Questions de société
Wu Ming :

Wu Ming : "Aucun pays n'est à l'abri de devenir un peu l'Italie" (blog Le Cabinet de lecture)

Publié le par Marc Escola

Sur le blog Le Cabinet de lecture, hébergé par Rue89, un article sur le groupe italien Wu Ming et la théorie du "copyleft" :

Wu Ming : "Aucun pays n'est à l'abri de devenir un peu l'Italie"

"Essayer de raconter une période historique, un mythe fondateur, d'un point de vue non seulement original, mais imprévisible", disaient-ils, de passage à Paris cette semaine. "Ils"? Wu Ming 1 et Wu Ming 2, membres du groupe italien Wu Ming.

Un groupe d'écrivains, comme The Rolling Stones est un groupe de rock. Un collectif dont l'entreprise est totalement inédite à cette échelle : une aventure qui mixe culture pop, littérature de genre, engagement politique et combat pour le copyleft. Rencontre, une semaine après le retour au pouvoir de Berlusconi.

Du canular à la bataille pour le copyleft

Au départ, en 1994, il y avait le Luther Blissett Project. Inspiré d'un personnage bien réel : Luther Blisset, footballeur anglais d'origine jamaïquaine, un des rares joueurs noirs à jouer en Italie dans les années 80. Où l'attaquant ne passe qu'une saison (au Milan AC, pas encore aux mains de Silvio Berlusconi). Et se fait remarquer plus par les injures racistes dont il est victime que pour ses rares buts.

Peu après, il devient une emblème altermondialiste de l'autre côté des Alpes. Puis une "signature", partagée par des centaines d'artistes et d'activistes en Europe et en Amérique latine. En 1994, le Luther Blisset Project se mue un phénomène militant : le réseau, ultra-organisé, crée la légende d'un héros populaire, et signe de ce nom des milliers de canulars médiatiques appelant à la "contre-information homéopathique".

La télé italienne tombera plusieurs fois dans le panneau de pseudo-disparitions d'intellectuels ou d'artistes, par lesquels les activistes ont prouvé que les journalistes ne vérifiaient pas leurs informations. Ca ne vous rappelle pas un haut fait médiatique récent, en France ? En 1999, sous le nom Luther Blisset Project, quatre activistes de Bologne publient "Q". En 2000, un cinquième se greffe : "Wu Ming" naît.

"Personne n'a jamais accusé un groupe rock de lâcheté parce qu'il utilisait un nom collectif, sinon tout le monde devrait faire comme Emerson, Lake & Palmer, ou comme Crosby, Stills, Nash & Young" écrivent-ils alors :

"Nous ne ne sommes pas anonymes. Nos noms ne sont pas secrets. Nous utilisons cependant cinq noms de plume composés du nom du groupe plus un numéro, suivant l'ordre alphabétique de nos noms de famille."

Wu Ming, c'est : Roberto Bui alias Wu Ming 1, Giovanni Cattabriga (2), Luca Di Meo (3), Federico Guglielmi alias (4) et Riccardo Pedrini (5). Certes, ce projet légèrement situ n'est pas nouveau. Mais ses activités vont l'être.

En chinois, "wu ming" a deux sens, selon la façon dont on prononce la première syllabe : ce peut être "anonyme" ou "cinq noms". Parfait pour nos hommes. Dont l'engagement est un geyser d'actes et d'idées : des scénarios de films, une revue, un site, en plusieurs langues. Et des interventions dans la vie publique et politique (Gênes en 2001). Leurs livres deviennent vite des cartons.

Wu Ming va pouvoir se consacrer à son combat essentiel : la mise à mort de la propriété intellectuelle. Rapidement, le groupe a mis en ligne ses textes, ses romans, demandant aux lecteurs de les télécharger gratuitement, au mépris des lois. La démarche fait scandale, puis devient succès. Le copyleft est l'âme même de la création littéraire des bolognais.

Pour lire la suite de l'article & l'interview…

Extrait :

"Notre philosophie est que les histoires n'appartiennent pas aux auteurs, pas non plus aux éditeurs. Lorsqu'on raconte une histoire, il faut quelqu'un qui l'écoute. Un individu, une communauté.

Les histoires ne sont pas à toi, mais à cette communauté, sans laquelle on ne peut pas la raconter. La propriété des histoires, c'est aussi du vol. On peut vendre des livres, car ce sont des objets. Mais les textes, eux, doivent être gratuits. "