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Valeurs et correspondance non fictionnelle

Valeurs et correspondance non fictionnelle

Publié le par Bérenger Boulay (Source : TASSEL ALAIN)

UNIVERSITĒ DE NICE – SOPHIA ANTIPOLIS
U.F.R. L.A.S.H.

LABORATOIRE : CIRCLES
Equipe de recherche n°2 : Récits, Littérature et Arts
Responsable : Alain Tassel, PR de Littérature française

SĒMINAIRE DE RECHERCHE 2007 - 2009

Thème de recherche
L’inscription des valeurs dans la correspondance non fictionnelle


I-TEXTE D’ORIENTATION

Située au carrefour de l’individuel et du social, la correspondance non fictionnelle (échangée par des écrivains ou par des anonymes) sera envisagée du point de vue des relations entre valeur et textualité, en privilégiant l’analyse des procédures textuelles qui régissent l’élaboration, la localisation et la transmission des valeurs au sein de la lettre.
Ētroitement tributaire de la position sociale, politique, professionnelle du locuteur, sous-tendu par des stratégies argumentatives et modelé par des processus de stéréotypie, le discours épistolaire reflète, critique, construit ou hiérarchise des valeurs (morales, sociales, littéraires, esthétiques, etc.) et/ou des normes qui fondent les rapports entre l’homme et la société.
En croisant les aires historiques, culturelles et linguistiques, la dimension sociale et idéologique du texte épistolaire sera envisagée notamment en fonction de sa scénographie, de l’interaction argumentative entre les discours du locuteur et de l’allocutaire, de l’éthos (ironique, didactique, laudatif) élaboré par l’auteur de la lettre et des systèmes de valeur explicites ou implicites. Elle donnera lieu à des approches variées et complémentaires, qu’elles soient d’ordre historique, anthropologique, linguistique, pragmatique ou sémiologique.
On se demandera quels dispositifs énonciatifs, quelles stratégies d’écriture, quels procédés stylistiques sont sollicités pour rendre perceptibles les valeurs que les épistoliers promeuvent ou prennent pour cibles. On sera également attentif aux modalités d’émergence, de construction et aux conditions d’efficacité de « l’effet – valeur » élaboré par l’épistolier. L’ « effet-valeur » est une formulation proposée par Vincent Jouve dans son ouvrage, Poétique des valeurs, où il distingue deux types de valeurs explicites, les valeurs « revendiquées » et les valeurs « héritées ».

Un exemple de l’importance du discours sur les valeurs dans la littérature épistolaire est fourni par la correspondance croisée entre Roger Martin du Gard et Georges Duhamel ( correspondance couvrant les années 1919 – 1958, édition d’Arlette Lafay, Minard, 1987). En dépit de certaines différences d’appréciation, ces deux romanciers s’accordent pour condamner la guerre et toute violence, pour refuser l’engagement politique, pour exprimer une exigence de lucidité, de vérité et d’équilibre, ce qui conduit Roger Martin du Gard à résumer en ces termes leur échange sur les valeurs : « Qu’importent les idées et les thèses, si nous sommes, chacun avec le son de sa voix et la ligne de son caractère, du même côté de la grande barricade morale » (lettre n°204 du 9 avril 1931, p.227).

