Questions de société
«Une force qui va», par Pascal Maillard (29 octobre 2010)

«Une force qui va», par Pascal Maillard (29 octobre 2010)

Publié le par Bérenger Boulay

«Une force qui va», par Pascal Maillard

Les invités de Médiapart - 29 octobre 2010

«Aux camarades de lutte de l'Université de Strasbourg, aux amis vacataires, à tous les précaires, aux cheminots, aux postiers, à tous ceux qui ont encore la force de vouloir et le courage de tenir.»

Par Pascal Maillard, universitaire, membre du groupe de recherche POLART- Poétique et politique de l'art.

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Le Président et son gouvernement ont décrété cette semaine la fin du mouvement social. Ils ont voulu enterrer, par une parole aussi arrogante que ridiculement performative, la contestation populaire la plus puissante et la plus longue depuis 1968. Ils ont tenté de la dissoudre par l'intimidation, la provocation et la répression, le doute et les manoeuvres en tous genres. Aux 2500 arrestations ont succédé une guerre psychologique inédite et un bombardement médiatique de 72 heures, si obséquieusement manipulateurs qu'ils pourraient bien s'être retournés contre leurs instigateurs. La vigueur persistante des 260 manifestations du 28 octobre constitue un démenti cinglant à cette proclamation ubuesque de «fin de partie». On a voulu prendre le peuple pour un enfant –hallucinante condescendance de Monsieur Woerth!– en le sermonnant ainsi: «Tu as fait ta petite colère? Très bien, maintenant c'est fini!». Mais le peuple est adulte, responsable et légitime dans sa protestation. Ses enfants réfléchissent un peu plus et un peu mieux que bien des conseillers politiques. Le peuple a répondu: «Le mépris a des limites! Il faut écouter maintenant!» Et il le répétera le 6 novembre, et plus tard, s'il le faut. Qu'importe que ce peuple manifestant, que ce peuple résistant soit un million ou trois millions! Chaque Français qui marche dans la rue porte dix Français avec lui. Chaque réforme qu'on impose autoritairement porte en elle la contestation de dix autres réformes.

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