"Une mission parlementaire propose de supprimer les concours d'enseignants" (dossier màj 07/07/11)
La « mission d'information sur la formation initiale et les modalités de recrutement des enseignants » vient de rendre son rapport, qui sera examiné le 6 juillet prochain par la commission des Affaires culturelles de l'Assemblée nationale.
Cette mission parlementaire propose la suppression des concours d'enseignants et le recrutement direct, par les autorités académiques ou les chefs d'établissement, des titulaires d'un master enseignement. Télécharger ce rapport sur le site de SLU.
Lire sur SLU un Dossier sur le rejet du rapport de la "mission Grosperrin" 7 juillet 2011
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Communiqués:
- "Le rapport Grosperrin. ou comment en finir avec l'éducation nationale, de l'école à l'université", Communiqué de Sauvons l'Université ! 1er juillet 2011
- Non à la suppression des concours ! communiqué de La Société des agrégés de l'Université - 30 juin 2011
- Non à la mort des concours (Agrégation et CAPES), Communiqué de presse de l'Association des Professeurs d'Histoire Géographie (APHG) et des quatre associations d'historiens de l'enseignement supérieur + autres communiqués
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Une mission parlementaire propose de supprimer les concours d'enseignants (Dépêche AFP - NousVousIls 29/06/11)
La mission d'information de l'Assemblée nationale sur la formation des enseignants a proposé, dans un rapport adopté mercredi par les députés UMP de la mission, de supprimer à terme les concours d'enseignants, a-t-on appris de sources parlementaires.
"A terme, remplacer le concours par le master et confier aux autorités académiques ou aux établissements le soin de recruter sur la base d'un entretien professionnel les enseignants", est l'une des 20 propositions du rapport, ont indiqué ces sources à l'AFP.
La "mission d'information sur la formation initiale et les modalités de recrutement des enseignants", composée de 14 députés et dont le président-rapporteur est l'UMP Jacques Grosperrin, avait entamé son travail fin mars et a adopté son rapport mercredi, après quelque 80 auditions.
Jacques Grosperrin n'a pu être joint par l'AFP.
Le rapport a été adopté par les députés UMP, majoritaires dans la mission, tandis que les socialistes n'ont pas pris part au vote, arguant du manque de temps donné pour lire le rapport final, et que la députée communiste a voté contre, selon les mêmes sources parlementaires.
Ce rapport doit être examiné mercredi 6 juillet par la commission des Affaires culturelles et de l'Education de l'Assemblée nationale, a-t-on appris au service de presse de l'Assemblée.
Les principaux concours pour le recrutement des enseignants sont le concours de professeur des écoles, le Capes (certificat d'aptitude au professorat de l'enseignement du second degré) et l'agrégation.
Outre ces concours, il faut aussi depuis l'an dernier avoir un diplôme de master (bac +5) pour devenir enseignant fonctionnaire titulaire, du fait de la réforme de la formation des enseignants, dite "masterisation"
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Article sur rtl.fr
C'est un coup de tonnerre dans l'Education nationale. Un rapport parlementaire, que RTL s'est procuré en exclusivité, propose une véritable révolution dans la formation des maîtres. Parmi les vingt propositions phare, il y en a une très audacieuse : celle de supprimer carrément le concours de recrutement des enseignants, le fameux Capes. Vu que les professeurs sont recrutés désormais au niveau master (Bac +5), plus besoin de passer en plus le concours d'enseignant. Le master d'enseignement leur suffirait pour postuler directement auprès des chefs d'établissement ou des autorités académiques. Ce sont eux qui choisiraient directement les futurs professeurs avec après un entretien individuel. Ces jeunes professeurs, choisis localement, garderaient le statut de fonctionnaire.
En janvier dernier, Nicolas Sarkozy avait demandé à Luc Chatel de revoir la réforme de la formation des maîtres. Une mission parlementaire s'en est emparée et fait des propositions chocs.
RTL s'est procuré le rapport en exclusivité, qui sera présenté la semaine prochaine à la Commission des affaires culturelles et de l'éducation à l'Assemblée nationale, dont le rapporteur est Jacques Grosperrin, député UMP du Doubs et ancien professeur d'EPS.
"Il faut réformer la réforme", titre le rapport. L'organisation de cette formation entrée en vigueur à la rentrée dernière "n'a été ni pensée ni réfléchie". La formation actuelle n'est pas assez professionnalisante, donc les jeunes professeurs stagiaires arrivent devant les élèves sans avoir été préparés à la tenue de classe. "Si le système ne s'est pas effondré, c'est parce que les jeunes professeurs ont la vocation et la motivation pour exercer ce métier d'enseignant".
