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Théâtre et fantatique (Otrante)

Théâtre et fantatique (Otrante)

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Amos FERGOMBE)

OTRANTE

ART ET LITTÉRATURE FANTASTIQUES

OTRANTE, fondée à l'E.N.S. de Fontenay-aux-Roses et désormais publiée par l'éditeur Kimé, est une revue bi-annuelle qui, dans un esprit pluridisciplinaire, souhaite accueillir aussi bien des réflexions sur la littérature ou sur l'image fantastique, peinture, photographie, bande dessinée, que des créations, fictions, illustrations, le plus souvent inédites. En revue ouverte à toutes les tendances de l'art et de la littérature fantastiques, Otrante sollicite des discours provenant d'horizons divers, tente de rendre compte de l'évolution des études sur le fantastique tout en la nourrissant de regards différents, d'approches neuves.
C'EST PARCE QUE L'IMAGE SOMBRE ET MASSIVE DU CHATEAU D'OTRANTE FIGURE UN TEL LABYRINTHE DE QUESTIONS QUE NOUS NOUS SOMMES PLACES SOUS SON PATRONAGE FANTASTIQUE.


APPEL A COMMUNICATION

n°17 (printemps 2005) : THEÂTRE FANTASTIQUE

SOUS LA DIRECTION D'AMOS FERGOMBE & ARNAUD HUFTIER



L'histoire du théâtre et les différentes élaborations théoriques d'une « théâtrologie » accordent peu de place au « fantastique ». Il semble même que pour les spécialistes de la scène tout discours sur le « genre » dit fantastique soit proscrit. On assiste dès lors à une tentative de « naturalisation », où d'autres étiquettes s'imposent, tels « féerie » ou « théâtre de la peur », mais qui peinent toutefois à dessiner des frontières fermes et définitives.
Parallèlement, les recherches consacrées au fantastique littéraire abordent le théâtre sous un angle uniquement textuel, oubliant que le théâtre trouve sa réalisation dans un espace scénique. Souvent, on n'accorde d'ailleurs d'attention qu'aux adaptations théâtrales de textes littéraires, pour voir essentiellement les modulations des dialogues et l'arrangement de l'action. On assiste dès lors à un phénomène de « dénaturation », où les effets recherchés recouperaient ceux de textes dits canoniques.

Loin de se contenter de cette bipolarisation où s'imposent la naturalisation et la dénaturation, il nous semble nécessaire d'envisager un centre placé sous l'ambitieux syntagme de « théâtre fantastique ».
Partant du principe d'une impossibilité de conceptualisation théorique si la précellence est donnée à l'un ou l'autre « genre » (théâtre vs. fantastique), Otrante, après avoir déjà exploré le domaine cerné sous l'étiquette de « Fantastique et bande dessinée » (n°13, avril 2003, sous la direction de Jean-Paul Gabillet & Jan Baetens), entend ainsi cartographier un territoire qui pour l'instant n'avait pas de nom ni véritablement de localisation.
Les questions liminaires, qui définissent l'état d'esprit adopté pour ce volume, se formulent aisément, sans que pour autant on ne puisse y répondre de manière non circonstanciée : peut-on parler de « théâtre fantastique » ? Comment peut-on en définir certaines modalités ? Peut-on en dessiner une histoire « souterraine » ?
Ces précautions méthodologiques prises, il nous apparaît par conséquent périlleux d'imposer un cadre de lecture préétabli, tout au plus pouvons-nous avancer, pour incitation heuristique, quelques points d'achoppement.
On partira ici d'une approche minimale du sentiment de fantastique, qui instaure et rend compte d'un type particulier de rapport de l'être au monde. Les artefacts dits fantastiques construisent alors, pour les explorer, diverses modalités de ce rapport. Ils rendent compte de l'affleurement, dans le monde du quotidien représenté, d'un aspect informulable conceptuellement, ou d'un infigurable. L'un de ses effets est souvent, pour le lecteur ou le spectateur, une sensation de manque ou d'excès engendrant malaise, terreur ou horreur, ainsi qu'une certaine jouissance qui en résulte.
Par rapport à quoi, comment par exemple créer des effets de fantastique particuliers et une mise en crise de la réalité par une construction théâtrale qui s'appréhende dans un rapport au présent, celui des corps, acteurs et spectateurs ? Comment le théâtre parvient-il à créer une distorsion du temps et de l'espace et générer par là une sensation de perte ? Comment gérer ensuite la dé-réalisation des corps ou le rôle actif des autres composantes scéniques ? Se situerait-on uniquement du côté de la monstration et de l'hypervisibilité, ou ne peut-on pas voir à la scène des effets de fantastique basés sur l'ambiguïté ? Et comment sont alors mis en scène certains des « thèmes » privilégiés du fantastique, que cela soit le mort-vivant ou le double ?
Ce ne sont ici que quelques pistes, et il conviendra en outre d'accorder une attention privilégiée au spectateur, et de distinguer les sentiments en jeu, de l'horreur à la terreur, de l'angoisse à la névrose, de même qu'il apparaît nécessaire de sonder plus précisément certains points historiques, que cela soit le mélodrame noir ou le théâtre de la peur d'André de Lorde et sa réception actuelle aux Etats-Unis.


Les projets d'articles (1 500 signes) peuvent être soumis à Amos Fergombé (fergombe@club-internet.fr) ou Arnaud Huftier (ahuftier@univ-valenciennes.fr). Après approbation du comité de lecture de la revue, l'auteur remettra un texte d'une longueur moyenne de 30 000 signes, des illustrations étant évidemment souhaitées.