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Une écriture début de siècle ?

Une écriture début de siècle ?

Publié le par Marielle Macé (Source : Cécile Narjoux)

Une écriture début de siècle ?
La langue littéraire à l'aube du XXIème siècle



Ô bouches l'homme est à la recherche d'un nouveau langage
Auquel le grammairien d'aucune langue n'aura rien à dire
Apollinaire, Calligrammes

Postuler qu'il existerait une langue littéraire début de siècle, c'est certes d'emblée postuler qu'il existe une langue littéraire et que celle-ci, en tant que langue, est soumise à variation. C'est donc aller à l'encontre de la doxa qui a « souvent préféré penser qu'il existait une langue littéraire de toute éternité, disponible pour la culture et le souffle renouvelé que lui communiquent les écrivains par leur compétence, plutôt qu'étudier ses contours en termes linguistiques, son rôle dans les changements fondamentaux ou de détail, ou caractériser ces micro-zones de variation où, tout d'un coup, un phénomène apparaît avec une relative évidence »1. Cette problématique a fait l'objet d'un colloque de vaste envergure à Paris IV et Ulm en décembre 2003 « Langue littéraire et changements linguistiques « qui avait pour visée de croiser en diachronie ces deux concepts de « langue littéraire » et de « variation de la langue » au fil des siècles.
Postuler qu'il existerait une langue littéraire début de siècle
- c'est ainsi d'emblée postuler, dans une perspective synchronique, qu'il existe des convergences et des dominantes langagières propres à une époque, propre à une décennie ; une recherche s'attachant à dégager les caractéristiques langagières d'une époque est-elle concevable?
- s'il existe des effets de mode dans les pratiques langagières non littéraires, dans les faits de langue, les retrouve-t-on dans l'écriture littéraire? C'est donc interroger l'oeuvre littéraire dans son rapport à la langue : en est-elle le miroir ou le laboratoire ?
- c'est inversement interroger la langue dans son rapport à la littérarité, au filtre de certaines pratiques discursives qu'elle est susceptible de créer, de faire émerger ;
- c'est aussi interroger le statut de ces manifestations linguistiques littéraires : s'agit-il d'un état de la langue ou d'une langue d'auteur et par conséquent d'un style. En somme, ces dominantes langagières permettent-elles de parler d'une langue d'époque, d'une écriture d'époque? d'un style d'époque ? ou seulement d'autant de styles qu'il y a d'auteurs, éventuellement influencés par des phénomènes langagiers oraux ou écrits, mais assurément non littéraires?
- c'est aussi considérer, dans une perspective diachronique, qu'à l'orée du siècle, il est déjà possible de déceler ces dominantes de la langue à la loupe de l'écriture littéraire ; c'est donc envisager qu'un tournant net a été pris par la langue en mouvement, et que nous sommes en mesure de distinguer ce qui en est variation, effet de mode et évolution véritable ; il s'agit donc là peut-être plus qu'ailleurs d'une gageure impossible à tenir.

Notre propos est de mettre le concept de « langue littéraire » et sa problématique à l'épreuve de la production littéraire de ce début de siècle, en tenant compte de l'émergence de nouveaux genres « littéraires » tels que le slam, aussi bien que de l'émergence de nouveaux modes d'expression écrite (langage SMS, langage internet :mail, MSN) dont on peut supposer qu'ils sont susceptibles d'influencer la production écrite « traditionnelle », en tenant compte aussi des controverses qui opposent les partisans d'une « littérature-monde » supposée être polyphonique à ceux de la « littérature -moi » supposée ne l'être pas.

On notera donc que si notre approche n'entend pas interroger, en tant que tels, les genres littéraires produits à l'aube du siècle nouveau, elle postule pourtant qu'il existe peut-être des avant-postes de la langue (la poésie plus que le roman ?), selon les genres littéraires et les formes discursives adopté(e)s voire inventés. Ainsi se trouve posée la question du rapport entre langue et genre, langue et discours et de leur influence réciproque.

Modalités proposées
deux journées d'étude, la première le 13 mars 2008, la seconde au printemps 2009.
publication des actes aux E.U. Dijon


Il pourra s'avérer souhaitable de distinguer deux axes et deux étapes dans cette enquête :
1) première journée : travail sur de nouvelles spécificités langagières transgénériques
Au cours de cette première journée d'étude, on pourrait, par exemple, centrer le questionnement sur :
a) L'identification, dans les textes littéraires, de ces nouvelles dominantes linguistiques, en interrogeant, par exemple : lexique, orthographe, syntaxe et morphosyntaxe, ponctuation, énonciation, mode d'organisation textuelle, collages,...
- y-a-t-il une dominante privilégiée ou pas?
- le cas échéant, peut-on expliquer ce statut privilégié par rapport au statut écrit du support?
b) Approche diachronique : Qu'est-ce qui permet d'identifier cette / ces dominantes comme nouvelles dans le champ littéraire?
- n'existaient pas avant?
- deviennent systématiques?
- remplacent ou cohabitent ?
- c'est leur assemblage qui fait système?
c) Une comparaison entre les manifestations de ces dominantes linguistiques dans le discours littéraire et dans - les autres discours est-elle envisageable ?
- y-a-t-il transplantation sans modification ?
- transplantation avec modifications ? quelles modifications?
- irruption dans le seul tissu littéraire ?

Au terme de cette première journée d'étude, on pourrait envisager de répondre aux questions suivantes : nous semble-t-il exister ou voir poindre une langue 1) spécifiquement début de siècle et 2) spécifiquement littéraire et que nous sommes en mesure d'identifier comme telle ? Par quels moyens sommes-nous parvenus à fonder, le cas échéant, la littérarité de ce « moment grammatical »?

2) travail sur d'éventuelles spécificités langagières propres à chaque genre :
Ce sera le deuxième axe de notre enquête où l'on pourra travailler, en fonction des réponses obtenues aux question posées lors de la première journée d'étude, autour du rapport entre langue littéraire nouvelle et genre :
a) genres traditionnels : questionnés? transgressés? démantelés?
b) émergence de nouveaux genres / nouveaux discours : ce qui les définit comme tels
rôle de la langue dans cette évolution?


Envoi des propositions : 2500 signes de présentation + indications bibliographiques (dont les oeuvres support) avant le 25 novembre 2007 à cnarjoux@free.fr

Réponse du comité : le 21 décembre 2007

Durée des communications : 30 minutes, soit 35 000 signes espaces comprises.

Le Comité d'organisation:
Claire Despierres, Mustapha Krazem, Cécile Narjoux