Questions de société

"Valérie Pécresse accuse le PS et le NPA", par Sylvestre Huet (Sciences2, 27/04)

Publié le par Florian Pennanech

Devant le risque d'une relance de la contestation,Valérie Pécresse utilise un argument policitien pour le moins usé :c'est la faute de la gauche, et singulièrement des troskystes du NPA.C'est sur RTL, hier, que la ministre de l'enseignement supérieur et dela recherche s'est livrée à ces attaques.

Voici ses déclarations, d'après dépêches : « Avoirun parti de gouvernement, comme le parti socialiste, qui ne condamnepas les violences, qui ne condamne pas les blocages universitaires, quin'appelle pas à la reprise des cours et à la tenue des examens,excusez-moi mais çà me choque ». « Le partisocialiste, en partie par opportunisme politique, en partie par peur dese faire dépasser sur sa gauche, n'a pas condamné les violencesuniversitaires, n'a pas condamné les dégradations, n'a pas appelé audéblocage des facs, n'a pas appelé à la reprise des cours, n'a pasappelé à la tenue des examens, ne s'est pas prononcé sur la valeur desdiplômes », a-t-elle ajouté. « Je suis désolée dedire à tous les universitaires qui croient que le parti socialistedéfend les valeurs de l'université que pour moi ce ne sont pas lesvaleurs de l'université », a poursuivi la ministre.

Ces déclarations sont en mettre en relation avec les communiqués du PS et la lettre de Martine Aubryaux enseignants et chercheurs. Mais aussi, et peut être surtout, avecla situation dans les universités. Alors que la rentrée se déroule demanière chaotique - ici on reprend les cours, là non - , et que desinitiatives sont toujours prises (ce soir, vers 18H, un simulacre de « fuite des cerveaux »Gare de l'Est à Paris)... le gouvernement a manifestement décidéd'écraser les dernières résistances à sa politique universitaires.Abandonnant tout espoir de convaincre ses opposants, il use de lamenace sur les salaires, les examens, l'avenir des universités... etl'accusation politicienne, pour porter ce qu'il espère être l'estocadeà un mouvement qui, malgré sa force et sa durée, n'est pas parvenu à lefaire reculer.

La publication des textes définitifs des décrets sur lestatut des universitaires (lequel soulève toujours une polémique sur lesens précis de sa phrase sur le paiement des heures effectuées en susdu service de référence, car elle diffère de la version votée en Comitétechnique paritaire), le CNU et le contrat doctoral témoigne de cettevolonté d'en finir au plus vite avec une contestation qui, si elle atoujours pris des formes plutôt débonnaires si l'on songe aux coups desang des salariés de l'industrie (coupures de gaz et d'électricité,mise à sac d'une sous préfecture par les Continental...), asérieusement écorné l'image du gouvernement dans les milieuxintellectuels et scientifiques.

Sur le fond, l'argument de Valérie Pécresse concernantle NPA qui serait « très présent dans les universités et un certainnombre de manifestations » est assez ridicule. Si quelques militants del'ex-LCR ont participé activement à ce mouvement, l'ampleur de lacontestation suppose que la grande majorité de ses activistes sont desélecteurs de la gauche traditionnelle, de Bayrou, voire, pour certainsmilieux qui se sont opposés aux réformes sur le statut et lamastérisation, de Nicolas Sarkozy.

Quant au Parti Socialiste, si la plupart (mais pastous...) de ses militants universitaires et enseignants chercheurs sesont fortement engagés dans ce mouvement, le mêler aux quelquesinitiatives « musclées » menées par de petits groupes est là aussidérisoire.

L'argument de Valérie Pécresse sur les examens seretourne contre elle-même. De deux choses l'une : soit le mouvement degrève est très minoritaire - comme l'a soutenu également FrançoisFillon - et auquel cas on ne voit pas comment il pourrait soulever unvéritable problème pour de nombreux étudiants, soit la contestationdemeure forte, et le risque de voir de très nombreux étudiants enréelle difficulté pour leur semestre réel... et alors le discoursgouvernemental sur la "petite minorité" de contestataires est unmensonge.

La réalité est connue des observateurs (on espère quele cabinet de Valérie Pécresse est lui aussi au parfum...). Dans laplupart des UFR de sciences de mathématiques, informatique, physique,chimie, sciences de la Terre et de la vie (y compris médecine), mêmeles universités les plus contestataires ont assuré l'essentiel descours. Avec des astuces consistant à déplacer les cours les jours degrèves nationales et de manifestations, utilisant jusqu'aux samedis. Enrevanche, dans de nombreuses universités de sciences humaines etsociales, une grève des cours assez dures a été suivie -singuilièrement pour les trois années de licence. Avec là aussi, desdifférences importantes entre filières : droit et gestion n'ont été querarement grévistes de manière continue, alors que l'ensemble histoire,science éco, philo, langues, socio et psycho, arts, a fournil'essentiel des arrêts longs de cours. Dans la plupart de ces UFR, denombreux enseignants grévistes ont d'ailleurs fourni du travail à leursétudiants, même si, en première et deuxième années, ces derniers ont dûse débrouiller seuls souvent.

Le fond du conflit demeure. En témoigne ce texte de Sauvons la Recherche publié Samedi :

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