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Tours et détours

Tours et détours

Publié le par Julia Peslier (Source : Pierre Hyppolite)



SOCIÉTÉ FRANçAISE DES ARCHITECTES

UNIVERSITÉ PARIS VIII, UNIVERSITÉ DE LIMOGES

COLLOQUE INTERNATIONAL


TOURS ET DÉTOURS


Paris, 17/18/19 janvier 2008


Ce colloque fait suite au colloque La ruine et le geste architectural organisé par la Société Française des Architectes en 2007. Il souhaite en prolonger la réflexion en s'intéressant à l'objet architectural de la tour, à sa forme historique et symbolique, à son rôle dans l'urbanité contemporaine et à ses différentes représentations littéraires et artistiques. Trois axes d'études sont proposés :


Verticalité, horizontalité, monumentalité


La tour célèbre le geste architectural dans son édification. Ce monument, présent dès la tradition biblique avec la tour de Babel, est devenu un haut lieu du tourisme, la tour de Pise ou la tour de Londres, et possède une forte valeur mythique, symbolique et esthétique. On s'intéressera à l'évolution de ce mythe et de ses symboles. Les tours classiques, modernes et postmodernes, carrées, ovales, torsadées, dématérialisées, témoignent du renouvellement incessant des formes. La tour, longtemps plus large que haute, rivalise désormais de hauteur et définit l'esprit de la ville contemporaine dans une surenchère souvent vertigineuse. Ce bâtiment possède par ailleurs une valeur ethnographique particulière. Dans Delirious New-York, Rem Koolhass évoque les gratte-ciel de Manhattan comme autant de phares marquant l'entrée de ports inexistants, imaginaires. Les diverses utopies architecturales et urbaines se sont nourries de cette figure de proue de l'architecture contemporaine. Après les opérations de construction horizontales sous forme de barres, de murailles, ou de lanières censées favoriser les relations sociales, la verticalité devient le symbole d'un urbanisme conquérant. Les tours balisent le skyline des grandes métropoles. La tour suscite concours, projets, défis, polémiques, rejets, désirs de destruction. Sa dimension sociale et symbolique s'ouvre sur l'espace dans une verticalité évidemment phallique mais aussi métaphysique. Les tours Petronas à Kuala Lumpur (450 m.) dessinent ainsi une porte ouverte sur le ciel.


Tours, contours et détours


La tour explore les formes architectoniques aux limites du possible mettant à l'épreuve le savoir-faire architectural. Le projet de la Tour Sans Fins (Jean Nouvel), la Tour Phare (Thom Mayne, 300m.), la tour de Taipei 101 (508m.), le Burj Dubaï (800m.), la Jin Mao Tower de Shanghai constituent autant d'exemples qui défient les lois de l'équilibre. La tour est un des lieux d'expérimentation de la technique et de la technologie post-industrielle : verre transparent, réfléchissant, corps rectangulaire, lignes courbes, asymétrie, franges verticales ou horizontales, jeux des volumes intérieurs et extérieurs, architecture bionique, techniques de l'immatérialité lui donnant une qualité de peau nouvelle. Les contours de la tour ne cessent de changer, de se contorsionner. La Turning Torso à Malmö, en Suède, se modèle sur les torsions du dos. L'ensemble hélicoïdal de Canton s'inspire des structures de l'ADN. Le gratte-ciel met en question sa propre rectitude. Rem Koolhass ouvre son projet de tour à La Défense par de grands tiroirs en porte-à-faux, situés à plus de 200 mètres de haut. Les tours elliptiques ou horizontales préfigurent la déconstruction de la forme rectiligne et monolithique. Esplanades, espaces inférieurs ouverts se développent aux pieds des tours et définissent un nouveau mode d'habitat urbain. Ce mouvement de reterritorialisation manifeste l'évolution du rôle social de l'architecture et la redéfinition des rapports entre l'espace physique et l'espace intérieur. Il induit de nouvelles formes d'urbanité et d'habiter. La tour permet d'appréhender les mutations sociologiques et culturelles de l'espace. Elle invite à réfléchir sur ce qu'est l'architecture, sur la fascination qu'elle exerce et sur les utopies actuelles.


Imaginaire, poétique et esthétique de la tour


Quelle place occupe ce monument dans notre imaginaire ? La tour apparaît dès le moyen âge comme le support de fictions littéraires et artistiques explorant son architecture extérieure, intérieure, ses profondeurs ou son environnement. L'évolution paradigmatique de cet objet imaginaire dans l'art classique et l'art moderne est à étudier. Les schémas d'Antonio Gaudi de l'Hotel attraction (1908), les peintures de Giorgio De Chirico (1913), les tableaux cubistes expriment le renouveau du motif artistique de la tour au début du XXe siècle. Murs peints, murs d'images, murs de lumière, performances in situ, manifestent la diversité des pratiques esthétiques qu'elle suggère. La tour, réelle ou imaginaire, devient un métalangage pour les artistes contemporains. Elle est également un élément sculptural intéressant (Anselm Kiefer, Monumenta). La littérature très contemporaine, celle de Oliver Rolin, Jean Echenoz, François Bon ou Hélène Cixous, reformule la question de notre rapport ontologique avec la tour, son histoire, son rôle social dans la géographie symbolique et urbaine. Le cinéma utilise abondamment ses potentialités dramatiques et émotionnelles. La tour de Métropolis de Fritz Lang (1926), celle de King Kong de C. Cooper et Ernest B. Schoedsack (1933), les tours enflammées du Cinquième élément de Luc Besson (1997) ou Piège de cristal de John Mc Tiernan, l'effondrement en direct des Twin Towers imprègnent notre imaginaire de la tour. Il s'agira donc de saisir à travers la diversité de ces pratiques esthétiques, la multiplicité des formes, des réalisations et des représentations de cet objet architectural singulier.

Le colloque se tiendra au siège de la Société Française des Architectes, 247, rue Saint-Jacques, 75005 Paris. Les projets de contribution (une page environ) sont à envoyer par courriel avant le 30/10/2007 à pierre.hyppolite@wanadoo.fr ou à P. Hyppolite, 24, rue des Fossés Saint-Jacques 75005 Paris. Ils seront examinés par le comité scientifique organisateur du colloque composé de Laurent Salomon (Président de la Société Française des Architectes), Antoine Leygonie (Architecte DPLG, Université Paris VIII), Pierre Hyppolite (coordinateur scientifique, Université de Limoges, Groupe de Recherche, Architecture, Art et littérature).