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Transformations du récit de filiation au Québec et en France

Transformations du récit de filiation au Québec et en France

Publié le par Emilien Sermier (Source : Katerine Gosselin)

Transformations du récit de filiation

au Québec et en France

Coordin. Katerine Gosselin et Thuy Aurélie Nguyen (Univ. du Québec à Rimouski)

Colloque dans le cadre du 83e congrès de l’ACFAS

Université du Québec à Rimouski

27 et 28 mai 2015

 

Résumé

Cinq ans après la parution des principaux travaux sur les récits de filiation contemporains (Dominique Viart, Laurent Demanze, Marine-Emmanuelle Lapointe), ce colloque s’assigne pour objectif de réinterroger la catégorie critique du récit de filiation en regard des transformations récentes du genre et de ses appropriations par une pluralité de formes artistiques narratives au Québec et en France.

 

Argumentaire

Ce colloque veut revenir sur une catégorie de récits contemporains définie par la critique universitaire française et québécoise depuis le tournant des années 2000, soit le récit de filiation. Les travaux de Dominique Viart (États du roman contemporain, 1999 ; La littérature française au présent, 2008), de Laurent Demanze (Encres orphelines, 2008) et de Martine-Emmanuelle Lapointe (Figures de l’héritier dans le roman contemporain, en codirection avec Laurent Demanze, 2009 ; Transmission et héritages de la littérature québécoise, en codirection avec Karine Cellard, 2012) ont permis de situer cette nouvelle catégorie de récits dans un « renouvellement des formes autobiographiques et des écritures de l’intime » (Demanze et Lapointe, 2009). Les récits de filiation contemporains se présentent ainsi, pour reprendre l’expression de Dominique Viart (2008), comme une investigation détournée « de l’intériorité vers l’antériorité », dans laquelle le sujet contemporain « se construit dans le détour de l’autre, en assimilant à l’intérieur de soi la communauté des ascendants » (Demanze et Lapointe, 2009).

 

En s’appuyant sur ces travaux, ce colloque veut poursuivre et surtout élargir l’étude des récits de filiation contemporains par la prise en compte d’un plus vaste corpus d’œuvres, défini selon de nouveaux critères. Cinq ans après le numéro d’Études françaises dirigé par Laurent Demanze et Martine-Emmanuelle Lapointe sur les figures de l’héritier dans le roman contemporain, il apparaît nécessaire de réévaluer, à la lumière des parutions récentes, l’état des lieux produit alors. Au Québec, des romans comme L’Énigme du retour de Dany Laferrière (Boréal, 2009) et La Ballade d’Ali Baba de Catherine Mavrikakis (Héliotrope, 2014), de même que, en France, des romans comme Trois femmes puissantes de Marie Ndiaye (Gallimard, 2009) ou Ceux qui reviennent de Maryline Desbiolles (Seuil, 2014), semblent porter un regard renouvelé sur la filiation, qui s’éloigne de l’enquête pour décupler les ressources de la fiction. Ce que Dominique Viart a appelé « le silence des pères » (dans Demanze et Lapointe, 2009) devient dès lors un prétexte pour investir le passé par l’imaginaire, aux limites du fantastique, brouillant les frontières entre les temps, les espaces et les générations.

 

La fortune critique des travaux sur les récits de filiation contemporains a pu avoir pour effet de restreindre le genre à certaines œuvres qui ont contribué à le définir, mais qui n’en épuisent pas pour autant les possibilités et les enjeux. Les différentes études produites à ce jour sur les récits de filiation, de fait, portent sur des corpus qui tendent à se recouper, et qui demeurent relativement homogènes, renvoyant par exemple à une même génération d’écrivains, et rarement d’écrivaines par ailleurs, ou à des pratiques narratives similaires. Nous posons que la filiation et l’enjeu narratif qui lui est associé sont au cœur de plusieurs œuvres contemporaines que les études sur le récit de filiation n’ont pas encore considérées, et qui renouvellent pourtant significativement le genre.

 

Axes et thématiques

Cette proposition prend appui sur un numéro récent de Temps zéro, dirigé par Anne Martine Parent et Karin Schwerdtner, intitulé Lacunes et silences de la transmission (2012). Portant sur la figuration et la métaphorisation de l’échec de la transmission dans la littérature contemporaine, ce numéro proposait un élargissement de la notion de transmission, postulant que celle-ci se joue au-delà de l’espace générationnel, « autant dans l’espace du rêve et du fantasme que dans celui des mots et des écrits, tant dans les lectures et les rencontres […] que devant la caméra et sur la scène théâtrale ».

 

Ce colloque souhaite montrer comment, dans cet élargissement contemporain de la représentation de la transmission, la quête de filiation générationnelle est elle-même devenue l’objet de multiples métamorphoses et ouvertures, par le métissage culturel et esthétique et le dialogue établi entre les différentes pratiques narratives. Il s’agit de remettre en jeu les acquis des études sur les récits de filiation dans une approche pluridisciplinaire, permettant de comprendre les enjeux communs que soulèvent, dans l’exploration contemporaine de la filiation, les différentes formes d’éclatement des modalités narratives et des espaces de représentation.

 

Les communications de ce colloque s’appuieront ainsi sur la notion de récit de filiation pour prendre en compte différentes œuvres susceptibles d’en élargir et d’en redéfinir les contours, soit (la liste n’est pas exhaustive) :

  • qu’elles sont le fait d’une nouvelle génération d’écrivains ou plus spécifiquement d’écrivaines ;
  • qu’elles font intervenir conjointement d’autres questionnements contemporains tels l’exil et la migration ;
  • qu’elles intègrent le travail narratif à une autre pratique artistique telle le théâtre, la bande dessinée ou le cinéma.

 

Modalités pratiques

 

Les propositions de communication d’environ 300 mots, accompagnées d’une courte notice bio-bibliographique, sont à envoyer conjointement à Katerine Gosselin (katerine_gosselin@uqar.ca) et Thuy Aurélie Nguyen (thuyaurelie.nguyen@uqar.ca) avant le 6 février 2015. Les auteur-e-s seront informé-e-s de la décision du comité organisateur le 20 février 2015.

 

À noter. L’inscription au congrès de l’ACFAS est obligatoire pour tous les conférenciers (www.acfas.ca/evenements/congres). Aucun remboursement des frais n’est prévu pour le moment.