Questions de société

"Universités : l'Elysée annonce de nouvelles pistes", par C. Rollot (Le Monde, 15/2/9). Mais le décret sur les enseignants-chercheurs "n'est pas caduc", assure V. Pécresse (AP 15/2/9)

Publié le par Marc Escola

Sur cette page:

- Universités : l'Elysée annonce de "nouvelles pistes", Le Monde, 15/2/9

- Le décret sur les enseignants-chercheurs "n'est pas caduc", assure Valérie Pécresse,  Associated Press, 15/2/9.

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Universités : l'Elysée annonce de "nouvelles pistes"
LE MONDE | 14.02.09 | 13h45  •  Mis à jour le 14.02.09 | 13h45
Article paru dans l'édition du 15.02.09


Le président de la République Nicolas Sarkozy a demandé, vendredi 13 février, que soient "rapidement explorées de nouvelles pistes pour l'évaluation des enseignants-chercheurs et l'organisation de leurs services". Une précaution de vocabulaire, pour cacher un recul probable.
Cette déclaration, relayée par un communiqué de l'Elysée, à l'issue d'un entretien avec Valérie Pécresse, ministre de l'enseignement supérieur, et la médiatrice Claire Bazy-Malaurie, donne un nouveau coup de canif au projet de réforme du statut des enseignants-chercheurs.

Ce texte prévoit l'évaluation des universitaires tous les quatre ans, sur leurs activités. Il donne aux présidents d'université le pouvoir de décider, sur la base de ces évaluations, des promotions et de la modulation du temps de service de leurs personnels. Les enseignants-chercheurs dénoncent les risques d'arbitraire, d'une hausse des heures d'enseignement, et une atteinte à leur indépendance.

Les propos du chef de l'Etat balaient aussi les deux mois de concertation supplémentaire, annoncée lundi 9 février par Mme Pécresse. Dans l'espoir de calmer la contestation contre cette modification du décret de 1984, la ministre avait désigné Mme Bazy-Malaurie, présidente de chambre à la Cour des comptes et spécialiste des questions universitaires, pour "prolonger la concertation". La médiatrice avait assuré vouloir "un texte nouveau", reprenant toutefois les bases du texte actuel. Elle avait souligné que sa mission n'était "pas de (le) retirer" mais de "l'améliorer".

Déjà contrainte de passer la main à une médiatrice pour tenter de renouer le dialogue avec les universitaires, Mme Pécresse voit son autorité ministérielle contestée, cette fois par le chef de l'Etat. M. Sarkozy avait déjà dépossédé sa ministre du dossier en annonçant, au cours de son intervention télévisée du jeudi 5 février, être prêt à discuter des "modalités" de l'évaluation des enseignants-chercheurs, même s'il avait précisé que son "principe" était "incontournable". Une nouvelle étape est franchie, qui devrait aboutir à un détricotage probable du projet de Mme Pécresse et, au-delà, d'une partie de la loi sur l'autonomie des universités, votée en août 2007.

DÉLAI SUPPLÉMENTAIRE

Les tentatives de la ministre pour déminer le terrain ont échoué. Le ton s'est durci du côté des présidents d'université et de la coordination nationale des universités qui a lancé un appel à une nouvelle journée de manifestations, jeudi 19 février. Une intersyndicale de l'enseignement supérieur et de la recherche - FSU, CGT, FO, Solidaires, Sauvons la recherche, Sauvons l'université, UNEF - a appelé, vendredi, à participer à cette journée nationale.

Concernant la réforme de la formation des enseignants du primaire et du secondaire, elle aussi contestée, une concession a aussi été faite. L'Agence d'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur, chargée d'évaluer les projets de futurs masters d'enseignement, a annoncé, vendredi, que les universités avaient jusqu'au 31 mars pour rendre leurs projets de maquettes (contenus de la formation).

Le ministère avait fixé au départ la date au 15 février mais nombre d'universités, pour protester contre la réforme, refusaient de les remettre à temps. Ce délai supplémentaire rend presque impossible la mise en application de la réforme pour 2010. Mais il peut constituer pour le gouvernement un alibi précieux pour justifier en douceur, et, le moment venu, un report de la réforme.

Catherine Rollot

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 Associated Press 15/02/09:

Le décret sur les enseignants-chercheurs "n'est pas caduc", assure Valérie Pécresse

Le décret réformant le statut des enseignants-chercheurs "n'est pascaduc", a assuré dimanche la ministre de l'Enseignement supérieurValérie Pécresse, qui est désormais secondée par une médiatrice sur cedossier.

Ce projet, vivement contesté par les enseignants-chercheurs, "n'est pas caduc", a-t-elle affirmé sur Radio-J.

"Il est remis sur le métier (...) selon les principes fondateurs de la réforme tels que les a redéfinis et réaffirmés vendredi Nicolas Sarkozy,c'est-à-dire évaluation nationale par les pairs de la même discipline,plus de souplesse dans l'organisation du service des enseignants etsurtout autonomie des universités."

La ministre a rappelé que lamédiatrice avait "un calendrier de deux mois" pour revoir le texte. Ala question de savoir si les changements entreraient en vigueur à larentrée 2009, Valérie Pécresse a expliqué que "la réforme prendra(it)le temps qu'il faudra pour être mise en oeuvre".

Nicolas Sarkozya demandé vendredi "que soient rapidement explorées de nouvelles pistespour l'évaluation des enseignants-chercheurs", à l'issue d'un entretienavec la médiatrice Claire Bazy-Malaurie.

Valérie Pécresse aassuré qu'à cette occasion, le président de la République l'a "assuréede son entier soutien dans la poursuite de (s)es travaux". "Il souhaiteque la réforme se fasse."

La coordination nationale desenseignants-chercheurs appelle à de nouvelles manifestations jeudiprochain pour le retrait du décret concernant leur statut. AP