II-SĒLECTION BIBLIOGRAPHIQUE

1) Ouvrages et articles généraux (historiques et théoriques) sur la littérature épistolaire
-Beugnot Bernard, « Style ou styles épistolaires ? », Revue d’Histoire littéraire de la France, n°6, 1978.
-Bossis Mireille et Charles A. Porter (dir.), L’épistolarité à travers les siècles. Geste de communication et/ou d’écriture, Stuttgart, Steiner, 1990.
-Bossis Mireille (dir.), La Lettre à la croisée de l’individuel et du social, Paris, Kimé, 1994.
-Diaz Brigitte (dir.), Correspondance et formation littéraire, Elseneur n°132, P.U. de Caen, 1998.
-Bray B. et Strosetki C. (dir.), Art de la lettre ou art de la conversation à l’époque classique en France , Paris, Klincksieck, 1995.
-Calas Frédéric, Le Roman épistolaire, Paris, Nathan, 1996.
-Diaz Brigitte et Siess Jürgen (dir.), Correspondance et formation littéraire, Elseneur, n°13, 1998.
-Diaz Brigitte, L’épistolaire ou la pensée nomade, Paris, P.U.F., 2002.
-Duchêne Roger, Ecrire au temps de Mme de Sévigné, lettres et textes littéraires, Paris, 1981.
-Chartier R. (dir.), La Correspondance. Les usages de la lettre au XIXème siècle, Paris, Fayard, 1991.
-Fumaroli Marc, « Genèse de l’épistolarité classique : rhétorique humaniste de la lettre de Pétrarque à Juste Lispe », RHLF, n°6, 1978.
-Géraud Violaine, La Lettre et l’esprit de Crébillon fils, Paris, Sedes, 1995.
-Grassi Marie-Claire, « L’art épistolaire français, XVIIIème et XIXème siècles », dans Pour une histoire des traités de savoir-vivre en Europe, U. de Clermont-Ferrand, 1994.
-Grassi Marie-Claire, L’art de la lettre au temps de la Nouvelle Héloïse et du romantisme, Genève, Slatkine, 1994.
-Grassi Marie-Claire, Lire l’épistolaire, Paris, Dunod, 1998.
-Greimas (A) et Grize Jean-Blaise (dir.), La Lettre, approches sémiotiques, Fribourg, éditions universitaires, 1998.
-Guenoun S., « Séparation, séduction, épistolarité : la geste épistolaire », dans Les Visages de l’amour au XVIIème siècle, U. de Toulouse-le-Mirail, 1984.
-Haroche – Bouzinac Geneviève, L’épistolaire, Paris, Hachette, 1985, réédition 2002
-Kaufmann V., L’équivoque épistolaire, Paris, Minuit, 1990.
-Kerbrat-Orecchioni Catherine, L’énonciation de la subjectivité dans le langage, Paris, Colin, 1980.
-Mesnard P., « Le commerce épistolaire comme expression de l’individualisme humaniste », dans Individu et société à la Renaissance, Paris, PUF, 1967.
-Morabito R., « Pratiques épistolaires et épistolarité restreinte », Orbis Litterarum, n°44, 1989.
-Planté Christine (dir), L’épistolaire, un genre féminin ?, Paris, Champion, 1998.
-Siess Jürgen, (dir.), La Lettre entre réel et fiction, Paris, Sedes, 1998.
-Véga-Ritter M. et Montandon Alain, L’un(e) Miroir de l’Autre, Clermont-Ferrand, CRLMC, 1998.
-Viala Alain, « La genèse des formes épistolaires en français et leurs sources latines et européennes. Essai de chronologie distinctive », Revue des Lettres classiques, n°218, 1981.


2) Numéros spéciaux de revues
-CAIEF, L’art épistolaire, n°39, 1987,
-Elseneur, L’écriture de soi comme dialogue, n°14, 1998.
-Revue Europe, Mme de Sévigné, n°801-802, 1996.
-Revue d’Histoire littéraire de la France, La Lettre au XVIIème siècle, n°6, 1978.
-Revue d’Histoire littéraire de la France, Images de Mme de Sévigné, n°3, 1996.
-Revue des Sciences Humaines, Lettres d’écrivains, n°195, 1984.
-Revue Poétique, Relations épistolaires, n°68, 1986.
-Revue Textuel, José-Luis Diaz (dir.), la lettre d’amour, Paris VII, 1992.
-Revue Textuel, José-Luis Diaz (dir.), Ecrire à l’écrivain, n°24, 1994.

3) Ētudes centrées sur la correspondance d’un écrivain
-Anton Sonia, Céline épistolier, Paris, Kimé, 283 pages, 2006.
-Bruneau Jean, « Autour du style épistolaire de Flaubert », Revue d’Histoire littéraire de la France, juillet – octobre 1981.
-Buisine Alain, Proust et ses lettres, Presses Universitaires de Lille, 1983.
-Cotoni Marie-Hélène, la Lettre de Jean-Jacques Rousseau à Christophe de Beaumont. Etude stylistique, Paris, Les Belles Lettres, 1977.
-Diaz Brigitte, Stendhal en sa correspondance, Paris, Champion, 2003.
-Duchêne Roger, Mme de Sévigné et la lettre d’amour, Paris, Klincksieck, 1992.
-Duisit L., Madame Du Deffand épistolière, Genève, Droz, 1963.
-Fraisse Luc, Marcel Proust au miroir de sa correspondance, Paris, Sedes, 1996.
-Gothot-Mersh C., « Sur le renouvellement des études de correspondances littéraires : l’exemple de Flaubert », Romantisme, n°72, 1991.
-Haroche-Bouzinac G., Voltaire dans ses lettres de jeunesse. La formation d’un épistolier au XVIIIème siècle, Paris, Klincksieck, 1992.
-Jaubert Anna, Etude stylistique de la correspondance entre Henriette et Jean-Jacques Rousseau. La subjectivité du discours. Paris, Genève, Slatkine, 1987.
-Melançon B., Diderot épistolier : contribution à une poétique de la lettre familière au XVIIIème siècle, Paris, Klincksieck, 1995.
-Reid Martine, Flaubert correspondant, Paris, Sedes, 1995.
-Versini Laurent, Laclos et la tradition. Essai sur les sources et la technique des Liaisons dangereuses, Paris, Klincksieck, 1968.

4) Site(s)
http://www.epistolaire.org

5) Articles et ouvrages sur les rapports entre valeurs et littérature
-Barthes Roland, Le degré zéro de l’écriture, Paris, Le Seuil, collection « Points ».
-Bourdieu Pierre, La distinction : critique sociale du jugement, Paris, Minuit, 1979.
-Hamon Philippe, Texte et idéologie, Paris, P.U.F., 1984.
-Jouve Vincent, Poétique des valeurs, Paris, P.U.F., 2001.