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Vestiges du Proche-Orient et de la Méditerranée, XVIII-XXe siècles, Littérature et arts visuels, domaines anglophone et francophone

Vestiges du Proche-Orient et de la Méditerranée, XVIII-XXe siècles, Littérature et arts visuels, domaines anglophone et francophone

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Ludivine Raimondo)

Co-organisateurs : Catherine Delmas (CEMRA, EA 3016), Daniel Lançon (Traverses 19-21, EA 3748)

Ce colloque se propose d’envisager la notion de vestige et la manière dont les vestiges sont représentés, revisités, recyclés par les écrivains, les voyageurs, les peintres, les photographes et transmis au lecteur et au spectateur. Les intervenants s’interrogeront sur la fonction de ses vestiges, le type de regard et de discours qu’ils mettent au jour, sur les vestiges en tant qu’objets de recherche scientifique, de curiosité, de fascination, sur la notion de patrimoine (quel patrimoine et pour qui), sur les regards croisés et les échanges culturels qu’ils génèrent ou ont générés, sur l’approche orientaliste de ces questions ainsi que sur la remise en question de celle-ci.

Le colloque « Vestiges du Proche Orient et de la Méditerranée » invitera les chercheurs à se pencher sur le lien entre mémoire du lieu et création littéraire ou esthétique (arts visuels) et à considérer le vestige comme un lieu de passage à la fois temporel, géographique et culturel. Toute création artistique ou littéraire est un processus de recréation, volontaire (par l’intertextualité par exemple, l’hybridité générique ou linguistique, le collage, la parodie dans la littérature postmoderne et postcoloniale notamment) ou inconscient puisque tout texte s’inscrit dans un ou plusieurs paysages culturels. Le texte (au sens large, comme ensemble de signes), qu’il s’inscrive dans une filiation ou au contraire la rejette, porte des traces de survivance (G. Didi Huberman), est le reflet d’une affiliation culturelle (E. Saïd) et engendre à son tour un processus de création. L’œuvre littéraire ou artistique est donc aussi un lieu de passage, de transaction entre les textes ou les arts visuels, passés et à venir, sujets et ouverts à la déterritorialisation (G. Deleuze), à la reprise (dans les deux sens du terme – reprendre et réparer), et est donc le lieu même où opère la médiation.

A partir d’Orientalism et sans doute au-delà dans la lignée des ‘‘subalternistes’’ indiens, cette manifestation scientifique invitera à décliner l’orientalisme au pluriel, à penser l’hybridité de nombre d’acteurs (notamment résidents) par delà tout binarisme Orient/Occident. Elle placera l’accent sur la multitude d’acteurs minoritaires et hétérodoxes dans les dispositifs impériaux, et qui furent à la source de la conscience et de l’apostolat patrimoniaux. Elle s’intéressera à leurs écrits et actions en Orient et à l’écho de ceux-ci en Occident, déplaçant le regard du camp des savants vers celui des amateurs et des dilettantes,  des autodidactes néanmoins érudits entretenant des relations complexes avec les milieux académiques. Une autre histoire des patrimoines pourrait alors émerger, « l’invention » de la conservation apparaissant comme naissant sur les confins des pratiques institutionnelles, portée par des intellectuels excentrés, d’Orient comme d’Occident.

En accueillant des chercheurs étrangers, et nous espérons que les chercheurs du Proche-Orient et de la Méditerranée seront nombreux, nous souhaitons que ce colloque soit lui aussi un lieu d’échange et de passage entre divers champs disciplinaires à un moment où le Proche-Orient vit les intenses bouleversements des « révolutions arabes. »