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Appels à contributions
Traduction, adaptation, transposition

Traduction, adaptation, transposition

DE LA TRADUCTION A LA TRANSPOSITION

dans les arts et sciences humaines contemporaines

Colloque de Montpellier (15-17 mai 2008)

APPEL À CONTRIBUTIONS


L'élargissement de la Communauté européenne et la mondialisation ont rendu les frontières nationales très floues, poreuses non seulement aux échanges économiques, mais aussi à la circulation des « biens culturels » (littérature, cinéma, arts plastiques), des recherches scientifiques, des adaptations du Droit et des institutions communautaires. Jamais le nombre de documents auquel peut avoir accès le public du XXIe siècle n'a été aussi important, dans tous ces domaines. Mais par un curieux paradoxe, jamais ce même public n'aura été aussi démuni face à cette offre immense, car la diversification de l'apprentissage des langues étrangères n'a pas suivi. Il semble loin le temps où un Ministre français de l'Education Nationale pouvait recommander l'apprentissage actif de deux langues étrangères et l'apprentissage passif d'une troisième. En fait, la mondialisation n'a entraîné que l'apprentissage, souvent superficiel, d'une langue véhiculaire : l'anglais, suivi éventuellement de l'espagnol.

Jamais par conséquent la demande en traducteurs et interprètes n'a été aussi grande. La somme énorme dépensée par l'Europe pour traduire les différents actes communautaires dans les différentes langues nationales de ses membres en est une preuve éclatante.

L'éparpillement des publics d'accueil et de leur demande, les intérêts financiers des maisons d'édition, des entreprises cinématographiques entraînent cependant des formes différentes de transfert d'un document original : traduction, adaptation, transposition.

L'objectif de ce Colloque, qui se concentrera sur l'espace franco-allemand, sera tout d'abord de définir exactement ces termes, employés bien souvent l'un pour l'autre, et de répondre aux multiples questions que soulèvent ces différents types de transfert.

LA TRADUCTION

Elle peut être pratiquée le plus souvent de façon interlinguistique, mais peut dans certains cas l'être de façon intralinguistique (ce dernier point ne sera pas examiné ici). Elle doit se situer dans un même domaine sémiotique : le langage, en général à partir de son support texte. Un seul autre domaine s'y prête également: le dialogue cinématographique, sous forme de sous-titrage ou de doublage, très différent de la technique de l'interprétation.

Nous devrons avoir présent à l'esprit le fait que les textes sources peuvent être très différents : textes rédigés par les institutions communautaires européennes, textes électroniques du web, textes spécialisés, oeuvres littéraires avec un spectre très large. Cette multiplicité des objets de traduction entraîne naturellement des visées de traduction différentes (de la presque littéralité à une très grande liberté), sur lesquelles nous aurons à nous interroger. Ceci relève du travail du traducteur et des réflexions des traductologues. Mais d'autres questions, qui dépassent le rôle du traducteur, peuvent également se poser : les lacunes de traductions dans l'ensemble d'une oeuvre traduite, la chronologie éditoriale différente entre originaux et traductions,les retraductions, le choix des oeuvres à traduire. A quels niveaux et par quelles instances ?

L'ADAPTATION


« Traduction très libre comportant des modifications nombreuses qui mettent [l'oeuvre] au goût du jour » (Le Petit Robert). A cette définition trop générale et qui joue trop sur l'intralinguistique, nous préfèrerons celle de J. Redouane, dans TradGloss : « Procédé de traduction qui substitue une autre réalité culturelle à celle de la langue source lorsque le récepteur risque de ne pas reconnaître [identifier] la référence. » Dans nombre de cas, nous assistons alors au passage du processus de traduction à un processus de véritable réécriture/recréation. Jusqu'où peut aller l'adaptation (structures narratives, noms propres, fiction…) ? Comment le traducteur-adaptateur est-il amené à trouver des équivalents culturels ? L'adaptation peut être, dans un sens restreint, conçue comme intrasémiotique et intra-ou intergénérique. Mais elle peut aller jusqu'à la création d'une autre oeuvre à partir d'un original, au niveau intersémiotique par exemple. On peut également envisager à ce titre les mises en scène au théâtre, qui peuvent être considérées comme des re-créations. Cela entraîne des types de réception très différents et complexes chez le public cible. De même, les relations entre l'original et son adaptation devront être soigneusement analysées.

LA TRANSPOSITION


Elle peut sembler assez proche de l'adaptation, à tel point que l'on peut entendre ou lire : adaptation musicale de telle oeuvre littéraire… sans être particulièrement gêné. Et pourtant, pour B. Tane, c'est plutôt la tâche de la transposition : « La transposition permet de passer d'un contexte, d'un domaine ou d'un niveau à un autre. […] la transposition est toujours suspecte, comme la transgression, car elle se doit de modifier de façon cohérente tous les éléments d'un ensemble et, au pire, par les libertés qu'elle prend avec cette cohérence, mais surtout par la volonté fondamentale dont elle procède, elle serait déformatrice, comme la transformation ».L'adaptation ne semble donc pas pouvoir se faire entre deux domaines sémiotiques n'ayant pratiquement plus rien en commun .Ce qui la rend possible entre texte et film est le langage, qu'ils utilisent en partie en commun et qui accompagne l'image. Autrement, le terme de transposition s'impose : transposition picturale, musicale, architecturale. Dans ces derniers exemples, nous rencontrons souvent les transpositions de mythes littéraires. Comment apprécier la plus ou moins grande proximité, ou la distance, entre deux domaines intersémiotiques ? Comment définir les enjeux d'une « esthétique de la réception » de l'objet source ?
Mais si la transposition est très présente dans le domaine artistique elle n'est pas absente d'autres domaines, notamment du domaine juridique et institutionnel : peut-on par exemple considérer les institutions communautaires comme une création ex nihilo, une adaptation ou une transposition d'institutions nationales ?

Telles sont quelques-unes des questions que pose ce glissement progressif d'un procédé de passage ou de transfert à un autre, dans un monde écartelé entre ses valeurs nationales et une mondialisation pressante, questions auxquelles notre colloque pluri-et transdisciplinaire devrait permettre d'apporter un début de réponse.

Comme indiqué dans l'en-tête, ce colloque organisé par l'Équipe d'Accueil 4151 se déroulera à l'Université Paul-Valéry du 15 au 17 mai 2008.

Propositions (titre et petit résumé) à envoyer au comité scientifique avant le 31 octobre 2007, aux adresses suivantes:

Adresse d'envois :
Roger Sauter,
139 Avenue Maréchal de Saxe
69003 LYON
rogersauter@wanadoo.fr

ou, également :
Maurice.Gode@univ-montp3.fr
joern.c.albrecht@web.de
schreibm@uni-mainz.de

Comité Scientifique: Maurice Godé (Pr. à Montpellier 3), Roger Sauter (Pr. à Montpellier 3), Barbara Kaltz (Pr. à Aix), Jörn Albrecht (Pr. à Heidelberg), Michael Schreiber (Pr. à Mayence/Germersheim)





  • Responsable :
    Roger Sauter
  • Adresse :
    Université Montpellier 3