcos. Sur l'assouplissementde la carte scolaire, le ministre de l'Éducation nationale a en effettoujours tenu des propos mielleux : « Les établissements qui perdrontdes élèves en raison de la suppression de la carte scolaireconserveront leurs moyens et les mobiliseront pour améliorer laréussite de leurs élèves », répète-t-il à l'envi. « Nous sommes lapreuve du contraire », assène Anne.

Reçue hier matin par l'inspecteur d'académie, ladélégation d'enseignants et de parents d'élèves a pu mesurer l'ampleurde l'entourloupe. La dotation horaire est calculée en fonction dunombre d'élèves. Plus précisément, l'administration attribue uncoefficient horaire par élève (H/E) en fonction des difficultés del'établissement. Plus la situation de ce dernier est compliquée, plusle coefficient est élevé. Classé niveau 5 (le maximum), le collègeRobert-Doisneau a droit à 1,35 heure par élève. « Inflexible,l'inspecteur d'académie nous a expliqué que le maintien des moyenssignifiait le maintien de ce coefficient de 1,35 heure par élève, etnon pas le maintien du nombre de postes ! On a tous éclaté de rire… » Àdéfaut d'en pleurer.

Désormais, les enseignants de Robert-Doisneau ont lesyeux rivés sur la commission technique paritaire (CTP). Celle-ci setient demain, au rectorat de Paris, et tranchera définitivement sur lesdotations horaires des établissements de la capitale. Caroline, uneprof de maths, soupire : « Et dire que l'on est classé "ambitionréussite" ! Enfin… je crois … »