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Urbatextualité et identité(s) dans les littératures française et francophone des XXe XXIe s.

Urbatextualité et identité(s) dans les littératures française et francophone des XXe XXIe s.

Publié le par Marc Escola (Source : Louis Hervé NGAFOMO)

Urbatextualité et identité(s) dans les littératures française et francophone des XXe et XXIe siècles

Sous la direction de :

Christina Horvath (University of Bath) et Louis Hervé NGAFOMO (Université de Yaoundé I)

 

Date limite 31 décembre 2016

Argumentaire :

La littérature sur tous les tons, fait entendre que nous sommes entrés dans la civilisation urbaine […] Nous sommes tous citadins, embarqués dans les communautés urbaines en crise. Le livre constitue un médiateur fécond entre nos rêves et nos hantises, entre notre imaginaire et le réel, entre ce qui est et ce qui sera. Frank Lanot, « La ville et la littérature » in Thierry Paquot, Michel Lussault (dir.), Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, Paris, Editions Belin (2013), p. 336.

Le destin  identitaire des communautés, heureux ou malheureux, s’est souvent construit autour des enjeux territoriaux ou des villes. L’histoire  séculaire des civilisations - Afrique, Amérique, Europe, Océanie, Asie- reconduit des substrats topologiques qui, à rebours, font, défont et refont les identités contemporaines. La tradition ou la modernité, faut-il le rappeler, s’inscrivent sur une perspective cavalière réflexive, entre des repères de la civilisation urbaine et ceux des stéréotypes d’un passé mythique, ce dernier reformulant en traits plastiques ou poétiques le souffle du lieu (Butor). De cette hypothèse majeure, la conquête ou la quête de l’Ailleurs, orientées  sur les traces diverses des cités,  reconduisent et remémorent les motifs d’écriture des créations littéraires. On voyage et rêve dans la féerie imageante du pouvoir du style entre les artères de Rome, de Tombouctou, d’Athènes, de Montréal, de Bruxelles, de Paris, de Berlin, de Douala, de Bucarest, d’Alexandrie, sous le contrat de vérité (Barthes) proposé par les écrivains. Ces schèmes et ces réseaux thématiques meublent les motifs de l’écriture  des champs  littéraires français et francophone. Aussi, l’ouverture du compas à d’autres cités peut-elle conduire à l’exploration d’autres horizons, sans nul doute, dignes d’une exubérante géographie de l’imaginaire.

Comment signer alors son entrée dans cet univers aux jalons scientifiques remarquables de la géographie littéraire? Assurément de mémoire exégétique, la prise en charge théorique reconnait-elle certaines contributions majeures comme celles de Pierre Sansot dans cette « poétique de la ville » (2004),  de Roger Chemain en l’occasion de l’examen de la «ville dans le roman africain » (1981), ou encore de Pierre Citron  dans son passage en revue des vers sous la toile de fond critique de la ville de Paris (1961). Plus concrètement, la construction d’un trajet théorique appliqué  aux repères du Roman urbain contemporain en France en fait, selon Christina Horvath (2008) « un récit de l’époque contemporaine. L’action reste toujours porteuse de marques intrinsèques de l’actualité ou d’un certain engouement pour l’air du temps (rues, objets, décors, pratiques et rituels quotidiens) ».

 Autant dire que la traversée du dernier siècle pour l’actuel est riche en paysages géopoétiques. Ce rivage donne les signaux  qui suscitent prosaïquement chez nombre de critiques une réverbération géocritique (Westphal), transversale et abyssale, verticale et horizontale. La relecture des non-lieux (Augé) pourrait donner lieu à des réflexions variées, à partir des lieux ouverts, les trajets ou les moyens mobiles sur les itinéraires publics des textes. Le panorama des mémoires nous replonge par exemple au cœur de Paris de l’Occupation (Modiano), les villes invisibles (Calvino), ville cruelle (Mongo Beti), Beijing ou Bucarest (Mihali), la forêt illuminée (Mendo Ze) etc., au regard de la corrélation des effets entre le lieu et l’identité. La polyphonie(Bakhtine) et la polysensorialité (Westphal) s’accorderaient ici avec les unités d’examen de chantres des cultures, jetant des passerelles entre le Rhizome (Deleuze) et l’enchantement de la « poétique de la relation » (Glissant).  La remise en orbite de cette problématique justifie l’extrême contemporanéité du débat et met l’homme face à sa sémiosphère(Lotman). La trajectoire et les tribunes de rencontres des cultures en font un sujet à questionner sous le boisseau d’un paradigme émollient : l’urbatexte.

 En effet, le concept d’urbatexte (Zevi) rattaché à l’urbain en littérature remonte au renouvellement  des symboles de l’espace, de l’écriture de l’histoire, la mémoire des civilisations, les trajets à partir de l’espace-temps.

