Questions de société

"What does the London Met disaster teach us about university reform ?" R. Brown (The Guardian, 13/04/10) + revue de la presse britannique sur l'Enseignement Supérieur et la Recherche

Publié le par Bérenger Boulay

What does the London Met disaster teach us about university reform ? Roger Brown, professor of higher education policy at Liverpool Hope University - The Guardian, 13 avril 2010

The current model of governance in higher education is not fit for purpose, says Roger Brown, and there will be more casualties if we don't act quickly.

"The crisis at London Metropolitan University, where the vice-chancellor resigned after the university was told to pay back £36m for mis-reporting student drop-out rates, is only the latest in a series of recent cases that have involved the departure of a vice-chancellor (others include City University, East London, Imperial College, Lampeter and Leeds Metropolitan) after internal ructions.

[...]

It has been clear for many years that the present model of university governance is not fit for purpose and never will be. Without fundamental reform, there will be more London Mets. We have been warned."

Lire l'article complet sur le site du Guardian ou sur celui de Slu

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Sur le site de SLU:

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Ci-dessous: revue de presse envoyée le 06 avril à la liste de diffusion de la CNU. L'auteur souhaite rester anonyme.

Le premier ministre Gordon Brown a lance la campagne electorale pour le parlement, et les elections auront lieu le 6 mai,

http://news.bbc.co.uk/1/hi/uk_politics/8603591.stm

Le debat sur les coupes budgetaires et l'education y tiendra certainement une place importante [Voir aussi sur Fabula le dossier "Autonomie", coupes budgétaires et suppressions de postes pour les universités britanniques ]

http://news.bbc.co.uk/1/hi/education/8602979.stm

et le labour promet de "sanctuariser" le budget des ecoles.

Mais quelle est la doctrine educative du Labour? Un babacoolisme manageriale? Une version marchande de Summerhill? Le gouvernement Labour aurait encourage la participation d'eleves de 11 ans et plus a des entretiens de recrutements de professeurs des ecoles et d'enseignants,

http://www.independent.co.uk/news/education/education-news/alarm-raised-at-pupils-power-over-appointment-of-teachers-1934808.html
http://www.timesonline.co.uk/tol/life_and_style/education/school_league_tables/article7086438.ece
http://www.guardian.co.uk/education/2010/apr/03/children-job-interviews-questions
http://news.bbc.co.uk/1/hi/education/8599485.stm

Certains eleves demandaient ainsi aux candidats de chanter leur chanson preferee, comment ils feraient pour rentrer chez eux apres l'ecole (pour un eleve c'est une question evidemment importante...), quelles methodes pour faire face aux eleves a caractere difficile, ou encore jusqu'a quelle heure on pouvait le contacter le soir pour l'aide au devoir...

Si considerer l'eleve comme un client peut avoir encore quelques avantages (on ne peut pas classer des clients si facilement, si bien que l'enseignant travaille finalement moins pour le marche du travail et les employeurs que dans d'autres systemes), l'apprentissage du management tout au long de la vie risque de poser des problemes serieux aux enseignants pour communiquer avec ces jeunes apprenants. C'est donc avec beaucoup d'a propos que le Labour propose d'en revenir a la force physique

http://www.independent.co.uk/news/education/education-news/teachers-allowed-to-use-physical-force-1936718.html

pour les problemes de disciplines. Il faut dire que les pronostics electoraux sont serres

http://news.bbc.co.uk/1/hi/uk_politics/8280050.stm

et que les ecarts entre conservateurs, labour et liberal-democrates se resserrent. On attend avec impatience la version francaise de ces derives  qu'il faut esperer experimentales (il y en a cependant des traces dans la presse depuis un certain temps...)!

De leur cote les etudiants de Sussex ne sont pas en reste et tente de construire un vaste mouvement de revendications a partir des mecontentements qui s'expriment a l'approche des elections. Leur site web s'ouvre sur un appel de soutien pour les travailleurs du train,

http://defendsussex.wordpress.com/2010/04/02/high-court-injunction-used-to-squash-national-rail-strike-solidarity-statement/

qui ont vu une greve largement votee (les greves doivent etre votees par les syndiques sous peine d'etre declarees illegales, ce qui peut avoir des consequences tres graves) interdite par les tribunaux. Leurs pages web de soutien internationaux est impressionnante,

http://defendsussex.wordpress.com/messages-of-solidarity/

avec des messages de solidarite qui viennent de Hollande, d'Autriche, des USA, de differentes entreprises, groupes politiques, ou syndicats britanniques, et meme de Coree du sud! Mais apparament aucun message de France.

