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The Balzac Review/Revue Balzac, n° 3, 2020 :

The Balzac Review/Revue Balzac, n° 3, 2020 : "Le corps"

Publié le par Marc Escola (Source : Jacques-David Ebguy)

The Balzac Review/Revue Balzac, n° 3/2020

« Le corps »

Sous la direction de Aude Déruelle

Varia

 

Appel à contributions

« Prenez un personnage de Stendhal : c’est une machine intellectuelle et passionnelle parfaitement montée. Prenez un personnage de Balzac : c’est un homme en chair et en os, avec son vêtement et l’air qui l’enveloppe. Où est la création la plus complète, où est la vie ? Chez Balzac, évidemment ». Car Balzac a deviné « qu’il n’y a pas seulement un cerveau dans l’homme » : « Si vous retranchez le corps, si vous ne tenez pas compte de la physiologie, vous n’êtes plus même dans la vérité, car sans descendre dans les problèmes philosophiques, il est certain que tous les organes ont un écho profond dans le cerveau, et que leur jeu, plus ou moins bien réglé, régularise ou détraque la pensée ». Zola a raison d’insister sur cette nouveauté radicale du roman de Balzac : le corps est ce point d’articulation entre une poétique du personnage, une philosophie matérialiste et une écriture du détail. La critique balzacienne est souvent revenue sur la « Muse physiologique » (Physiologie du mariage) de la Comédie humaine qui passe par une physiognomonie herméneutique des signes et des indices (par exemple, chez le père Grandet, la « loupe veinée » et les « protubérances significatives » du front ou chez Lucien de Rubempré, les « hanches conformées comme celles d’une femme […] indice rarement trompeur »), avec les effets de concordance, souvent sous la forme d’une fausse discrépance ironique d’ailleurs, entre le physique et le caractère. L’évolution est à cet égard sensible, avec le passage de cette lecture analytique du corps, dans une perspective physiologique, à une vision pathologique du corps comme lieu de pulsions irrépressibles (les derniers romans mettent un scène un érotomane, Hulot, un gourmand invétéré, Pons, et une hystérique, Vanda), selon une approche nettement plus déterministe. Au-delà de ces plis et replis herméneutiques, ce que l’on a pu appeler la lourdeur (tant critiquée) du texte balzacien tient peut-être aussi à cette inscription des corps dans des récits qui refusent le romanesque de l’idéal diaphane et éthéré.

Voici quelques pistes, non exclusives, de réflexion :

- l’approche balzacienne du couple âme vs corps, antagonisme dont Hugo avait fait le nœud du drame, le dernier âge esthétique – voir par exemple Séraphîta, qui « corporise » le système de Swedenborg ou, entre le spirituel et le corporel, le motif récurrent du « fluide vital », que l’on économise ou dépense

- l’articulation entre le pictural et le physiognomonique dans le portrait balzacien (voir les travaux de R. Borderie) – « Il préférait la physionomie à la beauté. Dans ses portraits de femme, il ne manque jamais de mettre un signe, un pli, une ride, une plaque rose, un coin attendri et fatigué, une veine trop apparente, quelque détail indiquant les meurtrissures de la vie, qu’un poète, traçant la même image, eût à coup sûr supprimé, à tort sans doute » (Gautier)

- le corps comme lieu scientifique du texte balzacien – vision clinique, volontiers anatomique (le fameux « scalpel ») du corps ; discours sur la chimie des corps ou le magnétisme animal.

- le corps dans l’espace et dans le temps : la mobilité des corps et son lien avec la diégèse – de la « démarche », digne d’être théorisée, aux déplacements, le corps balzacien est toujours saisi en mouvement, inscrit dans un monde physique avec des contraintes mises au service de l’intrigue ; l’inscription d’une temporalité dans les corps (usés, fatigués, vieillis), qui peut être d’ordre historique (la blessure de Chabert)

- le corps comme entrée sur les registres balzaciens – du comique rabelaisien des Contes drolatiques qui passe par le scatologique et l’érotique au frénétique des Contes bruns et de La Peau de chagrin

- le lien entre corps individuel et corps social – selon des modalités par exemple métonymiques (les visages blafards de la population parisienne dans La Fille aux yeux d’or qui témoignent des mécanismes sociaux de la capitale) ou allégoriques (le fameux rêve de Marat), en une nauséographie de la société contemporaine.

Les propositions (dossier thématique ou Varia) devront être envoyées aux deux adresses suivantes :

aude.deruelle@wanadoo.fr

thebalzacreview@gmail.com

avant le 30 novembre 2018.

Les articles (35.000 signes maximum, espaces compris) seront à envoyer avant le 1er septembre 2019. Ils devront être accompagnés d’un résumé en français (500 signes maximum, espaces compris) et de 5 mots-clés.