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Une histoire matérielle de la musique et des arts du spectacle : d’une économie domestique à une économie politique XVIe-XXe s. (Médiathèque Mahler, Paris)

Une histoire matérielle de la musique et des arts du spectacle : d’une économie domestique à une économie politique XVIe-XXe s. (Médiathèque Mahler, Paris)

Publié le par Marc Escola (Source : Rémy Campos)

Une histoire matérielle de la musique et des arts du spectacle :

d’une économie domestique à une économie politique (xvie - xxsiècle)

Séminaire EHESS (2021-2022)

8 séances de 3 heures

de 10h à 13h les vendredis

22 octobre, 12 novembre, 17 décembre, 21 janvier, 18 février, 25 mars, 15 avril et 3 juin

Le séminaire pourra être suivi en ligne (lien zoom à demander aux organisateurs).

 

Du xvie siècle au début du xxe siècle, la réflexion théorique a mis à profit un ensemble de notions (richesse, propriété, échange, travail, capital, production, consommation, etc.) qui ont servi à penser la manière dont les sociétés humaines s’organisaient, pour plier le monde naturel à leurs besoins et pour garantir un bon gouvernement. Ces discours se sont inscrits dans ce qu’on a appelé, à partir du xviiisiècle, l’économie politique.

Les ouvrages publiés dans ce domaine réservent une place aux arts, généralement abordés dans les chapitres consacrés aux produits immatériels, à la consommation ou au luxe. Les pratiques artistiques y sont le plus souvent associées aux polémiques sur les dépenses superflues et à la condamnation morale du luxe. La place secondaire de la musique et des arts du spectacle dans le discours de l’économie politique s’explique en partie par le manque de compétences artistiques des auteurs mais sans doute aussi parce que certains peinaient à envisager les activités économiques dans leur dimension concrète.

Le présent séminaire fait l’hypothèse qu’il est pertinent de s’interroger sur la manière dont savoir-faire et réflexions théoriques s’articulaient dans le domaine de la musique et des arts de la scène. Cette interrogation revêt une importance d’autant plus grande que les discours savants ont largement occulté les savoirs que mettaient en œuvre sur le terrain des acteurs sociaux formalisant leurs pratiques selon des modes extrêmement variés. En 2006, l’ouvrage collectif Écrire, compter, mesurer. Vers une histoire des rationalités pratiques, dirigé par Natacha Coquery, François Menant et Florence Weber, a montré l’intérêt d’une approche des réalités économiques d’Ancien Régime prenant en compte des techniques intellectuelles (écritures comptables, systèmes de mesure, etc.) non académiques.

Pour la période qui a précédé l’émergence de l’économie politique comme discipline, on explorera notamment la notion d’économie domestique. Elle prévalait dans les maisons aristocratiques ainsi que dans celles de la haute bourgeoisie et elle n’était pas alors dissociée de la charité, de la morale ou de la civilité. En adoptant une perspective de cinq siècles, du xvisiècle au milieu du xxsiècle, on pourra aussi évaluer jusqu’à quel point l’économie domestique est demeurée présente dans les pratiques et dans les formalisations modernes de l’économie artistique.

Le séminaire a pour but : 1. d’envisager la musique et les arts du spectacle dans des cadres différents de ceux auxquels on les rapporte d’ordinaire (cadres esthétique et formel, philologiques, techniques et professionnels, institutionnels, didactiques, etc.) ; 2. de considérer ces arts dans la longue durée ; 3. d’expliquer des phénomènes qui n’ont pas forcément été théorisés en leur temps ; 4. d’élaborer des outils d’analyse adaptés.

Pour ce faire, on envisagera un large éventail de sources : ouvrages théoriques, essais, brochures polémiques, articles de presse, documents liés à la production de concerts et de spectacles, celles que l’on regroupe sous le vocable d’« écritures pratiques » tels que documents comptables, juridiques ou notariés, etc. La méthode consistera à procéder par études de cas en mettant en rapport un dossier documentaire avec une notion contemporaine, ou un ensemble de notions, puisées selon les époques dans des essais de théorisations ou dans des corpus théoriques constitués.

Les séances permettront à des spécialistes de diverses disciplines de présenter des recherches en cours et à des doctorants en histoire, en musicologie et en arts du spectacle de tester la pertinence des notions économiques pour leurs propres travaux.

Rémy Campos et Anne-Madeleine Goulet

(en partenariat avec le Centre d'études supérieures de la Renaissance de Tours – UMR 7323 du CNRS)

 

Programme

22 octobre 2021

Étienne Anheim (EHESS) – De la domesticité à la représentation politique : l'économie de l'office du maître de chapelle à la cour des papes (xive-début xve s.)

discutante : Véronique Dominguez-Guillaume (Université de Picardie)

12 novembre

Philippe Canguilhem (Université de Tours / Centre d'études supérieures de la Renaissance) – Gagner sa vie par la musique dans l'Europe de la première modernité, une question économique et sociale

discutante : Florence Alazard (CESR)

17 décembre

Francesca Fantappiè (CESR) – Elementi di indagine sul sistema di produzione dello spettacolo a Firenze tra il xvi e il xvii secolo: le motivazioni della spesa (presunta o reale), tra limiti teorici, convinzioni ideologiche e pratiche economiche [Éléments d’enquête sur le système de production des spectacles à Florence entre le xvie et le xviie siècle: les motivations de la dépense (supposée ou réelle), entre limites théoriques, convictions idéologiques et pratiques économiques]

discutante : Élodie Oriol (École française de Rome)

21 janvier 2022

Christophe Charle – titre à venir

discutant : Rémy Campos (CNSMDP)

18 février

Martial Poirson (Université Paris 8) – Les théâtres de l'économie chez Molière : entre argent, morale et intérêt

discutant : Loïc Charles (Institut national d’études démographiques)

25 mars

Rahul Markovits (ENS / Institut d’histoire moderne et contemporaine) – La Lettre à d’Alembert et l’économie politique républicaine des spectacles selon Rousseau

discutant : Arnaud Orain (Université Paris 8)

15 avril

Thierry Favier (Université de Poitiers) – L'économie de la fête : coût, financement et contrôle comptable des réjouissances publiques en France au début du xviiie siècle

discutante : Pauline Lemaigre-Gaffier (Université Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines / Université Paris-Saclay / Dypac)

3 juin

Pierre-Michel Menger (Collège de France / École des hautes études en sciences sociales) – Alfred Marshall et les artistes dans les Principes d’économie politique. Talent, risque, rente et inégalités

discutant : Gabriel Galvez-Behar (Université de Lille)