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 W.G. Sebald, Politique de la mélancolie

W.G. Sebald, Politique de la mélancolie

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Marion Gintzburger)

W.G. SEBALD. POLITIQUE DE LA MÉLANCOLIE 

Une programmation de Muriel Pic en écho à « W, SEBALD FICTION »

UN NOUVEAU FESTIVAL / TROISIÈME ÉDITION DU 22 FÉVRIER AU 12 MARS 2012

Avec Muriel Pic, Martine Carré, Jean-Christophe Bailly, Martin Rueff, Ulrich von Bülow et Jürgen Ritte.
RDV les 23-02 / 27-02 / 29-02 / 1-03 / 02-03 / 08-03

« Depuis sa disparition en 2001, l’écrivain allemand W.G. Sebald a acquis une renommée internationale qui touche autant le grand public que les intellectuels et les artistes. Grâce à son usage de l’image trouvée et de la collection, son recours au document et au montage, sa prose porte notre attention sur les impondérables de l’histoire pour mieux résister à l’oubli.

Sebald, qui ne conserve de Winfried Georg que les initiales, et se fait appeler Max par ses amis, s’exile dès 1966 en Grande- Bretagne. De ce pays, il hérite l’art de la fiction policière, l’humour noir et le goût du fantomatique. Sa mélancolie, elle, inextinguible, demeure comme sa langue enracinée dans son pays d’origine : avec une lucidité sans faille, Sebald pose à l’Allemagne la question de sa mémoire après la Seconde Guerre mondiale. Davantage encore, c’est à notre volonté de destruction que s’adressent les poèmes, essais et récits d’un auteur dont pas une ligne ne déroge à sa politique de la mélancolie. Politique, parce que se saisir de l’épineuse question éthique et vivre avec le risque de la mémoire, c’est s’interroger sur l’organisation sociale du malheur. Mais aussi se donner une chance, malgré un déterminisme des rapports de force, de penser l’organisation sociale du bonheur. Mélancolique, parce que les yeux écarquillés face à la démesure de la catastrophe, Sebald avance vers notre passé et nous intime de comprendre autant que de devenir. »

Muriel Pic. 

Programme

MURIEL PIC

D’UNE COÏNCIDENCE DES TEMPS : TRACES ET PRÉSAGES

23 FÉVRIER, 18H30, PETITE SALLE 

 

Il médite ainsi le cours du monde (est-il déterminé par l’histoire du salut ou par l’histoire naturelle ?) et semble renouer avec la figure du « devin-annaliste » chargé de consigner les catastrophes du passé comme celles de l’avenir.

Muriel Pic enseigne la littérature française à l'université de Muriel Pic

Neuchâtel et est également chargée de conférences à l'EHESS. Outre de nombreux articles, elle a publié Le Désir monstre. Poétique de Pierre Jean Jouve (Le Félin, 2006) et réalisé l'édition de Pierre Jean Jouve, Lettres à Jean Paulhan, (Éditions Claire Paulhan, 2006) et Les Désordres de la bibliothèque (Filigranes, 2010).
Elle travaille sur l’oeuvre de W.G. Sebald depuis plusieurs années ; elle a publié W. G. Sebald — L'image-papillon — suivi de W. G. Sebald : L'art de voler (Presses du réel, 2009). 

 

 

MARTINE CARRÉ
W.G.SEBALD: ÉCRITUREDESOI ? ÉCRITUREDULIEN ?
27 FÉVRIER, 18H30, PETITE SALLE

Il peut sembler paradoxal de vouloir aborder l’oeuvre de W. G. Sebald sous l’angle de « l’écriture de soi » tant cet auteur a travaillé à protéger son intimité. Le Professeur Sebald enseignait à l’université East Anglia de Norwich ; l’écrivain, W. G. Sebald, créait des oeuvres et s’en entretenait parfois avec la critique. Et derrière ces fonctions, ces rôles, il y avait encore Max, l’ami que seuls ses proches avaient W. G. Sebald vivait, pour lui, en haine de « l‘ex-timité » qui marque certaines oeuvres contemporaines.

Si la dramatisation de l’existence individuelle dans ses déboires ou plaisirs quotidiens est étrangère aux oeuvres de W. G. Sebald, on ne peut pour autant pas affirmer qu’il renonce à y prendre sa place. En témoigne autoportraits et matériaux autobiographiques. L’« écriture de soi » est alors à la recherche (exigeante) d’une description épurée de son vécu, d’une ouverture authentique à l’altérité dans tout ce qu’elle peut avoir aussi de menaçant pour lui. Il vit des liens qu’il entretient avec le monde, son histoire et ses contemporains ; il les interroge et ils l’interrogent. C’est par ce jeu de négociation permanente du sens qu’il accède à ce qu’il est : un « homme de la cité », un artiste politique au sens
le plus noble de ce terme.

