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Ut pictura poesis :  dialogues entre les arts à l’époque moderne (XVe-XVIIIe s.)    

Ut pictura poesis : dialogues entre les arts à l’époque moderne (XVe-XVIIIe s.)

Publié le par Marc Escola (Source : Andréane Audy-Trottier)

APPEL À COMMUNICATIONS

 

Ut pictura poesis :

 dialogues entre les arts à l’époque moderne (XVe-XVIIIe siècles)

 

Quatorzième colloque « Jeunes chercheurs »

du Cercle interuniversitaire d’étude sur la République des Lettres (CIERL)

organisé par

le Centre interuniversitaire de recherche sur la première modernité (CIREM 16-18)

 

Université du Québec à Trois-Rivières

19 et 20 juin 2014

 

Dans Les Beaux-Arts réduits à un même principe (1747), l’abbé Batteux affirmait, dans un passage consacré à l’harmonie, que « [l]es Arts forment une espèce de république, où chacun doit figurer selon son état ». Si cette image pose d’abord comme principe les particularités propres à chacun des arts, elle permet surtout de mettre en évidence le parallèle constant établi dans l’Europe d’Ancien Régime entre leurs diverses formes. De ce point de vue, celles-ci constituent autant de membres échangeant au sein de cette république artistique, laquelle fait alors figure de pendant à la République des Lettres qui caractérise l’espace culturel depuis la Renaissance. Il n’est donc pas étonnant que l’une des grandes ambitions de l’époque moderne ait été de susciter un dialogue fécond entre les différentes formes d’expression que sont la peinture, la sculpture, l’architecture, la poésie, la musique ou encore la danse et le théâtre (E. Hénin, 2003), de manière à souligner notamment la « tension entre présence de la matière et représentation » (R. Dekoninck, A. Guiderdoni-Bruslé et N. Kreme, 2009). C’est de cette tension et de cette ambition, par exemple, que sont issus aussi bien le fameux clavecin oculaire du père Castel que les premières formes d’art « globalisantes » telles que l’opéra ou la tragédie en musique (J. Weisgerber, 2001).

 

À la même époque s’édifient également les premières institutions consacrées à l’enseignement des arts, qui établissent une distinction entre les Beaux-Arts et les corporations d’artisans et apportent, dans un même souffle, une légitimation à l’artiste qui, fort du plaidoyer en faveur de l’ut pictura poesis, exposera désormais ses œuvres dans les salons (G. Lemaire, 2003). Du reste, en posant l’œuvre comme champ d’interactions entre les arts et en l’inscrivant dans un rapport transdisciplinaire dont nous héritons largement aujourd’hui, les diverses conceptions du fait artistique trouvent une impulsion nouvelle dans les théories esthétiques qui se développent au cours de l’époque moderne et qui s’inspirent notamment des principes énoncés par Locke sur le rapport entre plaisir et sensations. De fait, ce dernier suppose que la connaissance s’enracine dans les sensations et, en rapportant toute sensation au plaisir ou au déplaisir, ouvre la voie à des théoriciens tels Hume et Hutcheson. Pour leur part, Addison et Du Bos, en faisant communiquer le plaisir de l’art et celui des sens, questionnent le rôle de la sensibilité et de l’imagination et appuient plutôt leur réflexion sur la notion de goût, qui devient une catégorie esthétique à partir de la seconde moitié du XVIIe siècle (A. Becq, 1984).

 

En ce sens, la question des dialogues entre les arts dépasse le champ des études culturelles et littéraires, en sollicitant non seulement l’histoire, mais aussi la philosophie. C’est pourquoi nous sollicitons des propositions d’intervention s’inscrivant dans l’un des trois axes suivants :

 

1.      La fabrique de l’œuvre : analyses d’œuvres faisant intervenir différentes formes d’expression artistique, liens entre littérature et beaux-arts, illustration des discours politiques, scientifiques, historiques ou religieux, parallèles entre les diverses manifestations d’un même courant ou d’une même esthétique, etc.

 

2.      Les institutions : naissance des Académies et début du cloisonnement des diverses formes d’art, salons et ateliers comme lieux de diffusion, formation des artistes, réseaux de sociabilité et correspondances, clientélisme, mécénat, marchandisation des œuvres, formation d’un champ artistique et littéraire, statut de l’artiste.

 

3.      Les discours sur les arts : discours théoriques sur la littérature et les arts, doctrine de l’imitatio, hiérarchie des arts et des genres, discours critiques, querelles littéraires et artistiques, naissance de l’esthétique, porosité des genres et des disciplines.

 

            De nature interdisciplinaire, ce colloque du CIERL accueillera les jeunes chercheurs (des étudiants à la maîtrise ou au master ainsi que des doctorants et postdoctorants) œuvrant dans les différents champs des sciences humaines, de la littérature à la philosophie, en passant par l’histoire (de l’art, de la musique, des sciences, du langage, etc.). Les communications inédites ne devront pas dépasser les vingt minutes allouées à chaque participant. Les propositions de communication en français (titre et résumé de 250 mots, niveau d’étude, affiliation institutionnelle) devront être envoyées au comité avant le 30 avril 2014 à l’adresse suivante :

 

Cierljc2014@uqtr.ca

 

Les Cahiers du CIERL (Paris, Hermann) accueilleront les articles issus des communications après examen par les membres du comité organisateur et scientifique.

 

Comité organisateur et scientifique :

Donia Akkari, Marie-Lise Laquerre, Nelson Guilbert, Andréane Audy-Trottier, Kim Gladu, Julien Gamache, Alexandre Rouette, Geneviève Boyer, Samuel Trottier, Marie-Florence Sguaitamatti

 

Coordination scientifique :

Marc André Bernier, Sébastien Charles, Syliane Malinowski-Charles, Laurent Turcot