Questions de société

"Wauquiez impose son candidat à la tête d’Ulm", par V. Soulé (Liberation.fr)

Publié le par Marc Escola

Sur Liberation.fr, en date du 22/4/12:

Wauquiez impose son candidat à la tête d’Ulm

Normale sup . Le physicien Marc Mézard est nommé directeur de l’établissement parisien par le ministre.
Par VÉRONIQUE SOULÉ


Le physicien Marc Mézard succède à la philosophe Monique Canto-Sperber à la tête de l’Ecole normale supérieure (ENS) d’Ulm à Paris. Sa nomination, par décret présidentiel le 19 avril, clôt une bataille-éclair qui a mis aux prises, en coulisses, le ministre de l’Enseignement supérieur, Laurent Wauquiez (UMP), la directrice sortante et les enseignants-chercheurs du prestigieux établissement.

Monique Canto-Sperber a démissionné le 21 février, après avoir été élue présidente de Paris sciences lettres» (PSL), une alliance d’écoles, d’instituts de recherche et d’universités appelée à devenir l’un des huit supercampus de demain. Désignée en 2005 à la tête de l’ENS, reconduite en 2010, elle avait eu du mal à s’imposer, soupçonnée d’avoir fait jouer ses réseaux politiques pour être nommée. Les tensions s’étaient apaisées mais elle restait contestée à l’ENS. Sept personnalités se sont alors portées candidates. Selon la loi, c’est le ministre de l’Enseignement supérieur qui désigne le responsable de l’ENS, après avis d’une commission de 20 membres nommés par lui. Une procédure héritée de l’histoire, d’où sont exclus les enseignants et les étudiants - à la différence de ce qui se passe à l’université.

Le 2 mars, une pétition signée par 22 enseignants de l’ENS est adressée à Wauquiez. Les signataires réclament un changement de la procédure qui, selon eux, manque de transparence. Faute de publicité à l’annonce du poste, soulignent-ils, «des nominations ont parfois été faites avec un unique candidat» - allusion à Monique Canto-Sperber.

Simultanément, chacun avance son pion. La directrice sortante, avec ses partenaires de PSL, milite pour l’historien Edouard Husson, vice-recteur de Paris qui a travaillé pour la ministre UMP Valérie Pécresse et a été un artisan de la création de PSL. Mais Laurent Wauquiez n’a manifestement pas envie de se faire dicter son choix et l’écarte. Il argue d’une tradition d’alternance entre scientifiques et littéraires à la tête de l’ENS - ce qui est contesté, 4 scientifiques s’étant succédé entre 1981 et 2005. Du coup, il écarte aussi le candidat interne à l’ENS, l’historien Gilles Pécout, classé à gauche.

Marc Mézard, 54 ans, directeur de recherche au CNRS et responsable d’un laboratoire à l’université Paris-Sud, a reçu plusieurs grands prix pour ses travaux.