Colloque : "Variabilité, mutation, instabilité des créations contemporaines" (Saint-Etienne) [FR/EN]
VARIABILITÉ, MUTATION, INSTABILITÉ DES CRÉATIONS CONTEMPORAINES
Colloque international du CIEREC (Université Jean Monnet, Saint-Etienne) en partenariat avec le LESA (Aix-Marseille Université)
Organisé par Christine Buignet, Anne Favier et Carole Nosella
03-04 juin 2019
PRÉSENTATION
L’objet de ce colloque sera de penser les différents paramètres pouvant conduire à envisager certaines créations contemporaines comme variables.
Cette variabilité peut être engendrée par une forme d’instabilité des productions artistiques actuelles, à l’image d’un monde parcouru de flux, dans lequel le changement est permanent, et dont l’écosystème vacille sous l’effet de l’accélération des modes de circulations. La variabilité peut à son tour engendrer la mutation des formes, qui changeant de supports, d’espaces, de configurations, voient leurs statuts et parfois même leurs sens transformés. Il s’agira de considérer la variabilité de l’œuvre comme constitutive de celle-ci, c’est-à-dire inscrite dans le protocole de création artistique. On peut citer à titre d’exemple A journey that wasn’t de Pierre Huyghe. On peut également évoquer le récent projet de Clément Cogitore, Braguino ou la communauté impossible, qui a fait l’objet d’une exposition, d’un film documentaire et d’un livre ; ces émanations – autonomes – peuvent dialoguer et s’enrichir les unes les autres. Dès lors, on pourra se demander comment les artistes proposent des occurrences multiples d’un même projet prenant différentes formes et temporalités et remettent en cause toute complétude et détermination. Ces œuvres en instance de formulations et prenant formes dans des médiums différents peuvent réfléchir les pratiques transmédiatiques de l’industrie culturelle, mais invitent également à penser l’œuvre en lien avec son écosystème.
En effet une autre manière d’envisager la variabilité des œuvres, leur instabilité et leur mutation est de penser leurs supports et lieux d’inscription. Le phénomène numérique touchant aujourd’hui une large part des productions audio (et/ou) visuelles, a pour effet de transformer la nature des oeuvres. L’image numérique étant une image matrice, elle est par essence variable. Sa visualisation est toujours issue d’un calcul, selon des paramètres propres au milieu qui la fait apparaître (selon le logiciel, l’écran utilisé par exemple). Ainsi comme le précise Lev Manovich (Le Langage des nouveaux médias, 2001, p.112), « un objet néomédiatique, plutôt que d’être à l’origine d’exemplaires identiques, donne naissance à plusieurs versions différentes. » Nous sommes toujours face à une traduction, une version d’un objet dont la manifestation varie selon différents paramètres. De plus, les problématiques de compatibilité et d’obsolescence des médiums technologiques incitent les artistes à multiplier les formats de leurs productions, à des fins de conservation mais aussi d’exploration esthétique. Cette variabilité des supports engendre une mutation des œuvres qu’il s’agira d’explorer.
En outre, ce phénomène de variabilité a un effet sur la présentation et l'exposabilité des œuvres. Déjà, l’œuvre conceptuelle Schéma, 1966-1970 de Dan Graham, s'auto-déterminait dans une nouvelle version en fonction de ses divers espaces de publication. A propos des “Nouvelles histoires de fantômes” de Georges Didi-Huberman et Arno Gisinger, Marie-Odile Lanctôt-David parle d’expositions à l’ère de leur reproduction technique. On pourra ainsi s’interroger sur la variabilité dans l’installation, l’exposition et ses effets sur la réception. La récente exposition de Neil Béloufa au palais de Tokyo est à ce titre exemplaire ; l’artiste évoque en ce sens une “expo qui bouge tout le temps” et où “ le sens est mobile”. Le spectateur est alors à l'épreuve de l'instabilité et de l'incomplétude des manifestations plastiques et de leurs significations.
Enfin, s’interroger sur la variabilité des œuvres permet de penser leurs circulations à travers les réseaux, leur “transit” d’un espace de monstration à un autre qui engendre transformations et mutations d’œuvres multiformes et augmentées.
Ces questionnements, s’ils prennent d’autant plus sens dans le contexte numérique actuel, sont à l’œuvre dans de nombreuses démarches artistiques plasticiennes à travers des médiums variés et pouvant relever de l'installation, de la performance ou encore du livre d'artiste. Ils peuvent également concerner les arts de la scène, le design, la musique, ou encore la littérature.
Ainsi cet appel à communication s’adresse aux chercheurs en arts plastiques, en sciences de l’art, en histoire de l’art, en esthétique, en design et en arts du spectacle ; il peut intéresser aussi des chercheurs en musicologie, littérature… Les propositions pourront porter sur des études de cas, des tentatives typologiques, des questions théoriques, etc.
