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Appels à contributions
Watteau au confluent des arts

Watteau au confluent des arts

Publié le par Marc Escola (Source : C. Barbafieri)


Watteau au confluent des arts


Colloque international, Université de Valenciennes


Appel à communications



En collaboration avec le Musée des Beaux-Arts de Valenciennes et en vue de la constitution d'un centre de recherches interdisciplinaire autour de l'oeuvre de Watteau, nous lançons un appel à communications pour deux manifestations complémentaires en 2006. La première sera une journée d'études, faisant suite à celles d'avril 2004 ( " Iles enchantées : sources et suites des fêtes galantes ") et d'avril 2005 (" Métamorphoses de la galanterie peinte : Watteau, Boucher, les Goncourt "). Elle aura lieu le jeudi 6 avril 2006. Le sujet en sera : " Ecrire Watteau/ Décrire Watteau ". Aucun peintre français n'a suscité autant de recréations littéraires de ses toiles que Watteau. Ses oeuvres semblent exclure la simple description pour amener celui qui décrit à " mettre du sien ", à projeter sur le tableau sa propre esthétique ou sa propre sensibilité, à se faire donc, souvent à son insu et parfois à son corps défendant, le collaborateur artistique du peintre. Nous tâcherons d'étudier ce phénomène sous trois angles. Le premier angle consistera à se demander quelles sont les constantes, les composantes les plus fréquentes et les plus typiques, de cette refonte des oeuvres de Watteau par le langage. Le deuxième angle d'approche s'interrogera sur la légitimité de cette substitution au visuel du verbe recréateur. Enfin, nous comparerons cette appropriation de Watteau par les écrivains à la manière dont les historiens de l'art ont écrit et décrit Watteau : les savants ne seraient-ils pas par moments aussi littéraires que les gens de lettres ?
La deuxième manifestation sera un colloque intitulé " Figures de différents caractères, de La Bruyère à Chardin ". Elle se déroulera le jeudi 30 novembre et le vendredi 1er décembre 2006 et accompagnera l'exposition au Musée des Beaux-Arts intitulée " Quand la gravure fait illusion. Autour de Watteau et Boucher, le dessin gravé au XVIIIe siècle ". Ce n'est pas un hasard si le titre de ce colloque reprend celui du volume de Jean de Jullienne qui contribua à établir la gloire posthume de Watteau. Le peintre valenciennois se situe au centre de notre réflexion, qui consistera à examiner les manières très diverses dont les caractères ont été représentés dans les arts (littérature, théâtre, arts plastiques et musique) en France de la fin du XVIIe au milieu du XVIIIe siècle. " Tout écrivain est peintre, et tout excellent écrivain excellent peintre ": c'est ainsi que La Bruyère justifie, dans la " Préface du discours prononcé dans l'Académie française ", la présence de " caractères " – ou du moins, ajoute-t-il, des " images des choses et des personnes " – dans des genres qui à première vue ne devraient pas les accueillir, comme l'oraison en premier chef. Cette assimilation du travail de l'écrivain à celui du peintre est certes métaphorique, mais elle n'en soulève pas moins la question de la ressemblance des caractères que l'on rencontre dans des formes d'expression artistiques bien distinctes. S'y ajoute la question des ressemblances qui, sur un autre plan, s'étendent jusqu'aux intentions esthétiques des créateurs et aux modalités de leurs pratiques respectives de figuration. On sait depuis les travaux de Jean Dagen et de Louis Van Delft l'importance qu'il convient d'attacher chez La Bruyère aux analogies picturales et théâtrales. Rien n'empêche de renverser les termes de ces analogies dès qu'il s'agit d'un Watteau ; il se peut même que, pour cerner la multiplicité des facettes de son oeuvre, l'on y soit obligé. Que serait un Watteau privé de ses références et résonances poétiques, scéniques ou musicales ? Ce qui explique que des titres comme Watteau's Painted Conversations (ouvrage de Mary Vidal) ou " Watteau homme de théâtre " (article de François Moureau), aussi discutables semblent-ils, sont particulièrement dignes d'être discutés. Des phénomènes comparables se produisent dans la musique de la même époque. Les Pièces de clavecin de François Couperin s'essayent à la représentation sonore des caractères les plus variés et dans les oeuvres scéniques de Rameau, la musique passe sans heurts de l'abstraction la plus vaste à la caractérisation la plus subtile, figurant tantôt des allégories et tantôt creusant des sentiments. Ces différents arts de la caractérisation semblent dès lors se rejoindre sur un point essentiel, que La Bruyère a établi et dont son siècle s'était bien douté : toute distinction entre la typologie et la psychologie individuelle serait non seulement floue mais factice, et pour représenter les hommes, il faut faire ressortir simultanément en quoi ils sont " caractéristiques " et en quoi ils sont uniques. Cette quadrature du cercle, les créateurs français des décennies suivantes – on songe à Marivaux, Couperin, Rameau, Watteau et Chardin, mais la liste n'a rien d'exhaustif –semblent être parvenus à la résoudre.

Les propositions pour l'une ou l'autre manifestation sont à adresser jusqu'au 15 novembre 2005 aux deux adresses suivantes simultanément :
chrisrauseo@web.de et cbarbafieri@aol.com.
Veuillez indiquer un titre (même provisoire), développer votre projet en une trentaine de lignes et bien indiquer vos adresses et mails professionnels et/ou personnels.