Questions de société

"Un appel d'offre suscite l'émoi des professeurs sur le Web" (Le Monde)

Publié le par Matthieu Vernet

On pourra lire dans l'édition électronique du Monde.fr un article sur l'appel d'offres pour la "veille de l'opinion", dont Fabula avait le premier rendu compte.

Un appel d'offres suscite l'émoi des professeurs sur le Web

Un appel d'offres pour une "veille de l'opinion", lancé par les ministères de l'éducation et de l'enseignement supérieur, met en émoi le Web et les professeurs depuis plusieurs jours. A cran, les plus soupçonneux y voient une tentative de surveillance ou de fichage, quand les deux ministères plaident la "transparence" et la banalité d'un travail d'information au service de l'action publique.

Daté du 15 octobre et faisant l'objet d'une annonce dans le Bulletin officiel des annonces de marchés publics (Boamp) du 4 novembre, cet appel d'offres de la délégation à la communication – commune aux deux ministères – prévoit de consacrer 100 000 euros en 2009 à la "veille de l'opinion" pour le compte du ministère de l'éducation et 120 000 euros pour celui de l'enseignement supérieur.

Révélé le 7 novembre par le site Internet Fabula, le texte de l'appel d'offres a, depuis, circulé. Le cahier des charges énumère un certain nombre d'"objectifs" et parle de "repérer les leaders d'opinion", les "lanceurs d'alerte", d'"analyser leur potentiel d'influence et leur capacité à se constituer en réseau", de "décrypter les sources des débats et leurs modes de propagation" et d'"anticiper et évaluer les risques de contagion et de crise".

"C'est comme une extension à Internet des traditionnelles revues de presse", plaide-t-on dans l'entourage du ministre de l'éducation, Xavier Darcos. La délégation à la communication confirme que "cette démarche préexistait au gouvernement actuel" et que le premier marché a été passé en 2006. "Ce n'est pas une démarche de censure et de contrôle mais une démarche d'écoute et de compréhension de l'opinion", assure la délégation.

Les syndicats d'enseignants n'ont pas du tout apprécié cette initiative mais se refusent à la dramatiser. "Parler d'une volonté de fichage des militants me paraît être une surinterprétation", estime Gérard Aschieri, secrétaire général de la FSU. "Le ministère veut simplement anticiper pour adapter sa propagande", ajoute-t-il. Pour Luc Bérille, secrétaire général du SE-UNSA (syndicat des enseignants), "que le ministère soit attentif à l'évolution de l'opinion est une chose, mais que l'objectif annoncé (…) soit de prévenir toute remise en cause ou critique de sa politique en est une autre".

Luc Cédelle