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voyage et genre : nouvelles perspectives (journée d'études)

voyage et genre : nouvelles perspectives (journée d'études)

Publié le par Vincent Ferré (Source : bourguinat nicolas)

VOYAGE ET GENRE : NOUVELLES PERSPECTIVES
Journée d'études organisée par l'équipe de recherche Mobilités, Echanges, Transferts de la Faculté des Sciences Historiques de l'Université Marc Bloch (Strasbourg 2)

Vendredi 10 novembre 2006, Palais Universitaire, salle Fustel de Coulanges


8H30-12H30
- Denise BRAHIMI (professeur émérite, université de Paris VII) :
Les femmes voyageuses,1830-1930 : de l'espoir à la désillusion

- Catriona SETH (professeur, université de Nancy) :
« Je suis maintenant entrée dans un monde nouveau »: les lettres turques de Lady Mary Wortley Montagu

- Madeleine VAN STRIEN-CHARDONNEAU (enseignant-chercheur, université de Leyde) :
Trois voyageuses en Hollande : Mme du Boccage (1750), Mme de Genlis (1776) et Louise Colet (1856)

- Nicolas BOURGUINAT (maître de conférences, université Marc Bloch / IUF) :
Marie d'Agoult et Franz Liszt sur les routes de Suisse en 1835 : un voyage d'un autre genre


14H30-18H
- Rebecca ROGERS (professeur, université de Paris V) :
Décrypter le regard national : les voyageuses anglaises en Algérie au début du XIXe siècle

- Anne-Caroline SIEFFERT (master2, université Marc Bloch) :
Thérèse Bentzon, itinéraire d'une Française aux Etats-Unis (1840-1907)

- Christine PELTRE (professeur, université Marc Bloch) :
Le voyage en Turquie d'Anna de Noailles (1887) et la construction d'une identité orientale

Le paradigme du genre ne s'est invité que récemment dans l'historiographie et l'histoire littéraire du voyage et des contacts ou transferts culturels, le plus souvent à travers des problématiques issues de la postcolonial theory anglo-américaine. C'est la raison pour laquelle on le rencontre surtout à l'oeuvre dans les analyses de l'expérience et du regard des voyageuses arpentant l'Orient des XVIIIe et XIXe siècles, depuis Lady Montagu, et à un degré moindre des voyageuses parties à la découverte des colonies françaises et anglaises du XIXe siècle, notamment sur le continent africain.
Certains points importants ont déjà été soulignés, mais peuvent rester l'objet de discussions. D'abord l'ambiguïté d'un regard, porteur du préjugé de domination occidental et simultanément caractérisé par une forme d'empathie pour l'Autre en tant que dominé et spécialement pour la femme autochtone ou indigène en tant que victime d'une double sujétion. Ensuite, l'accès des femmes, par l'écriture du voyage prise comme passe-temps ou comme témoignage, et par la pratique du voyage avec ses épreuves et ses difficultés, à une forme de visibilité dans l'espace public, de considération pour soi, et de redécouverte de soi comme sujet. L'emblème pourrait en être Flora Tristan dont l'un des titres, les Pérégrinations d'une paria, est en lui-même suffisamment significatif, ou bien, plus près de nous, Isabelle Eberhardt.
Cette journée d'études rapprochant littéraires, historiens et historiens de l'art souhaiterait confronter ce qui relève du corpus du voyage en Orient ou du séjour « outre-mer » avec ce qui relève de l'expérience touristique dans les limites de l'espace national, ou à l'échelle de l'Europe et de ses marges.
On privilégiera les questionnements suivants. Comment s'opère, de la Renaissance au XVIIIe siècle, la montée en puissance d'une voix (d'une voie ?) féminine dans l'écriture du voyage, et jusqu'à quel point a-t-elle partie liée avec la consolidation des identités nationales et de la perspective du « voyage patriotique » ? En quoi s'affirme-t-elle comme spécifique, des Lumières au XIXe siècle ? En revendiquant des domaines de curiosité propres, bien sûr, la famille et les moeurs, en particulier, mais aussi à travers des dispositifs de l'énonciation et de la description : la différence des sexes est à l'oeuvre dans la justification de l'entreprise viatique elle-même, dans sa construction (épistolaire ou narrative) et dans l'application du regard sur l'espace, les hommes et les femmes, les choses. Et fort probablement, elle est à l'oeuvre face aux catégories esthétiques canoniques telles que le beau, le pittoresque, la couleur locale. Enfin, quelle marge de manoeuvre reste-t-il à un regard féminin à mesure que du temps des explorations on bascule vers le temps de l'impérialisme, et que le discours du voyageur mâle se racialise et le plus souvent se sexualise?