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Usages de l'anecdote dans divers champs théoriques de la Renaissance aux Lumières

Usages de l'anecdote dans divers champs théoriques de la Renaissance aux Lumières

Publié le par Camille Esmein (Source : Sophie Marchand)

 

Cycle de journées d’étude organisées par le GRAL (CRLC, Paris IV) La théorie subreptice usages de l’anecdote dans divers champs théoriques, de la Renaissance aux Lumières

 Depuis l’antiquité, les textes à visée théorique ont volontiers fait appel à l’anecdote, comme si le récit était un des prolongements naturels de l’argumentation. Ce recours au narratif répond à des objectifs très divers : tantôt il s’agit de tempérer l’austérité du discours et de récréer, voire de réveiller, le lecteur, tantôt d’illustrer le propos, de le rendre plus parlant en donnant des exemples concrets, ou d’accréditer l’argumentation en produisant les faits qui justifient les conclusions que l’on veut en tirer. Mais le récit se prête aussi à des fins plus troubles : on peut raconter une histoire pour suggérer ce qu’on ne saurait exprimer trop clairement, ou alléguer un cas dont tout l’intérêt est de ne pas corroborer ce qu’on avance. En se penchant sur ces fragments narratifs, il ne s’agit pas de sacrifier à la tendance volontiers soupçonneuse d’une certaine modernité, mais de réfléchir sur la place du récit dans l’argumentation et les effets, voulus ou non, que ces séquences, généralement assez brèves mais souvent récurrentes, peuvent produire. Ce qui n’exclut pas de s’intéresser à la forme de ces anecdotes et aux modèles dont elles s’inspirent.

Deuxième et troisième journées Anecdotes dramatiques Vendredi 14 et samedi 15 mars 2008

Vers la fin du XVIIIe s., les anecdotes dramatiques commencent à faire l’objet de compilations ou de publications autonomes (Anecdotes dramatiques de Clément et Laporte, 1775) mais elles ont depuis longtemps acquis leur place dans les poétiques, les histoires du théâtre et les compilations doxographiques. Elles ne sont pas pour autant reconnues comme des éléments essentiels du discours théorique. Servandoni d’Hannetaire, en 1774, choisit d’intégrer dans ses Observations sur l’art du comédien ces « sortes d’historiettes », qui « pourront non seulement égayer un peu le sérieux des préceptes, mais encore leur donner plus de force », tout en précisant cependant que « ce sont de ces choses trop indifférentes par elles-mêmes pour devoir y apporter une scrupuleuse attention ». C’est sur le postulat inverse que se fonde notre démarche : l’anecdote n’est pas purement anecdotique, elle est la manifestation ou l’illustration d’une théorie subreptice – qui excède parfois l’intentionnalité de celui qui la rapporte. Qu’elle se présente comme isolée ou insérée dans un réseau de fragments narratifs relatant des faits de la vie théâtrale ou de la biographie des agents du spectacle, elle dit quelque chose sur le théâtre, autrement que ne le font les traités ou les discours abstraits. Que nous enseigne-t-elle, précisément ? Sur quoi et selon quelles modalités ? En quoi sa forme spécifique permet-elle ou accompagne-t-elle un renouvellement des questionnements théoriques ? Quels rapports entretient-elle avec les discours dogmatiques contemporains ou antérieurs ? Peut-elle, à l’instar de l’anecdote historique, redéfinie au XVIIIe siècle comme « clef secrète de l’histoire », révéler quelque chose qui, jusque-là, demeurait impensé, voire impensable ? Ce sont ces questions que nous aimerions aborder, à partir d’un corpus d’anecdotes théâtrales allant de l’Antiquité à la fin du XVIIIe siècle et emprunté à toutes les traditions européennes. On pourra, au choix, suivre le cheminement d’une anecdote particulière, dans le temps et dans l’espace, en étudiant ses modifications et les variations de son interprétation, ou bien se demander comment les anecdotes rendent compte d’une problématique théorique précise. On pourra également analyser les fonctions du recours à l’anecdote au sein d’un corpus particulier ou d’une forme spécifique de l’écriture théorique. On pourra enfin s’interroger sur le principe de la collection et de la compilation des anecdotes, et étudier les diverses modalités d’ancrage de l’anecdote dans le discours sur le théâtre.

Ces réflexions donneront lieu à un colloque de deux jours, les vendredi 14 et samedi 15 mars 2008, à l’Université Paris IV-Sorbonne. Vous pouvez envoyer vos propositions de communication (une page maximum) à François Lecercle ( francois.lecercle@wanadoo.fr), Sophie Marchand (marchand.soph@wanadoo.fr) et Zoé Schweitzer ( zoe.schweitzer@wanadoo.fr) avant le 21 novembre 2007.