Martine Carré est professeur à l'université Lyon III. Elle est notamment l'auteur de W. G. Sebald, Le retour de l'auteur (Presses Universitaires de Lyon, 2008). 

 

JEAN-CHRISTOPHE BAILLY
AUSTERLITZ, JOURNAL D'UNE RELECTURE
29 FÉVRIER, 18H30, PETITE SALLE

L'idée est celle d'une approche latérale, comme si un livre était un quai auquel on accostait. Et le lieu d'un retour: ce dont on se souvient et ce dont on ne se souvient pas. Comment la relecture gagne peu à peu sur l'oubli tout en s'en nourrissant. Comment ce livre bouleversant qu'est "Austerlitz" se dépose en celui qui fait l'expérience de sa relecture.

Jean-Christophe Bailly est écrivain, poète et dramaturge. 

ULRICH VON BÜLOW
W. G. SEBALD ET L’ARCHIVE
2 MARS, 18H30, PETITE SALLE

Les papiers de W. G. Sebald sont conservés au Deutsches Literaturarchiv de Marbach, en Allemagne. Ulrich von Bülow présentera un aperçu des soixante-huit boîtes dont Sebald a lui-même organisé le contenu. On y trouve documentés en détail les origines et la réception de ses livres. L’écrivain a en effet expressément préservé les matériaux bruts qui lui servirent pour ses quatre ouvrages de fiction (coupures de journaux, images, photocopies diverses et lettres se rapportant à ses recherches), ce qui nous permet de reconstruire, de manière aussi étendue qu’inhabituelle, tout le jeu intertextuel ainsi mis en oeuvre. Mais pourquoi y a-t-il aussi peu de documents privés dans les papiers de Sebald, et pourquoi ceux-ci sont-ils aussi étroitement reliés à l’élaboration de ses quatre grands livres de fiction ?

Ulrich von Bülow est le responsable du département
« Archives » du Deutsches Literaturarchiv de Marbach, en Allemagne.

 

MARTIN RUEFF

« IL AIME A MARMONNER / DES MOTS CROISÉS MAGIQUES » D’APRÈS NATURE DE W. G. SEBALD

1ER MARS, 18H30, PETITE SALLE

D’après nature est le premier livre publié par Sebald (Nordlingen, éditions Greno, 1988). Et c’est un recueil de poèmes. On essaiera de le lire pour lui-même — car si la forte charge d’émotion qui s’empare des lecteurs des proses de Sebald, de ses « montages littéraires » (Muriel Pic) a quelque chose à voir avec la poésie, c’est dans la poésie que Sebald a d’abord cherché ce « quelque chose ». Trois suites en vers libres évoquent les destinées de Matthias Grünewald (‘Comme la neige sur les Alpes’), de Georg Wilhelm Steller (‘... et que j'aille tout au bout de la mer’) et de l'auteur lui- même (‘La sombre nuit fait voile’). Sebald présente D’après nature comme un poème « élémentaire ». Mais rien n’exclut que dans sa simplicité, le titre, Nach der Natur, enveloppe deux significations bien distinctes : peindre d’après nature, c’est fixer les conditions de la représentation et de la ressemblance — ut pictura poiesis; peindre après la nature, c’est peindre quand les forces de la destruction ont déjà agi. On tentera de suivre la figure de « l'adepte qui /escalade une montagne enneigée et longtemps/ reste, est-il dit, au sommet en larmes ».

Martin Rueff est critique, traducteur et poète. Il est professeur à l’université de Genève. 

 

 

JÜRGEN RITTE
CAMPO SANTO
8 MARS, 18H30, PETITE SALLE

Campo Santo a été publié à titre posthume en 2003 par Sven Meyer. Il réunit des articles de critiques littéraires écrits par Sebald dans les années 80 et 90 ainsi que les fragments d'un projet abandonné d'un récit focalisé sur la Corse. L'ensemble montre la double démarche anthropologique et critique de l'écrivain ainsi que son attachement à des figures marginales des lettres dont le destin a été frappé par la destruction.

Jürgen Ritte est traducteur, éditeur, essayiste et journaliste littéraire. Il est professeur à l'université Sorbonne Nouvelle - Paris 3.