Questions de société
V. Pécresse veut compter les grévistes et demande le rattrapage des cours (revue de presse maj 24/03/09)

V. Pécresse veut compter les grévistes et demande le rattrapage des cours (revue de presse maj 24/03/09)

Publié le par Bérenger Boulay

Sur cette page:

- V. Pécresse veut compter les grévistes, 208 universitaires répondent (Blog {Sciences2}, par Sylvestre Huet, 23/03/09)

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- Grève : Pécresse demande le rattrapage des cours - Libération & AFP, 23/03/09.

- Valérie Pécresse demande des rattrapages de cours - NouvelObs.com & AP, 23/03/09.

-  L'impossible recensement des universitaires grévistes, par Marie Piquemal, Libération, 24/03/09

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Blog {Sciences2}, par Sylvestre Huet, journaliste à Libération.

23/03/09
Valérie Pécresse veut compter les grévistes, 208 universitaires répondent

Valérie Pécresse a déclaré avoir demandé aux présidents d'université de recenser les grévistes.En effet, depuis le début de leur mouvement - le 2 février - lesuniversitaires mènent une grève originale. Active, faite d'alternancede cours  «normaux» et  «alternatifs», de manifestations, d'initiativesculturelles etc.
Un mode d'action qui permet de durer pourmaintenir une pression sur le gouvernement. IL ne va pas sans poser deproblèmes, et notamment celui du décompte des grévistes. Pour legouvernement, et Valérie Pécresse en particulier, se pose celui dupaiement des jours de grève. Jusqu'alors muette sur ce point, elle amis la pression sur le sujet en fin de semaine dernière. Voici laréponse que lui font 208 universitaires, signataires du texte ci-dessous :
Paris le 21 mars 2009
Madame,

Vous avez rappelé récemment aux présidents d'université la procédureà suivre concernant le décompte des personnels grévistes. Dans leconflit qui vous oppose à la communauté universitaire, il estcompréhensible, puisque l'on vous refuse ou que vous refusez de nousécouter, que vous tentiez d'utiliser une mesure dilatoire concernantnos salaires.
Nous tenons cependant à attirer votre attention sur deux points dont vous mesurerez certainement l'importance et les enjeux :

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Grève : Pécresse demande le rattrapage des cours - Libération, 23/03/09

Source AFP.

http://www.liberation.fr/societe/0101557349-greve-pecresse-demande-le-rattrapage-des-cours

Alorsque les enseignants-chercheurs entament leur huitième semaine de grève,la ministre de l'Enseignement supérieur souhaite que les examens de find'année puissent se dérouler « dans de bonnes conditions ».

La ministre Valérie Pécresse a annoncé aujourd'huiavoir demandé l'organisation de rattrapages de cours, du fait de lagrève dans les universités, afin que les examens prévus en fin d'annéepuissent se dérouler correctement.

« J'ai demandé que des rattrapages soient organisés » pour que les examens de fin d'année puissent se dérouler « dans de bonnes conditions », a-t-elle déclaré à l'émission « 4 vérités » de France 2.

La ministre n'a pas précisé de date pour ces rattrapages et elle a observé que « les examens sont encore loin ». A la question de savoir si des examens pourraient être repoussés en juillet, elle a répondu « nous ne l'envisageons pas ».

La mobilisation universitaire contre les réformesgouvernementales (statut des enseignants-chercheurs, formation desenseignants, emploi) est entrée lundi dans sa huitième semaine et lesheures de cours non données s'accumulent.

Valérie Pécresse a estimé lundi qu'« une trentaine d'universités (sur 83, NDLR) sont perturbées, à titres divers ».

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Valérie Pécresse demande des rattrapages de cours - NouvelObs, 23/03/09.

http://tempsreel.nouvelobs.com/depeches/societe/20090323.FAP2116/societe/

Source Associated Press

Laministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche ValériePécresse a annoncé lundi avoir demandé l'organisation de rattrapages decours, perturbés par la grève dans les universités.

"Ce que je souhaite et que j'ai demandéà tous les présidents d'université, c'est qu'on puisse organiser, defaçon à ce que les étudiants ne soient pas victimes de ces blocages etdes malentendus avec la communauté universitaire, que des rattrapagessoient organisés", a-t-elle expliqué sur France-2. Et ce "afin que tous les étudiants puissent être bien préparés pour leurs examens".

"J'espère que cette semaine le dialogue vas'intensifier et que nous allons pouvoir trouver des voies de passagequi permettront à la situation de revenir à la normale", a ajouté laministre de l'Enseignement supérieur. "Nousorganiserons tous les rattrapages nécessaires pour que les étudiantspuissent passer leurs examens dans de bonnes conditions", bien qu'ils soient "encore loin".

Interrogée pour savoir si les examens pourraient êtreorganisés en juillet, Valérie Pécresse a répondu que, "pour l'instant,nous ne l'envisageons pas".

Lundi matin, "la situation est très contrastée" avec "une trentaine d'universités qui ont des perturbations, mais à des degrés divers", a-t-elle précisé.

Quant au décret contesté, Mme Pécresse a souligné qu'il instaurait "un statut plus souple" avec des enseignants-chercheurs "d'accord pour être évalués", avec "des règles du jeu impartiale".

