Le pôle de recherche eikones NFS Bildkritik (Bâle) organise, du 26 au 31 août 2012, une école d'été interdisciplinaire : Die Konstruktion der Bilder. Trois cours sont proposés.
Le cours 1 : Das andere Mass: Bild im Zeichen der Proportion est proposé par Audrey Rieber et Gerald Wildgruber.
Professeur invitée : Anne Sauvagnargues (Univ. Paris X Nanterre).
Présentation du cours 1 : Une autre mesure. L'image sous l'angle des proportions.
Une réflexion sur l'image soucieuse d'intégrer les apports factuels et méthodologiques de l'histoire de l'art a pris l'habitude de l'aborder sous l'angle de la perspective, c'est-à-dire des paradigmes du tableau, du miroir et de la fenêtre, priorité étant donnée à la question de la mimésis, du rendu de l'espace et des conditions optiques et physiologiques de la vision. C'est pour dévier cet angle d'attaque que nous souhaitons problématiser l'image à partir des théories des proportions qui, introduisant une série de concepts autres, esquissent une histoire originale de l'art, irréductible au développement puis au dépassement de la perspective dite légitime. L'invention de procédés de représentation en perspective dite légitime constitue un moment majeur de la fondation du canon occidental. Le mode de pensée proportionnel, pourtant, naît beaucoup plus tôt (plongeant même dans la pensée dite "primitive") et se poursuit bien au-delà de l'apogée historique de la perspective centrale, dans les icônes de la modernité (Malevich, Klee, Mondrian). Notre cours veut retracer, en amont et en aval donc de la Renaissance, l'histoire et la spécificité conceptuelle des théories, des pratiques et des techniques induites par quelques-unes des théories majeures des proportions.
On peut mesurer l'importance et l'originalité de la question des proportions en rappelant qu'elle est présente, mieux, qu'elle contribue essentiellement aux débuts grecs des sciences européennes et qu'elle est en rapport aussi bien avec les plus anciennes notions de formes (rythme, harmonie, symétrie) qu'avec des concepts que l'on pourrait qualifier de "logiques", tels le logos (entendu comme rapport, parole, langue, raison) ou l'horos (le concept déterminé). Le champ d'extension qui est aujourd'hui celui de ces termes, l'idéalité pure et le langage, n'en était à l'origine pas solidaire et ne s'y réduisait aucunement. L'analogie, le rythme, l'harmonie, le logos, l'horos, etc. sont autant de termes, repris par la tradition philosophique, qui renvoient d'abord à des phénomènes spatiaux et musicaux dont ils conservent une certaine matérialité. Dans la Grèce classique, le canon monocorde, avec lequel on étudiait les proportions spatiales (sectio canonis), avait pour fonction de manifester cette constellation originaire : il rendait les chiffres audibles et les sons (les accords) spatialement visibles. Une telle forme de savoir auditive, visuelle et spéculative travaille les principes formels du Kunstwollen grec archaïque, notamment de l'architecture (des temples doriques). C'est cet entrelacement (pythagoricien) des savoirs philosophiques, scientifiques et esthétiques qui constitue le point de départ historique de notre cours.
Nous y ferons l'hypothèse que les différentes pratiques et pensées proportionnelles sont l'expression de Kunstwollen déterminés, le miroir d'esthétiques hétérogènes, liées, à chaque fois, à une certaine conception du monde. Mais à travers les variations de ce schème struturel (en Egypte, à Byzance, chez Dürer ou Léonard de Vinci), ce sont aussi d'autres définitions de l'image qui sont à l'oeuvre. Expédient artisanal, méthode empirico-scientifique, canon esthétique, paradigme normatif, théorie mathématique ou encore charnière métaphysique ou philosophico-cosmologique, chaque théorie des proportions fait jouer d'autres conceptions de l'image, de sa logique et de ses fonctions selon que cette dernière procède de parties aliquotes ou de la multiplication d'un module absolu, d'un code fixe et conventionnel ou d'un système de relations dynamiques, qu'elle donne la priorité à l'agencement interne de l'image (ornementation) ou à un idéal de la nature (organicité, imitation, anthropométrie). En faisant des proportions l'indicateur d'une logique iconique de l'image, c'est donc à atteindre une autre mesure de celle-ci que nous ambitionnons.
Pour les cours 2 et 3 :
Bildproduktion (Margarete Pratschke et Vera Wolff, avec Angela Matysek)
Et :Wissen bilden: Zeichenszenen der Moderne (Claudia Mareis et Toni Hildebrandt, avec Barbara Wittmann), voir
http://www.eikones.ch/nc/veranstaltungen/detail.html?tx_cheikonesevent_pi1[uid]=239&cHash=5de647147b
La Summer School s'adresse à des étudiants avancés et à des doctorants en : histoire de l'art et théorie de l'art, philosophie, musique, cinéma, étude des médias et des cultures, littérature, mathématique, sociologie, beaux-arts, architecture, design.
Le cours 1 se tiendra en allemand, français et anglais ; les cours 2 et 3 en allemand et en anglais. Des connaissances au moins passives dans ces langues sont indispensables.
Au cours de la semaine, les participants devront présenter leurs travaux et prendre activement part aux discussions et aux séances de travail. Les frais d'hébergement et le déjeûner sont pris en charge par le NFS.
Merci d'envoyer par e-mail (pdf de 10 MB max.), avant le 23 avril 2012 ,un curriculum vitae ainsi qu'un court texte (d'environ 350 mots) où vous indiquerez dans quelle mesure vos travaux et centres d'intérêt rencontrent ceux du cours choisi. Des informations complémentaires ainsi qu'une bibliographie seront envoyées ultérieurement aux participants.
Pour l'envoi des candidatures et toute information supplémentaire, adressez-vous à :
Cours 1 : Das andere Mass. Bild im Zeichen der Proportion (A. Rieber / G. Wildgruber) :
Cours 2 : Bildproduktion (M. Pratschke / V. Wolff) :
Cours 3 : Wissen bilden. Zeichenszenen der Moderne (C. Mareis / T. Hildebrandt) :
Coordination : Claudia Mareis
Organisation : Daria Kolacka
daria.kolacka@unibas.ch
Informations : www.eikones.ch
Lieux :
eikones NFS Bildkritik, Rheinsprung 11, CH-4051 Basel
Schaulager, Ruchfeldstrasse 19, CH-4142 Münchenstein / Basel