Plus concrètement, la paternité du vocable urbatexte revient à Bruno Zevi ; il exprime un sentiment phénoménologique de l’espace vue de face, de profil et au verso d’un immense corps physique aux tentacules multiples. À côté du néologisme mobitecture proche de l’architecture du mobilier d’une maison, on peut retenir que : « L’urbatexte exprime plus clairement la notion de texte de la ville, de texture de l’urbain (le tissu urbain) et évoque le sens du texte. L’urbatexte englobe la totalité des textes superposés qui font la ville et que la ville nous offre » (1981)

En d’autres termes, l’auteur développe une représentation contemporaine des idées qui porte en offrande l’esthétique de l’urbain. Cet espace, objet, sujet et trajet, donne tout à la fois,  la raison et l’occasion de se mirer sur les paysages sociaux qui nous environnent au prisme des littératures françaises et francophones. La construction, dans ces allés et avenues de la ville (post)moderne, traduit aussi, le profil du sujet, migrant et parlant, croyant et non-croyant, refusant et acceptant, d’épouser les identités fluides et avides de l’essence de l’anthropologie des valeurs des cités qu’il fréquente. Il  subit ou souscrit aux nouveaux codes de la modernité, se fait surprendre aussi, parfois, devant l’insoutenable rapidité  des technologies en ville à l’heure de la mondialisation. La survivance des mémoires d’un passé qui refait surface et devient l’expérience de son identité  au rétroviseur, lui ouvre les portes d’une globosphère fascinante et répugnante. Cette identité contemporaine, aux couleurs et à l’ADN hétérogènes, porte par devers ses origines, les atomes d’un trajet artificiel à résonance de société du spectacle (Debord), mettant en scène, le cirque du choc des civilisations (Huntington). Le prisme est alors transculturel, interculturel, multiculturel. On est au cœur du chantier de l’urbatextualité et de l’identité. Comment broder de nos plumes cette toile de l’infiniment circulaire et urbatextuel, alors que les escaliers au verso des décors chronotopologiques et des pensées du sujet glissent entre les passerelles des cités d’Ici ou d’Ailleurs ? Les paysages urbains trouveront-il des significations sous le dénominateur commun de la critique et de la réception(Viala) au tournant de cette instance de négociation du sens ?

 Plus loin, qu’y a-t-il donc de si tentant d’envisager la fécondité entre un concept de représentation des modalités composites d’une épistémè urbaine d’une part, et une connectivité avec l’identité de l’humain d’autre part ? En congruence ou en dissonance ? Au mieux, une urbatextualité aux caractéristiques  de l’être moderne ou postmoderne s’ouvre- t-elle à la réalisation du nouveau homo urbanus ? Incidemment ou non, dans quelle mesure les lignes géopoétiques du social, du virtuel, du temporel ouvrent-elles les horizons des cités aux  représentations des nouveaux visages  poétiques des littératures françaises et francophones des XXe et XXIe siècles ? Enfin, comment les réseaux sociaux ou architecturaux programment-t-ils aujourd’hui la carte et le territoire (Houellebeq) de la ville durable ?

 Les réponses à ces questions, non exhaustives, permettront sans nul doute, aux pairs universitaires, de faire entendre leurs voix face à une problématique de portée humaine, sous le trait scripteur de la littérature. Vous êtes invités sur la scène intellectuelle sous les rayons de l’ouverture disciplinaire, à donner un nouveau sens à l’urbatextualité et à l’identité (plurielle). L’intérêt pourrait donc être porté, à dimension de confort de sensibilité ou d’identité critiques, sur l’un des axes ci-après :

  • Ecriture de la mémoire urbaine et l’identité
  • Technogenèse et poétique des identités
  • Dynamiques linguistiques en zone urbaine
  • Expression des religions et des spiritualités en ville
  • Ecriture du numérique  comme mode de littérature urbaine
  • Culture urbaine et visages
  • Ecocritique des villes
  •  Trajets et voies de rencontre avec l’altérité
  • Enfance et la femme : symbole et parole de l’errance en ville
  • Discours et représentation de la politique  des cités par les textes
  • Sémiotiques des lumières et des couleurs en ville
  • Polysensorialité et identité
  • Habitat en ville/périphérie
  • Intertextualité et intermédialité urbaines
  • Photolittérature et identité dans le texte urbain
  • Choc des civilisations dans le roman urbain
  • Tradition et la modernité
  • Identité en situation urbaine
  • Ecriture des territoires et identité
  • Utopies urbaines et identité
  • Guerre/terrorisme en ville
  • Champ littéraire urbatextuel et la fabrique des identités
  • Réseaux et signification des villes dans les œuvres
  • Francophonie et débat des villes durables
  • Poétiques du roman urbain français, etc.

 

 Comité scientifique

 Pr Lucie Hotte (Université d’Ottawa), Pr René Audet (Université Laval) Pr Thierry Léger (Kennesaw University State), Pr Romuald Fonkoua (Directeur CIEF- Paris), Pr Elena Brandusa Steiciuc (Université Stefan Cel Mare de Suceava), Pr Jean Tabi Manga (Université de Yaoundé I), Pr Sanda-Maria Ardeleanu (Université Stefan Cel Mare de Suceava), Pr Paul Aron (Université Libre de Bruxelles), Pr Louis Martin Onguéné Essono (Université de Yaoundé I), Pr Richard Laurent Omgba (Université de Yaoundé I), Pr Pierre Fandio (Université de Buea), Pr Louis Hébert (Université de Québec à Rimouski), Pr Michel Beniamino (Université de Limoges),  Pr François Rastier (Université de Paris-III-Sorbonne).

Les contributeurs sont invités à soumettre un résumé de 300 à 500 signes suivi d’une courte biobibliographie (Nom et prénom, Université ou Laboratoire, grade et publications majeures) au plus tard le 31 décembre 2016 à minuit (Heure de Paris) aux adresses : herve3005@yahoo.fr et christina.horvath@gmail.com.

Les réponses leur seront données entre le 10 et le 15 janvier 2017. Le protocole de rédaction leur sera envoyé en même temps pour les auteurs dont les propositions auront été retenues par le comité scientifique. La publication est prévue aux Editions Connaissances et Savoirs de France en juin 2017.