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Variations 19 (2011): Le contemporain / Contemporaneity / Zeitgenossenschaft

Variations 19 (2011): Le contemporain / Contemporaneity / Zeitgenossenschaft

Publié le par Pierre-Louis Fort (Source : Variations)

Appel à communication – Variations 19 (2011)

Le contemporain / Contemporaneity / Zeitgenossenschaft

Toute oeuvre d'art naît à un moment bien précis dans le temps : en ce sens, tout artiste serait un « contemporain ». Évidente en soi, cette constatation se révèle pourtant pleine de complexité : déterminer le rapport d'une oeuvre d'art avec son temps est une question centrale qui ne cesse d'occuper la philologie. En effet, nous ne manquons pas de concepts pour affronter ce problème : « Zeitgeist », « génération », « époque », « situation », « discours », « circulation d'énergie sociale », « champ ou espace social », « constellation », « cross-mapping », etc. Pour les auteurs eux-mêmes, le fait d'être « contemporain » incarne une expérience contradictoire qui oscille entre identification et marginalité. « Mon temps était-il mon temps ? », se demande, de manière incertaine, Hugo Lötscher dans le titre de son dernier livre. Le désir de faire face à son propre temps, de lui assigner une place dans l'écriture ou même de lui faire entorse en le commentant ou en l'ordonnant, s'oppose à l'aspiration de garantir à l'oeuvre d'art sa propre validité, de faire oublier les modalités contingentes de sa création. D'un côté, on peut songer à la revendication de l'artiste d'écrire de manière « actuelle » et « à la hauteur de son temps », d'être, en un mot, un moderne et non pas un ancien ; de l'autre côté, on observe la crainte de tomber sous l'emprise du temps et de ses modes, d'être uniquement actuel faute d'être intemporel ; enfin, il existe la conviction que seul est actuel qui jette un regard ‹inactuel› sur son époque. Dans ce sens, le contemporain n'est guère une notion neutre ni descriptive : elle forme une valeur, une pierre de touche par rapport auxquelles on peut définir l'essence d'un programme esthétique. Entre les extrêmes de l'autonomie culturelle et l'engagement, il y a de nombreuses positions intermédiaires. Surtout, l'un ne doit pas exclure l'autre comme nous le rappelle Sartre : « Dans la littérature engagée, l'engagement ne doit, en aucun cas, faire oublier la littérature. » Pour finir, la notion du « contemporain » soulève la question de la relation entre la temporalité immanente à l'oeuvre d'art et le temps historique, supposée d'abord en tant que « donnée », mais qu'il convient décidément de conceptualiser.

Pour le prochain numéro de Variations, nous faisons appel à des contributions qui décrivent cet index temporel des textes littéraires dans toute la panoplie des perspectives esquissées, analysant la notion du « contemporain » dans le champ poétologique ou réfléchissent, au niveau méthodologique, comment simultanéité et historicité pourraient être conçues dans la littérature. Les approches comparatistes sont les bienvenues.

Les personnes intéressées sont priées de faire parvenir une proposition d'article (300–400 mots) accompagnée d'une brève bio-bibliographie jusqu'au 30 novembre 2010 à l'adresse suivante : variations@rom.uzh.ch. Les contributions (32'000 signes au maximum, notes et espaces compris) peuvent être rédigées en français, en allemand ou en anglais. Le délai de remise des textes est fixé au 31 mai 2011 (après l'accord de principe de la rédaction qui interviendra mi-janvier 2011).

Comme dans les numéros précédents, des textes de création (poèmes, nouvelles, traductions, etc.) ainsi que des contributions artistiques (dessins, photographies, collages, etc.) peuvent être envoyés à la rédaction sans qu'il y ait forcément de lien avec le thème spécifique.