Les revendications des personnels sur le financement de la recherche marquent apparament aussi des points importants en cette periode electorale. Les agences de financement ne prendraient plus en compte l'impact economique et social

http://www.timeshighereducation.co.uk/story.asp?sectioncode=26&storycode=410996&c=2

pour le financement des projets. L'evaluation quadriennale des laboratoires (le fameux RAE devnu REF) n'utilisera pas les mesures d'impacts bibliographiques

http://www.timeshighereducation.co.uk/story.asp?sectioncode=26&storycode=411056&c=2

Un des motifs de ce recul est interessant meme si il laisse un peu perplexe: les femmes seraient moins citees que les hommes et l'utilisation d'indices de citations serait donc discriminatoire.
 Cette liaison possible entre testosterone et citations scientifiques meriteraient d'etre creusee! Cette decouverte interessante est faite alors que les femmes participent maintenant plus que les hommes aux etudes superieures,

http://news.bbc.co.uk/1/hi/education/8596504.stm
http://www.guardian.co.uk/commentisfree/2010/apr/02/female-students-majority-women-university

Un troisieme recul possible concerne les brevets et les incubateurs de startups. Un economiste d'Oxford, Christian Helmers,

http://www.chelmers.com/

remet en cause le role protecteur des brevets qui sont utilises en France dans un sens positif pour l'evaluation. Une etude recente sur les incubateurs d'entreprises a ete recemment presente par cet auteur a la Royal Economic Society

http://www.timeshighereducation.co.uk/story.asp?sectioncode=26&storycode=411044&c=1

et argue que la presence d'un incubateur induit une augmentation des brevets par les entreprises innovantes du voisinage, dans un but de protection ou de reconnaissance. Cette augmentation des brevets seraient nefaste au final puisqu'elle bloquerait ou retarderait la diffusion de l'innovation devenue captive.

Un quatrieme recul possible est lui tres hypothetique mais merite d'etre evoquer: le HEFCE, l'organisme qui finance les universites, a evoque la possibilite de virer les presidents d'universites qui ne serait pas a la hauteur de l'autonomie,

http://www.timeshighereducation.co.uk/story.asp?sectioncode=26&storycode=411041&c=2

Mais on se demande ce que voudrait bien dire l'autonomie manageriale dans ce cadre! Attention a ce que cet article a ete publie un 1er avril (mais ce journal avait deja evoque la possibilite que le Labour nomme la presentatrice de la version anglaise des Chiffres et des Lettres a la tete d'un grand ministere des nombres si il etait reelu).

Les francais aimeraient sans doute avoir une presse digne de ce nom et le Monde de l'Education, Educpros et autres nousvousils gagneraient tres certaiment a prendre exemple sur le Time Higher Education Supplement (THES). Il publie cette semaine une enquete tres fouillee sur le salaire des managers de l'universite qui fait suite a des articles du Guardian sur le meme sujet,

http://www.timeshighereducation.co.uk/story.asp?sectioncode=26&storycode=411031&c=2

A vrai dire toutes ces donnees sont publiques en Grande Bretagne mais voir qu'un nombre significatif de presidents d'universite sont mieux payes que le premier ministre donne un peu le tourni.

A noter aussi un article tres interessant sur la difference entre universites et entreprises

http://www.timeshighereducation.co.uk/story.asp?sectioncode=26&storycode=411031&c=2

par Iain Pears, un historien d'art et journaliste qui ecrit aussi un excellent blog sur les ravages de la managerisation a King's College

http://boonery.blogspot.com/

Un article fait aussi le point sur la facon dont les sciences et technologies sont privilegies dans le budget de l'enseignement superieur anglais,

http://www.timeshighereducation.co.uk/story.asp?sectioncode=26&storycode=411058&c=2

et un autre pointe le fait que les classements freinent la collaboration interuniversitaire

http://www.timeshighereducation.co.uk/story.asp?sectioncode=26&storycode=411067&c=2

Cette fois ci dans le Times, George Soros a decide de creer des instituts d'economie "altermondialistes",

http://business.timesonline.co.uk/tol/business/economics/article7087558.ece

dont le premier serait a Oxford. Il y aura aussi des centres a Cambrige, en Allemagne, en Chine et en France, et la collaboration de
Columbia et Princeton est en discussion. L'inauguration regroupera les nobels Akerloff, Mirless Stiglitz (les tenants de l'economie de l'information qui rehabilite l'action de l'Etat). C'est toutefois curieux de la part d'un financier celebre pour ses raids contre la livre sterling.

Toujours a propos du financement de la recherche, le Guardian d'aujourd'hui rapporte l'exemple de ce technicien italien qui a predit le tremblement de terre d'Aquila en avril 2009

http://www.guardian.co.uk/world/2010/apr/05/laquila-earthquake-prediction-giampaolo-giuliani

mais qui voyait ces demandes de financement rejetees, sans doute parce qu'il n'etait que technicien. Il a ete recemment invite aux Etats Unis pour exposer ces decouvertes. Cet article, avec ceux sur Perelman (l'ex mathematicien russe qui a refuse la medaille Fields et le prix Cray de 1 million$) et Belle de Jour (une ex etudiante en doctorat qui se prostituait pour vivre) laisse penser qu'un nouveau mythe du chercheur en marge du systeme est en train d'apparaitre en Grande Bretagne.

[Voir aussi sur Fabula le dossier "Autonomie", coupes budgétaires et suppressions de postes pour les universités britanniques ]