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Traduction: médiation, manipulation, pouvoir

Traduction: médiation, manipulation, pouvoir

Publié le par Marielle Macé (Source : Sébastien Côté)

Traduction: médiation, manipulation, pouvoir
n°3, automne 2003


«Gilt eine Übersetzung den Lesern, die das Original nicht verstehen?»
Walter Benjamin


Si létude de la traduction suscite autant dintérêt, non seulement dans le domaine de la traductologie, mais aussi en philosophie et en études littéraires, cest sans doute parce que les enjeux de cette pratique dépassent largement lopération de transfert dune langue à une autre. Souvent lieu de manipulations lourdes de conséquences, la traduction est avant tout une médiation entre lauteur et le lecteur imaginé de la langue cible. Alors même que lon croit saisir le style dun écrivain, avec ses qualités et ses tics, cest plutôt la voix du traducteur quon entend. Cest lui qui sert de passeur entre deux réalités linguistiques, qui occupe le double rôle autoritaire dintermédiaire et de premier interprète. Aussi devons-nous considérer la traduction, à la suite de Berman, comme une branche essentielle de lherméneutique. Se réclamant de Schleiermacher et de Heidegger, il écrira presque polémiquement: «la traduction est traduction de-la-lettre, du texte en tant qu'il est lettre. Que cela soit l'essence ultime et définitive de la traduction, s'éclairera peu à peu». Dans cette optique, toute traduction qui ne s'occuperait que du transfert du sens (linessentiel, selon Benjamin), plutôt que de préserver la lettre dans toute son iconicité (ou sa signifiance, selon Meschonnic), serait une traduction ethnocentrique, une atteinte à lAutre du texte. Cela dit, comment passe-t-on de la théorie à la pratique?


Pour son troisième numéro, Post-Scriptum.ORG vous propose de réfléchir aux enjeux de la traduction comme pratique discursive et herméneutique, que ce soit dans le domaine du textuel ou du visuel. Quels sont les mécanismes de contrôle (et les relations de pouvoir) à luvre dans les coulisses du monde éditorial ou pourquoi plusieurs romans canadiens-anglais
reviennent-ils de Paris complètement défigurés? Comment se fait-il quune traduction de Cervantès ou Dostoïevski se démode rapidement, alors que le texte original porte seul le fardeau de son inscription historique? Étant donné les contraintes imposées par limage et le
rythme, quel est le statut du doublage et du sous-titrage au cinéma? Quel rôle joue lexpérience du temps (ou la distance) dans la pratique de la traduction? Pourquoi éprouve-t-on encore le besoin de retraduire Kafka en français? Est-ce là loccasion de réparer certaines erreurs du passé ou un moyen subtil de jouer à lherméneute de manière détournée et dimposer son point de vue sur Kafka dans la traduction même?


Dates de tombée: 1er juin (proposition dune page); 1er septembre (article final de 4500 mots)


Responsable: Sébastien Côté, rédacteur adjoint, sebastien.cote.2@umontreal.ca