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Un député propose la suppression des concours enseignants Le Monde.fr | 30.06.11 |
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Sur SLU Suppression des concours enseignants ? (Revue de presse)
Communiqué de SLU
"Le rapport Grosperrin. ou comment en finir avec l'éducation nationale, de l'école à l'université", Communiqué de Sauvons l'Université ! 1er juillet 2011
vendredi 1er juillet 2011
Au printemps 2008, nous avions été quelques-uns - minoritaires - à pointer le danger, au vu des discours dominants des nouvelles équipes au pouvoir, d'une remise en cause des concours comme forme de recrutement la plus égalitaire et la plus républicaine. Nombre de nos interlocuteurs - collègues, syndicalistes, journalistes, « spécialistes » du monde éducatif - considéraient alors que c'était là une analyse par trop pessimiste et très exagérée, qu'on n'en était pas là et qu'il serait bien difficile à ceux qui nous gouvernent de remettre en cause un des piliers de l'éducation nationale.
Quand la mastérisation de la formation des enseignants a été lancée, nous fûmes un peu plus nombreux à souligner que mettre en concurrence un diplôme et un concours portait inexorablement à vider de tout contenu le premier et à rendre inutile l'existence même du second. Mais beaucoup rétorquèrent alors que la soi-disant augmentation du nombre d'années de formation était en soi une bonne chose. Cette position était nourrie par l'illusion d'une revalorisation générale des traitements des enseignants du primaire et du secondaire puisque – et il fallait être aveugle pour ne pas le comprendre – ce n'était pas le nombre d'années de formation qui augmentait mais bien le nombre d'années de formation non rétribuées, du fait de la suppression de l'année de stage suivant la réussite aux concours. En sus, il était clair que cette réforme allait entraîner immédiatement une faillite de la formation des nouveaux enseignants. Ce qui devait arriver arriva, et l'année 2010-2011 serait à marquer d'une pierre noire dans l'histoire de l'éducation nationale si les années à venir ne s'annonçaient pires.
Car c'est là qu'intervient la mission parlementaire dirigée par le député UMP Jacques Grosperrin qui vient de boucler son rapport. Sa conclusion est d'un cynisme impressionnant : la faillite de cette réforme ridicule de la formation des enseignants, désormais reconnue par ceux-là mêmes qui l'ont imposée brutalement et sans la moindre écoute des critiques fondées qui s'élevaient, est mise au service d'une étape de plus dans la destruction de l'éducation nationale.
En effet, dans un raisonnement où se mêlent absurdité et mauvaise foi – il « omet » sciemment la suppression de l'année de stage postérieure au concours qui « rapporte » à Bercy 16 000 postes par an –, il est affirmé que, puisque les nouveaux Masters mettent en danger la formation correcte des enseignants, il ne reste qu'à supprimer les concours de recrutement ! Au passage, il serait temps selon l'ineffable député UMP de saper toute formation disciplinaire, de concentrer la formation sur une « pédagogie » dont on ne nous dit pas ce qu'elle recouvre, de supprimer les logiques nationales de formation et de faire passer de l'État aux chefs d'établissement les prérogatives de recrutement.
Il ne s'agit pas là d'interprétations sujettes à débat ou de procès d'intention : on trouve très explicitement, parmi les propositions du rapport Grosperrin, qui sera présenté à la commission des Affaires culturelles et de l'éducation de l'Assemblée nationale le 6 juillet prochain, et qui a été diffusé le jeudi 30 juin dans une version provisoire, la suppression de l'agrégation externe (proposition 5) ainsi que plus généralement celle des concours de recrutement des enseignants (CAPES, CRPE…, proposition 20). Cette provocation – immanquablement pensée comme un chiffon rouge – ne doit pas masquer par ailleurs la nocivité et le potentiel destructeur des autres propositions. Certaines sont de nature à entraîner d'irrémédiables bouleversements structurels : localisme des recrutements d'enseignants accentuant l'effet « territoires défavorisés » sur une base contractuelle (proposition 13), caporalisation de la formation et des pratiques professionnelles (proposition 17), substitution de « compétences » à des diplômes (propositions 14 et 16), redéfinition de l'organisation de l'Ecole - avec une « école du socle » jusqu'au collège, un ensemble Bac -3 / Bac +3 qui absorbe la licence, et une université ancrée dans la recherche commençant au Master (propositions 5, 11, 19).
Ce rapport est une agression inouïe et d'une gravité extrême contre les fondements même de l'école républicaine et contre l'éducation nationale. Dans un contexte de mise en concurrence généralisée des universités délivrant les diplômes de master enseignement, la fin des concours nationaux au profit d'un recrutement d'enseignants par « des autorités académiques ou des établissements sur la base d'un entretien professionnel », marquerait de fait la fin de l'éducation nationale. On peut comprendre que, par principe, les députés du Parti socialiste aient refusé de voter un texte qui leur avait été soumis très tardivement mais on s'étonnera quand même que la simple lecture rapide des 20 propositions finales n'ait pas suffi à justifier un vote contre sans ambiguïté. On ne peut qu'attendre de tout acteur politique prétendant être de gauche ou avoir l'ambition de défendre la République qu'il s'exprime et s'oppose point par point à de telles propositions.
Détruire l'éducation nationale c'est liquider le pacte républicain, il est atterrant de devoir le rappeler.
Sauvons l'Université ! 1er juillet 2011