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"Un temps pour l’Histoire" (colloque Fest'Ain d'Histoire)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Noémie Budin)

"Un temps pour l’Histoire "

Colloque Fest'Ain d'Histoire

Chazey-sur-Ain (01)

10 et 11 octobre 2020

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« Qui pourra le définir ? Et pourquoi l’entreprendre, puisque tous les hommes conçoivent ce qu’on veut dire en parlant du temps, sans qu’on le désigne davantage ? Cependant il y a bien de différentes opinions touchant l’essence du temps. Les uns disent que c’est le mouvement d’une chose créée ; les autres, la mesure du mouvement, etc[1]. » C’est en ces termes que Blaise Pascal s’attache à évoquer la temporalité, révélant ainsi la difficulté de définir cette notion à la fois abstraite et commune à l’humanité qui permet de rendre compte de l’évolution de toute chose.

Néanmoins, si tous les Hommes connaissent l’idée de temporalité, sa définition n’est pas universelle. Le temps est en effet parfois perçu à la manière d’un fluide qui s’écoule dans un sens uniquement, qui fait se succéder les événements et qui transforme la face du monde de manière irréversible. Parfois, le temps est décrit comme un ensemble de dimensions, passé – présent – futur, entre lesquelles il serait possible de voyager. Hervé Barreau et Olivier Costa de Beauregard se sont également questionnés sur cette définition : « est-il synonyme de simultanéité, comme dans l’expression “en même temps”, de succession, comme dans l’expression “le temps passe vite”, de durée, comme dans l’expression “il a manqué de temps pour accomplir son œuvre” ?2] ». Les deux auteurs notent également « au moins neuf usages » au terme temps dont les contradictions et les emplois spécifiques dépendent de la logique humaine.

C’est sans doute la complexité de cette notion qui en fait un terreau fertile pour l’imaginaire. En effet, le temps n’ayant pas de définition univoque, les limites et les possibilités qui découlent de son indétermination ont souvent nourri l’imagination des artistes à travers notamment des descriptions de voyages temporels dans le passé ou le futur, des écoulements non linéaires du temps selon les lieux, des personnages immortels grâce à la science ou à la magie, etc. Ces remises en question du temps dans les fictions témoignent néanmoins de questionnements réels autour de la perception du temps et des rapports temporels que peuvent entretenir des événements, des périodes historiques ou des individus. Les notions de simultanéité, de succession ou de durée peuvent ainsi être remises en cause ou bouleversées dès lors que l’on considère le point de vue d’un ou de plusieurs groupes en particulier.

Ainsi, l’enchaînement des événements n'apparaît pas toujours comme étant linéaire : par exemple, si l’on lit la réécriture d’une œuvre avant l’œuvre originale, on aura l’impression que la première a été écrite avant la seconde alors que ce n’est pas le cas d’un point de vue chronologique. Pareillement, aujourd’hui la perception de l’Histoire et de sa chronologie – c’est-à-dire la succession des événements selon une logique temporelle linéaire – est souvent perturbée par des objets ou des circonstances qui brouillent les frontières temporelles : qu’il s’agisse d’une méconnaissance historique qui ne permet pas de situer clairement un personnage ou un objet dans une époque, de fictions qui développent leurs diégèses dans des contextes pseudo-historiques ou des textes et pièces archéologiques mal interprétés, nombreuses sont les sources de confusion temporelle pour le public profane se retrouvant face aux notions d’Histoire et de Temps. Ces imprécisions donnent alors naissance à une conception assez chimérique de l’Histoire dans laquelle réalité et fiction sont souvent confondues : en témoignent les nombreux festivals médiévaux dans  lesquels des créatures fantastiques – dont certaines sont des inventions contemporaines – sont présentées au public.

Si nous nous sommes attachés à relever et défaire certains clichés historiques lors de la précédente édition du festival multi-époque Fest’Ain d’Histoire, il s’agira donc cette fois-ci de nous intéresser à la perception de l’Histoire et de ses différentes époques à travers le filtre de l’imaginaire qui en découle selon deux axes majeurs.

 

L’imaginaire du temps

Il s’agira de se questionner sur la manière dont il est possible de représenter le temps aujourd’hui, que ce soit dans les fictions comme dans des entreprises plus réalistes : musées, documentaires, festivals, chaînes Youtube, etc. On pourra ainsi se demander quelles sont les places des différents médias dans cette diffusion de l’Histoire et comment interpréter les choix qui sont opérés. On pourra par exemple réfléchir aux spécificités des comptes Twitter ou Instagram historiques et se questionner sur les avantages, les inconvénients et les enjeux de ce nouveau type de supports. On s’intéressera aussi à l’idée d’histoire vivante et à ses motivations, contraintes, résultantes, ainsi qu’à la dimension ludique du temps par sa mise en scène (jeux de rôles, wargames, etc.). On se posera alors notamment la question des divergences et des rapports entre le temps du jeu et celui de l’expérience ludique.

Le(s) temps imaginaire(s)

Cet axe s’interrogera davantage sur une perception faussée ou purement fictive de l’Histoire nourrie par l’imaginaire. Il pourra être question des légendes perçues comme étant véridiques, mais aussi des inventions et mauvaises interprétations historiques liées à des découvertes archéologiques, à des supercheries, ou encore à une lecture d’œuvres fictives comprises comme étant réalistes. Il sera aussi possible de s’interroger sur l’impact de la fantasy sur la lecture et la compréhension contemporaine de l’Histoire.

Ce colloque est organisé dans le cadre de Fest’Ain d’Histoire, festival historique multi-époque qui se tiendra au Château de Chazey-sur-Ain (01) les 10 et 11 octobre 2020, ainsi que dans le cadre de l’ANR Aiôn (CE27-19-0008-01). Il est ouvert à tous les passionnés d’Histoire, qu’ils soient chercheurs en lettres et sciences humaines, journalistes, auteurs, youtubeurs, etc. Le comité de lecture sera constitué d’individus répondant à ces mêmes critères variés et privilégiera les propositions qui s’inscriront dans une démarche de vulgarisation scientifique à destination du grand public.

Nous vous prions, par ailleurs, de noter que nous ne serons en mesure de défrayer les participants du colloque. Seuls les repas seront offerts.

 

Les propositions de communication de 500 mots maximum accompagnées d’une courte notice bibliographique sont à envoyer à fadh.colloque@gmail.com avant le 31 mars 2020.

 

[1] Blaise Pascal, Pensées, Rétablies suivant le plan de l’auteur, Dijon, Victor Lagnier, 1835, p.462.

Hervé Barreau, Olivier Costa de Beauregard, « Temps », Encyclopaedia Universalis [en ligne], consulté le 21 octobre 2019. URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/temps/.