Th. Belleguic et A. Vasak (dir.), Ordre et désordre du monde. Enquête sur les météores, de la Renaissance à l'âge moderne

Référence bibliographique : Thierry Belleguic et Anouchka Vasak (dir.), Ordre et désordre du monde. Enquête sur les météores, de la Renaissance à l'âge moderne, Hermann, collection "MétéoS", 2013. EAN13 : 9782705687014.

Instable, imprévisible, le météore hante les savoirs et les représentations en Occident depuis l’Antiquité. Chez Aristote, la notion de météore désignait les phénomènes aériens (vents, trombes, etc.), aqueux (rosée, brouillard, pluie, neige, etc.), lumineux (arcs-en-ciel, aurores boréales, etc.) et enflammés (tonnerre, tremblements de terre, feux-follets, etc.) « suspendus » entre la surface du sol et la limite inférieure des espaces célestes. L’usage de ces catégories perdurera jusqu’à l’âge moderne, où il coexistera avec des formes et des configurations conceptuelles inédites.

Il n’empêche que l’époque moderne, pas plus que l’Antiquité, n’a de véritable savoir du météore. Ainsi la figure du météore a-t-elle cristallisé, sur une très longue période, les interrogations et les inquiétudes liées aux désordres du monde. En ce sens, on peut considérer le « météore » comme une figure privilégiée investie de préoccupations concernant la singularité du contingent et l’imprévisibilité de l’aléatoire dans des domaines aussi divers que la science, la religion, la politique et les arts. Le présent ouvrage se propose d’appréhender collectivement le météore comme modèle qu’ont investi les savoirs et les représentations de l’époque renaissante aux Lumières, d’étudier les formes diverses qu’il a pu revêtir, de mettre au jour les contextes qui les ont vu surgir et d’en expliciter les enjeux.

 

Table des matières

 

AVANT-PROPOS, par Thierry Belleguic

INTRODUCTION, par Anouchka Vasak et Thierry Belleguic : « Météore » : brève enquête sur le mot et la chose

 

FILIATIONS RENAISSANTES

• Les Météorologiques d’Aristote à la Renaissance : la paraphrase de Jacques Lefèvre d’Etaples et le commentaire de Cochlaeus, par Jean Céard
• La description des « poutres » atmosphériques dans le Meteorum de Pontano, par John Nassichuk
• Historiographie, astrologie, littérature au xv^e siècle : le passage des comètes chez les Grands Rhétoriqueurs bourguignons, par Estelle Doudet
• La comète de 1532 lue par Paracelse, par Jean-Michel Rietsch
• « De l’orage civil forcenant par la guerre » : les météores dans la poésie scientifique de Jean-Antoine de Baïf et d’Isaac Habert, par Claude La Charité
• Du probable à la foi : les météores dans les Histoires prodigieuses, par Mathilde Régent

 

PERSPECTIVES CARTÉSIENNES

• Descartes ou comment transformer l’imaginaire du météore en imaginable et en concevable, par Véronique Le Ru
• Descartes et l’arc-en-ciel, par Anne Staquet
• La mathématisation des météores aqueux d’après le dispositif cartésien de l’arc-en-ciel, par Jean Dhombres

 

AMBIGUÏTÉS CLASSIQUES

• Déterminisme et causalité, par Jean-Pierre Cléro
• L’éternisation du météore dans le Sisteme des cieux et des éléments de Saint-Martin, par Philippe Chométy
• Quelques exemples de météores dans l’exégèse biblique de dom Calmet, par Gilles Banderier
• Une rhétorique de la superstition : La Comète de Fontenelle (1681), par Julie Boch

 

LUMIÈRES ET OMBRES

• Petite herméneutique des météores, par Catherine Chomarat
• Poétique de l’aurore boréale au temps de Maupertuis, par Florence Boulerie
• Un météore inédit : les brouillards secs de 1783, par David MacCallam
• Dégâts sur les plantes, des météores aux manufactures. De la rosée de miel (Stanhuf, 1758) aux gaz vénéneux (Candolle, 1832), par Gilles Denis
• Lignes, couleurs et mots des météores, par Madeleine Pinault-Sorensen
• Les réorientations du terme « météore » à la fin des Lumières : une polysémie en devenir, par Jean-Jacques Tatin-Gourier

 

DEVENIRS, par Philippe Mustière

La science et l’imaginaire des météores, revus et corrigés par les romantiques du xix^e siècle, puis par Jules Verne et Camille Flammarion

 

CONCLUSION

Les Lumières et la naissance de la réflexion sur le changement climatique, par René Favier