L’orientation artistique de ce colloque amènera à considérer des formes diverses (tels que conférence-performance, pratiques artistiques théorisées, entretiens préparés – par exemple entre un artiste et un théoricien –, etc.)
Les propositions (maximum 2500 signes et un titre), accompagnées d’une brève notice biographique, devront être adressées avant 20 novembre 2018 aux organisatrices du colloque.
Elles seront ensuite examinées par le Comité scientifique. christine.buignet@univ-amu.fr ; anne.favier@univ-st-etienne.fr ; carole.nosella@univ-stetienne.fr
Comité scientifique du colloque : Jean Arnaud (Aix-Marseille Université) Christine Buignet (Aix-Marseille Université) Anne Favier (Saint-Etienne, Université de Lyon) Arno Gisinger (Université Paris-8) Bruno Goosse (ARBA-ESA, Bruxelles) Anna Guillò (Aix-Marseille Université) Joanne Lalonde (Université du Québec à Montréal) Danièle Méaux (Saint-Etienne, UDL) Carole Nosella (Saint-Etienne, UDL) Suzanne Paquet (Université de Montréal) Alexandre Quoi (Aix-Marseille Université) Alexander Streitberger (UCL, Louvain)
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VARIABILITY, TRANSFORMATION AND INSTABILITY OF CONTEMPORARY CREATIONS
International conference of the CIEREC (University Jean Monnet, Saint-Etienne) in partnership with the LESA (University of Aix-Marseille)
Organised by Christine Buignet, Anne Favier and Carole Nosella.
Dates: 3rd - 4 th June 2019
The aim of this conference will be to deliberate on the different parameters leading certain contemporary creations to be considered as variable.
This variability may be generated by a form of instability of current artistic productions, reflecting today’s world in constant flux - where change is permanent and the ecosystem wavers under the effects of accelerating means of circulation. Variability can in turn prompt mutation of forms, with the potential change of media, composition and space altering the work’s status and meaning. It is a question of considering the variability of a work as constituent part, i.e. incorporated within the process of artistic creation. We can cite for example A journey that wasn’t by Pierre Huyghe. We could also refer to the recent project of Clément Cogitore, Braguino or the impossible community, which has been the subject of an exhibition, a documentary film and a book. These autonomous emanations can interact and enhance each other. We can then wonder how artists propose multiple occurrences of the same project, taking on different forms and temporalities, questioning any notion of completeness and determination. These works in the throes of formulation, taking shape with different media, can reflect transmedia practices of the cultural industry but also lead us to consider the work as part of its ecosystem.
Another way of considering the variability of works, their instability and transformation is to think of their supporting media and production sites. Today’s digital phenomenon influencing a large part of audio and/or visual production leads to a transformation of the nature of works. The digital image being an image matrix, is in essence variable, its visual manifestation is always the result of a calculation, according to the parameters defined by the environment which produces it (depending on the software program or the screen used, etc.). As Lev Manovich (The Language of New Media, 2001, p.112) points out “a neo-media object, rather than being the source of identical copies, gives rise to several different versions.” We are always confronted by an interpretation, a version of an object with an appearance which varies according to different parameters. In addition, problems of compatibility and obsolescence of technological media incite artists to multiply the formats of their productions, not only as a means of preservation but also as an exercise of aesthetic exploration. This variability of media generates a transformation of works which will require further investigation.
In addition, this phenomenon of variability has an effect on the presentation and exhibition of works. Take the conceptual work Schéma, 1966-1970 by Dan Graham, which self-determined into new versions depending on the different spaces of publication. In another example, on the subject of “New Ghost Stories” by Georges Didi-Huberman and Arno Gisinger, Marie-Odile Lanctôt-David speaks about exhibitions in an era of technical reproduction. The recent exhibition by Neil Béloufa at the Palais de Tokyo further questions the variability in an installation, an exhibition and its effects on perception. The artist refers to “an exhibition which is constantly moving” and where the “meaning is mobile.” The spectator is subject to the instability and incompleteness of visual art and to its significance.
The question of the works’ variability opens a dialogue about their circulation through networks, their transit from one exhibition space to another, and their transformations that enhance and become multiform.
These interrogations, all the more relevant in the current digital context, appear in numerous visual art approaches through media, installation, performance or catalog. They can also concern design, music, or even literature.
This call for contributions is aimed therefore at researchers in visual arts, art sciences, art history, aesthetic, design and performing arts. It may also interest researchers in musicology, literature… Propositions can be in the form of case studies, typological essays, theoretical questions, etc. The artistic orientation of the conference will lead to the consideration of various forms (such as conference-performance, theorised artistic practices, prepared interviews – for example between an artist and a theorist, – etc.)
Propositions (maximum 2500 characters and a title), together with a short biographical note, should be sent before the 15th of November 2018 to the conference organisers. They will subsequently be examined by the Scientific Committee. christine.buignet@univ-amu.fr; anne.favier@univ-st-etienne.fr; carole.nosella@univ-stetienne.fr