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X. Guilbert, Dictionnaire esthétique et thématique de la bande dessinée :

X. Guilbert, Dictionnaire esthétique et thématique de la bande dessinée : "Science-fiction dans les mangas"

Publié le par Nicolas Geneix

Xavier Guilbert, Dictionnaire esthétique et thématique de la bande dessinée : "Science-fiction dans les mangas"

Article paru sur le site "neuvième art 2.0", avril 2018.

"Certains évoquent, pour l’apparition de la science-fiction au Japon, le conte d’Urashima Tarô, qui est évoqué pour la première fois en 720 de notre ère. Dans cette fable (dont Lafcadio Hearn donne une version dans le premier chapitre de son ouvrage Out of the East – Reveries and Studies in New Japan, 1895), Urashima Tarô, un jeune pêcheur, visite un palais sous-marin. Il y passe trois jours mais découvre en rentrant à son village que trois cents ans ont passé – sa maison en ruine, ses parents morts et lui-même oublié depuis longtemps. Pour autant, cela en fait-il véritablement un récit de science-fiction ? Ou faut-il y voir une nouvelle illustration de la frontière ténue qui existe entre fantastique et science-fiction – notions que les Anglo-saxons regroupent d’ailleurs parfois sous le même terme de fantasy ?

Il faudra attendre la fin du XIXe siècle et l’ouverture à l’Occident pour que l’influence de Jules Verne se fasse sentir : Le Tour du monde en quatre-vingts jours y sera son premier roman traduit, en 1878-1880, et ses œuvres y rencontreront un large succès populaire. Le terme de « kagaku shôsetsu » (littéralement « roman scientifique ») fera d’ailleurs son apparition dès 1886 pour décrire ce nouveau genre de publications.
Cette influence se montre encore très présente au moment où le « manga moderne » fait ses premiers pas après la Seconde Guerre mondiale, lorsque Tezuka Osamu publie successivement Lost World (« Le Monde Perdu », 1948) et Metropolis (1949), dont les titres font explicitement référence à deux œuvres de la science-fiction occidentale, mais déjà le contenu s’en écarte très sensiblement. Il continuera d’ailleurs à faire preuve d’un intérêt certain pour la science-fiction, qui se traduira par de nombreuses créations durant l’âge d’or du « story manga » pour enfants (1952-1966), comme Zero-menBig XNumber 7 ou encore Kaos. Plus tard, il y reviendra régulièrement dans le cadre de son magnum opus anthologique, Phénix, l’oiseau de feu.
Les échanges culturels n’ayant cessé de s’intensifier depuis, on continue d’observer emprunts et références (comme par exemple le Cobra de Terasawa Bûichi dont l’introduction puise dans la nouvelle de Philip K. Dick We can remember it for you wholesale), mais ils sont devenus relativement marginaux par rapport à une production qui s’est résolument autonomisée et a, au fil des ans, développé un certain nombre de thématiques qui lui sont propres. (...)"

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