Questions de société
Tristan, 17 ans, bloqueur, interdit de lycée (Libération 06/07/2009) + Courrier de D. Simonnet

Tristan, 17 ans, bloqueur, interdit de lycée (Libération 06/07/2009) + Courrier de D. Simonnet

Publié le par Bérenger Boulay

Voir aussi sur le site de SLU: Courrierde Danielle Simonnet, conseillère de Paris, déléguée auprès de la Mairedu 20e arrondissement chargée de la lutte contre les discriminations,de l'intégration, du handicap, et du monde associatif

FLORENT PECCHIO, Libération 06/07/2009:

Tristan, 17 ans, bloqueur, interdit de lycée

http://www.liberation.fr/societe/0101578195-tristan-17-ans-bloqueur-interdit-de-lycee

Principal meneur des mouvements lycéens dans un établissementparisien, l'adolescent n'est autorisé à s'inscrire en terminale ques'il s'engage par écrit à ne plus bloquer son lycée.

Sondossier est bon, ses notes sont au rendez-vous. Pourtant, Tristan est,pour l'heure, privé de rentrée. Ce matin, devant le rectorat, ilsétaient une cinquantaine - professeurs, parents d'élèves, oureprésentants politiques - venus soutenir cet élève de 1ère ES au lycéeMaurice Ravel, dans le vingtième arrondissement parisien. Tous étaientlà pour demander des explications à l'inspecteur d'académie, face à unedécision jugée «purement discriminatoire».

L'histoire de Tristan commence le 16juin dernier. Elève en 1ère ES au lycée Maurice Ravel à Paris, il serend au secrétariat de son établissement pour y déposer son dossier deré-inscription, synonyme de passage en terminale.

Surprise: son dossier est refusé. Enl'état, sa ré-inscription n'est pas acceptable. Quel genre de fautes apu commettre cet élève pour être mis au ban? Ce n'est pas du côté desrésultats scolaires qu'il faut chercher l'explication. L'élève termineson année de 1ère avec une moyenne de 14/20. Une enseignante évoque un «garçon très agréable, très curieux, passionné».

Meneur. En fait, ildoit cette situation, a sa participation active aux mouvements lycéensde cet hiver contre les lois Darcos. Activement, c'est peu de le dire.Il est considéré comme le meneur de son lycée. «C'est souvent lui qui s'exprime», raconte une amie. Il organise des réunions d'information, soutient le blocage. C'était déjà le cas l'année précédente.

Depuis, il est dans le collimateur du proviseur, Philippe Guittet. L'homme goûte peu les blocages. «Cela coûte très cher, c'est très perturbateur», confie-t-il à «Libération». Les mouvements «démobilisent»les autres élèves. Il fait donc une requête: Tristan ne sera autorisé às'inscrire en terminale que s'il s'engage, par écrit, à ne plus bloquerson établissement. Ce dernier refuse. Même si d'autres élèves ontparticipé à l'organisation du mouvement, Tristan est le seul inquiété. «On veut faire de son cas un exemple», soupire un parent d'élève, proche du lycéen.

Pas valable. «Je ne souhaite pas me débarrasser de cet élève», se défend Philippe Guittet. Avec cette requête, il estime qu'il ne lui «demande pas l'impossible». Lors des blocages, le proviseur n'a pas contacté la police. Même raisonnement ici: il s'agit de «traiter ça en interne».Mais voilà, le motif de non-inscription n'est pas valable. Même siTristan ne formule pas sa promesse écrite, il ne pourra être exclu del'établissement, car aucune commission de discipline ne s'est réunie àce propos.

Philippe Guittet cherche donc à calmerles ardeurs du lycéen. Peu diplomate, le proviseur a d'ailleurs signalécette condition à Tristan, seulement trois jours avant les épreuves dubac de français. Le rectorat de Paris, alerté, n'a pas pris position: «la décision finale reviendra au proviseur». Qui a jusqu'au 2 septembre pour le réinscrire.