Il y avait "une très grande réticence àdonner l'ensemble du pouvoir de nomination aux universités : nous avonsavancé vers un compromis de 50% de nomination locale et de 50% depromotion nationale", a-t-elle noté. AP

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-  L'impossible recensement des universitaires grévistes, par Marie Piquemal, Libération, 24/03/09

 http://www.liberation.fr/societe/0101557607-l-impossible-recensement-des-universitaires-grevistes

La ministre Valérie Pécresse aenvoyé une note aux présidents de fac pour opérer des retenues sur lessalaires des enseignants en grève. Sauf qu'en pratique, c'estimpossible.

Les enseignants-chercheurs entament leur huitièmesemaine de mobilisation et maintiennent toujours la pression avec desformes de protestations originales (Ronde des obstinés encore hier soir).

Pourtant, sont-ils réellement en grève au sensjuridique du terme ? Car qui dit grève, dit travail non fait et doncretenue de salaire. La ministre Valérie Pécresse a envoyé une note le16 mars aux présidents d'université leur demandant de comptabiliser lesenseignants grévistes, conformément à la loi. De belles paroles. Laréalité est bien plus compliquée et la loi inapplicable. Explications.

Grand écart entre la loi et la pratique

Le principe, valable pour tous : comme tout salarié, lefonctionnaire n'est pas tenu de se déclarer gréviste de manièreindividuelle. La règle : si le salarié est absent sans justificatifalors qu'un préavis de grève est en cours, il est considéré commegréviste par sa direction.

Sauf qu'en pratique, cette règle est plus ou moinsfacile à appliquer selon les métiers. Pour le personnel Biatos quitravaille dans l'université (bibliothécaire, ingénieur de labo…), « pasde problème : ils ont des horaires de travail fixes et des tâchesprécises. S'ils sont en grève, ça se voit, c'est facile à contrôler. Lechef de service n'a qu'à constater et en rendre compte à sa hiérarchie », explique Jean-Pierre Finance, président de l'université Nancy 1.

Pour les enseignants-chercheurs, c'est une autre histoire. « C'estquasi-impossible de vérifier. Comment voulez-vous ? Par définition,leur métier comporte des activités très variées : recherche, colloques,enseignement, encadrement des doctorants… »

Et les cours hors murs ?

Contrôler si l'enseignant assure ou pas ses heures de cours reste a priori le seul moyen de savoir s'il est en grève. « Même pas, c'est bien plus compliqué »,tonnent en coeur les présidents d'université interrogés. D'abord, letemps d'enseignement des profs d'université est annualisé. Donc levolume de cours par enseignant varie d'une semaine à l'autre. « C'est ingérable », assure Yves Lecointe, le président l'université de Nantes, qui gère une équipe de 2800 personnes (Biatos compris).

« On rencontre des cas très variés : certains profs font cours mais portent un brassard en grève par exemple. » Et puis même, « quelleattitude adoptée quand l'accès à la fac est bloqué par lesmanifestants ? L'enseignant ne peut pas dispenser son cours. Alors,gréviste ou pas ? »

Et tout à l'avenant. Les enseignements publiés sur le site Internet. Ou encore les cours hors les murs,très répandus depuis le début du conflit. Cette forme de protestationconsiste à dispenser un enseignement dans un lieu public (tramway,centre-ville ou autres endroits symboliques). Le prof assure donc sondevoir de faire cours, mais d'une autre manière. La retenue de salaireest-elle justifiée ?

L'auto-déclaration et les risques de pression

Le problème du recensement des enseignants grévistesn'est pas nouveau et se repose avec la même acuité à chaque mouvementde contestation de grande ampleur.

Dans la pratique, les présidents d'université ont prisl'habitude d'envoyer des formulaires individuels aux enseignants leurdemandant de se déclarer grévistes d'eux-mêmes. Le Snesup, le principalsyndicat du supérieur, appelle sur son site Internet à ne surtout pas remplir ce formulaire. « Ce type de document a souvent été utilisé pour faire pression individuellement sur les collègues. »

Depuis le début du mouvement, les déclarationsindividuelles sont peu nombreuses, variables selon les jours (plusimportantes lors des mobilisations nationales comme le 19 mars) maisbien en deça des estimations données par les syndicats. Le ministèreannonce des chiffres oscillant tout juste entre 100 et 150 grévistespar jour...

Les incohérences de Pécresse

Du coup, Valérie Pécresse a envoyé une note le 16 mars aux présidents des 85 universités, disant ceci : « Ilrelève de votre responsabilité (président d'université, NDLR), lorsquedes préavis de grève vous sont communiqués, de mettre en place undispositif permettant d'assurer le contrôle de l'effectivité du servicefait qui soit le plus adapté à la situation et à l'organisation internede votre établissement. » (voir ce courrier en document joint)

Bien entendu, ce courrier a suscité la colère des universitaires. Certains ont répondu à la ministre par un courrier commun daté du 21 mars. « Enenvisageant d'appliquer de manière comptable et mécanique le décomptedes jours de grève à une profession dont le temps d'enseignement estannualisé (...) vous nous empêchez définitivement de mettre en oeuvre,en parallèle de notre lutte ou au terme de celle-ci, des stratégies deremédiation (rattrapage, cours en ligne, travaux de recherchepersonnels donnés aux étudiants, échanges par courriel, etc.) »

Ce qui n'a pas empêché la ministre de demander hier expressément aux universitaires d'assurer le rattrapage des cours. « Fautsavoir ce qu'elle veut la ministre. Soit on a des retenues de salaireset donc les cours perdus ne sont pas assurés. Soit on est payé, et onrattrape... », conclut un enseignant.